Attention SCOOP : Night Beats vient de sortir un disque de (roulement de tambours) garage-rock sixties… Ca fait du bien de revoir Danny-Lee au top physiquement mais c’est ultra chiant aussi. Retour sur trois années en enfer, avec une lumière divine au bout du tunnel.

Rembobinons un peu cette histoire. Nous sommes le 31 mai 2018 et Night Beats joue encore ses vieux morceaux issus de l’excellent « Who Sold My Generation » paru deux ans plus tôt, pour la 1000e fois. Le set est (trop) essoufflé, Danny-Lee Blackwell aussi, lâché peu de temps avant par ses « bros » de toujours James Traeger et Jakob Bowden, et empêtré dans des problèmes personnels de drogue. On ne reconnaît absolument plus la machine de guerre garage qui détruisait le « Paris Psych’ Fest » en 2016 avec une violence absolue digne de l’ouragan Katrina. Pire, Danny semble ce soir de printemps à La Sirène de La Rochelle terriblement seul, et complètement à l’ouest : tremblant comme un mec en descente de cocaïne, il a les yeux dans le vide et respire l’angoisse, la faute à la drogue et à ce set épuisé jusqu’à la moelle qu’il n’a plus la force de jouer, encore moins sans ses vieux potos qui l’ont abandonné au bord de la route. Dernier survivant d’un groupe dont il est maintenant le seul maître à bord, il essaye tant bien que mal de faire des signes à ses nouveaux musiciens recrutés à la vite, qui l’ignorent royalement. La scène est presque pitoyable, c’est triste à voir : le groupe est en train de mourir définitivement, devant des spectateurs médusés. Heureusement pour eux, ils n’ont pas payé leur place pour rien, Ty Segall assurant ensuite l’un des meilleurs shows de sa carrière avec son « Freedom Band », une tournée 2018 légendaire qui fera l’objet d’un disque « Deforming Lobes » à écouter d’urgence si vous voulez avoir une idée de la forme physique du génie californien à cette époque. Pendant que le roi Ty est au sommet de son art, ses kids de Night Beats coulent au fin fond de l’océan Atlantique.

 

« Myth Of A Man » : un disque raté… 

Marqué au fer rouge par cette dernière tournée catastrophique, Danny ne jette pas l’éponge pour autant, ce mec a de la gueule, et un putain de cran. Il retourne aussitôt en studio, il faut enregistrer quelque chose de nouveau, et vite. Plutôt très bien inspiré, il décide même de délaisser le garage-rock sixties qui l’a fait reconnaître avec trois très bons premiers disques sortis en 2011, 2013 et 2016, histoire de prendre un nouveau départ, un vrai. On parle d’inspirations soul et fifties, d’Aretha Franklin et d’Elvis..  Malheureusement, ce saut dans le vide est un échec total: le gentleman texan se plante totalement avec « Myth Of a Man » qui paraît courant 2019. En essayant de tenter un truc différent, ce qui était pourtant une chic idée, il sort un disque catastrophique. Les chansons s’enchaînent comme des épisodes de Plus belle la vie, toutes aussi chiantes les unes que les autres, avec cette sale impression que la musique rentre par l’oreille gauche et sort aussitôt par la droite, sans avoir à aucun moment atteint le cerveau, encore moins les tripes. Triste ironie de l’histoire, la seule chanson à peu près potable du disque s’appelle (Am I) Wasting my Time : bien vu mec.

 

Le pire est atteint avec Her Cold Cold Heart, Let Me Guess et I Wonder, trois énormes daubes qui nous rappellent les pitoyables Growlers et leur horrible version réchauffée et moisie du psyché. Non Danny-Lee, pitié pas ça… L’écoute ressemble à un long chemin de croix, je suis obligé de couper le morceau avant la fin, un peu plus et je prenais un cacheton d’anxiolytique. On retrouve un semblant de vie sur Eyes On Me, et quelques bribes de chansons nous rappellent que ce mec est normalement un putain de bon guitariste, mais rien de ouf non plus.. On termine le disque exactement comme on l’a commencé, dans un état de léthargie profond, avec la très mal nommée Too Young To Pray : non mec n’attends surtout pas d’être vieux pour prier, tu ferais bien d’y aller tout de suite et d’arrêter la drogue aussi, si tu veux retrouver la lumière.

Comme le dit le proverbe, quand on tombe si bas, on ne peut que remonter… Il essaie alors de retrouver la lumière en retournant à la source de sa passion pour le rock : The Sonics. Encore raté.. Il choisit de reprendre « Boom » et pas « Here’s Are The Sonics », un choix original et courageux là-encore; mais ça reste un disque assez moyen des Sonics, facile de se planter donc, surtout quand on est pas en forme. Ce qui devait arrivait arriva, en juin 2019, il massacre totalement les cinq premières chansons, visiblement shooté au Xanax, et plus vraisemblablement encore pourri de l’intérieur par la drogue. Alors que je suis à deux doigts de lui couper définitivement le sifflet et de passer pour de bon à autre chose, je suis subitement réveillé par « Jenny Jenny » où notre homme que je croyais mort et enterré retrouve (enfin) son mojo rock’n’roll, avant une saignante reprise du « Louie Louie » inventé en 55 par Richard Berry, qui prouve une fois de plus que ce standard repris depuis 65 ans par toute la scène garage est un putain de chef-d’œuvre, capable de tout, même de réveiller des zombies. Un miracle divin intervient ensuite : en reprenant la sublime ballade des Sonics Since I Fell For U, Danny fait étalage de son exceptionnelle voix de crooner, ici posée sur un beat langoureux, façon Blue Moon d’Elvis: le kif total. Sa flèche avait raté sa cible quelques mois auparavant, elle a enfin atteint le king Presley, et en plein cœur cette-fois.  Il retombe dans ses travers à la fin du disque en maltraitant le Hitch Hike velvetien et génial des Sonics, avant de finir avec une interprétation plus que solide de Shot Your Down et ses paroles d’époque « Hey Little Girl, Don’t You Like The Things I Do ?» qui raisonnent d’une façon étrangement nouvelle aujourd’hui, après les révélations scabreuses sur Burger Records et son idéologie centrée autour du fantasme de la teenage-girl qui causa (en partie) son auto-destruction. Si Danny-Lee joue encore au yo-yo sur ce disque hommage au Sonics, il semble néanmoins en meilleure forme.

Une pépite country, un autre retour dans le passé

Après deux disques très moyens dont un complètement raté, la cure de jouvence a base de Sonics a manifestement fait du bien à notre ami texan, de retour sur la voie rapide après s’être égaré dans plusieurs allées sans issues. Il est prêt à repartir au combat et à tester à nouveau autre chose que le garage, il est lucide, probablement grâce à l’arrêt de la drogue, et emprunte cette-fois ci la bonne route après le carrefour du diable : celle de la country, une autre forme de retour aux sources plus qu’évidente pour ce redneck originaire du Texas et biberonné à la southern music. Exactement comme les Black Lips ayant retrouvé l’inspiration début 2020 en puisant dans la plus pure tradition américaine après des années d’errance garage et de drogue, Night Beats retrouve enfin toute sa superbe après la catastrophe discale de 2019, grâce à la musique éternelle du pays de l’oncle Sam. La rédemption, la vraie, avec un sacré putain de chef-d’œuvre de ballade country de derrière les fagots jouée à 80 BPM, la déchirante That’s All You Got enregistrée avec son pote Robert Levon Been du BRMC à la fin de l’année 2020, qui vous enveloppe de toute sa chaleur sudiste avec cette instrumentation à la fois minimaliste et ultra efficace, ce son d’orgue électrique sixties absolument magique qui s’accroche à vous comme le Covid-19 et enfin cette interprétation de Blackwell, le clou du spectacle, ici totalement ressuscité en outlaw gentleman à chapeau blanc à la classe infinie, avec ses vocalises géniales de crooner country qui  font totalement brûler les entrailles.

Il ressort dans le même temps un excellent titre garage qui nous confirme qu’il est revenu au top’ avec ce Never Look Back où il crache sa joie de regarder enfin vers un avenir plus lumineux, tout en réutilisant ses vieilles recettes.. Après cet EP du come-back à deux bandes, deux choix s’offrent désormais à notre ami Blackwell: insister dans la country pour nous prouver définitivement à tous qu’il n’est pas bon qu’à faire du garage-rock, ou ressortir un énième disque de garage-rock. Malheureusement pour nous, c’est la deuxième solution qu’il choisit, celle du confort, de la facilité.. Bien loin d’être mauvais, cet EP trois-titres qui vient de paraître chez son label de toujours « Fuzz Club Records » nous fait par contre l’effet d’un sacré retour dans le passé, un de plus pour le groupe : ça sonne exactement, mais alors exactement comme leur disque de 2016, qui sonnait déjà lui-même comme un disque de 1966. Pire, ce mini-disque s’appelle « Revolution » et affiche un artwork psychédélique multicolore, encore plus passéiste que ses précédents albums garage-psyché, à tel point qu’on pourrait sérieusement croire à une réédition d’un disque de 1966.
Les éléments de cet artwork d’un autre temps, des croix catholiques orientées vers une porte de sortie elle-même projetée vers le cosmos, ainsi que le titre New Day laissent fortement à penser que Danny-Lee Blackwell envisage ce retour dans le passé comme un nouveau départ. Il est vrai qu’après plusieurs années d’errance, il retrouve ici son meilleur niveau : à croire qu’il ne serait bon qu’à faire du garage-rock sixties… Lui doit le penser très fort en tout cas, après la sortie de cet EP. De notre côté, après avoir entendu ses qualités exceptionnelles de crooner country et fifties sur plusieurs morceaux très récemment, on espère secrètement un grand disque de crooning country-rock de sa part : il vient du Texas, c’est un redneck pur souche, ce beau-gosse torturé et fort en gueule a ça dans le sang, on le sait. Alors Go go, go Johnny go go go !

Night Beats // Revolution EP // Fuzz Club Records

 

 

6 commentaires

  1. Votre article, plutôt pertinent sur les errances discographiques de Night Beats, n’en est pas moins incompréhensible et insultant. Incompréhensible, parce que vous vous acharnez à dénigrer le « vieux garage » de NB tout en reconnaissant que c’est précisément là qu’il excelle : Le split EP, premier maxi et les deux premiers albums. Manifestement ça ne vous suffit pas d’être bon dans son domaine de prédilection. il faudrait, idéologie progressiste oblige, toujours innover de manière opportuniste, voir obsessionnelle à la façon d’un Ty Segall ?
    Insultant aussi, car non content de manquer de respect au plus grand style musical de tous les temps, vous vous attaquez à ma deuxième plus grande passion après le rocknroll : la drogue. L’explication monocausale miracle aux saisons creuses des artistes.
    Ce n’est pas la faute des drogues si le Danny y part en couille, c’est la sienne, on y peut rien nous si il tient moins bien la C que Chirac ou Samy Nacerri

  2. Shame on Gonzai for publishing this trashy and confusing article. Does the writer not know what they’re talking about or are they too sociopathic to understand what they’re saying? « with an absolute violence worthy of Hurricane Katrina » or « hangs on to you like the Covid-19 » seems totally fine right now? Most disappointing, though – I can’t believe this passed the music editorial desk at all. The writer’s inconsistencies in his analysis of the NB, rambling and self-contradicting criticisms/praises of the work, and bizarre personal attacks on the artist and band’s journey seem desperate and childish, distracting readers from what we can actually expect from the new album and where the band has come from/where it’s going. What a waste of time

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