Quand on écoute la multitude de groupes de rock américains surfant sur la vague psychédélique, la ressemblance qu’il existe entre eux est à l’image de leur utilisation des pédales à effets : excessive. Rien de plus chiant que d’écouter une énième pâle copie des Black Angels ou du Brian Jonestown Massacre avec un mec qui joue du tambourin et qui porte des lunettes de soleil Ray-Ban de contrefaçon. Avons-nous atteint la limite du revival 60’s et de toute cette mouvance musicale au point de ne plus pouvoir espérer entendre quelque chose de nouveau ? Vous vous doutez bien qu’on ne s’embêterait pas à écrire un article sur Night Beats si la situation était si catastrophique que ça.

Originaires du Texas, à mi-chemin entre Dallas et Austin, le trio des Night Beats ont vite plié leurs fly-cases pour déménager à Seattle ; sans doute car ils n’aimaient pas la série télé mais surtout pour s’éloigner du microcosme psychédélique texan afin de mieux se faire remarquer dans le nord du pays, là où la concurrence est moins rude. Et ça a payé. Un premier album sorti en 2011, des tournées avec les Black Lips et les Growlers, un second disque qui a fait son petit effet sur le label des Black Angels et voilà que tous les festivals de hippies du monde se les arrachent. Ils reviennent en ce début d’année en ayant embarqué sur leur route le bassiste de Black Rebel Motorcycle Club pour leur troisième album, « Who Sold My Generation », qui va très certainement avoir l’impact d’une bombe au napalm chez les amateurs d’un rock pur et dur.

Le nom de leur album, qui n’est pas une interrogation mais une affirmation, dresse le portrait d’une génération détournée de ce qui est vraiment important par des gens tapis dans l’ombre qui nous tiendraient par des ficelles. La télé, les médias (pas nous), l’Etat… Les accusés ne sont pas cités explicitement, mais le groupe scande une critique de notre système assez stoïcienne en s’attaquant à différents sujets de société ; plus ou moins politiques. Un No Cops qui dénonce les bavures policières, les réveils difficiles du Sunday Mourning, des questionnements existentiels sur ce qui est Right/Wrong, et la haine du réveil matinal avec Porque Mañana. 

Night Beats ratisse large en proposant un rock aux influences profondément traditionnelles et modernisées au goût du jour sur fond de dénonciations sociétales et de trips exotiques. Un beau discours de bohémiens humanistes que rien ne semble arrêter depuis leurs débuts, même pas la CIA. Impossible de ne pas trouver son bonheur dans ce qui est sans aucun doute leur album le plus élaboré après un « Sonic Bloom » qui faisait déjà figure d’ovni dans le paysage musical à l’époque.

Que les manipulateurs d’âmes peu scrupuleux prennent garde, un groupe arpente les salles de concerts aux sols imbibés de bière pour de grandes messes populaires afin de prêcher la bonne parole et faire ouvrir les yeux aux gens, qu’ils soient psychotropés ou non.

Night Beats // Who Sold My Generation // Heavenly Recordings
www.thenightbeats.us

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