C’est l’histoire d’une rencontre improbable entre un type qui fait des disques pour arrêter le turbin et un autre qui préfère interviewer un type qui fait des disques pour arrêter le turbin plutôt que d’aller bosser. Mais comment Willis Earl Beal a fini par atterrir devant votre serviteur avec une bouteille de Jack Daniels à même pas midi, ça personne sait.

Le gonze est arrivé des Etats-Unis la veille, probablement. La nuit a dû être dure, ça sent encore le cendrier sous les molaires. Journée promo à Paris qui ressemble à un blitzkrieg pour défendre son deuxième album « Nobody Knows » ; à peine le temps de mettre en boîte une poignée d’interviews qu’il faudra lever les voiles et partir expliquer dans une autre capitale européenne à des gens qui ont écouté l’album deux fois comment le type qui porte un blaze de bluesmen a passé cinq mois dans un hôpital psychiatrique, tenté sa chance au radio-crochet X-Factor avant de jeter les gants pour vendre ses démos gravées sur CD-R dans les rues d’Albuquerque où il passait ses nuits, clochard complètement paumé.

willis.earl_.beal_Comme la déchéance permet parfois de grandes carrières, Willis est finalement sorti du caniveau en moins de temps qu’il faut pour choper une hépatite en soufflant dans un harmonica. Son premier essai – c’est le mot – à peine publié l’année dernière sous le nom de « Acousmatic Sorcery », voilà qu’une partie de la blogosphère s’empare du phénomène, à la croisée entre Jean-Michel Basquiat et Wesley Snipes, espèce de méta-hobo autant capable de faire mouiller les jeunes bloggeuses en quête de danger que d’exciter les Tanguy de l’indie déjà prêts à faire embarquer notre SDF en rédemption dans un train pour hipsterland – à quand l’invention des concerts à déporter pour envoyer nos amis les barbus chantres du bon goût vers lalaland ? Bref. Le lecteur aura bien compris que le cas Willis Earl Beal intrigue et suscite beaucoup de perplexité chez celui qui aura écouté en 2012 ses pénibles démos chantées sur des guitares désaccordées à côté desquelles le chant d’un canard tuberculeux prendrait l’allure d’une symphonie wagnérienne. Comment ce gamin de Chicago est-il parvenu à transformer ses comptines de désœuvré en splendeurs néo-blues ? Ca personne le sait non plus. Ou plus précisément : on ne le sait pas encore.

Avant d’en arriver à ce « Nobody Knows » qui m’amène ici, Willis a déjà bien roulé sa bosse. Une multitude de petits boulots à la con pour éviter la dureté du système social américain, une vie de negro comme dans les années 50 écrite à l’avance, tout destiné qu’était Willis a servir des blancs toute sa vie pour presque trois fois rien, un Mr Nobody en puissance à qui l’oncle Sam aurait promis monts et merveilles pour finalement ne lui laisser que sa gueule cassée de Bukowski tombée dans un baril de pétrole. Sous cet angle, chaque titre de « Nobody Knows » raconte de nouveaux contes de la vie ordinaire et si la biographie de Willis Earl Beal pourrait bien être un (men)songe, au moins ses nouvelles chansons permettent de débouler dans la jungle urbaine à la manière d’une pub Apple.

Au téléphone, l’attaché de presse semble un peu nerveuse : « On va être en retard, on a perdu Willis ». Il est 10H30 un beau matin de juillet et le service promo vient de paumer un Américain que plus personne ne trouve dans son hôtel, okay… très bien. Je tue le temps en griffonnant une série de questions sur un bout de papier, je fais des shots Instagram © de poubelles désormais vintage ; en réécoutant « Nobody Knows » j’ai parfois le sentiment d’écouter les vocaux pillés par Moby sur « Play ». Ambiance champ de coton mélangé à tout ce qu’une palanquée de types de deuxième division comme Saul Williams ne parviendraient pas à chanter même en se faisant arracher les ongles d’orteils avec une clef de douze. Devant le bureau du label, un photographe prépare une mise en scène avec des poubelles, c’est d’une élégance rare ; on lui prédit un avenir radieux chez Gala. Trente minutes passent, toujours pas de signe de vie de Willis Earl Beal. Et puis le téléphone sonne enfin : « On l’a retrouvé, il était parti se balader, on arrive ! »

Ecrire de notre miraculé qu’il possède un physique effrayant est en dessous du vrai. Pas complexé par son retard sur l’horaire – 45 minutes quand même – Willis Earl Beal refuse de me serrer la main, pas forcément par impolitesse, mais surtout parce qu’il a… les pognes en sang. Quant à son visage, c’est encore pire qu’une gamine de six ans à qui on aurait confié la trousse à maquillage. Un coup d’œil inquiet à l’attaché de presse suffit pour comprendre : « oh ça c’est rien, Willis vient de s’ouvrir la main en voulant ouvrir une boîte de cacahuètes… ». Tous les éléments sont désormais réunis pour faire de cette interview un grand n’importe quoi. Car ce Willis Earl Beal, finalement, n’est pas n’importe qui.

Salut Willis.

Hey. Tu peux me dépanner d’une clope steuplait ? [A son attaché de presse] Quelqu’un pourrait m’amener la bouteille de Jack, please ?

Bien sûr. Heu, c’est pas un peu tôt pour attaquer le whisky ? [il est 11.35]

Tu crois ? J’sais pas. Je bois assez peu généralement, mais les interviews ça me rend toujours nerveux.

Bon eh bien commençons alors. C’était comment de sortir un disque enfin correctement produit, après le premier qui donnait surtout l’impression d’être un brouillon ?

Well… « Nobody Knows » est mon véritable premier album. L’autre c’était pas vraiment un disque, plutôt une compilation d’idées jetées sur le papier, ça n’aurait jamais dû sortir ; et la seule raison pour laquelle j’ai accepté que ça soit publié, c’est parce qu’on m’a donné du pognon en échange. Comme à l’époque je bossais chez FEDEX, j’aurais été sacrément con pour refuser. Je savais même pas ce qu’ils allaient faire de mes démos, mais putain les mecs, si vous voulez m’échanger cette merde contre des biffetons, vous gênez pas !

Tu penses vraiment ce que tu es en train de dire sur « Acoumastic Sorcery » ou c’est juste de l’esbroufe ?

Disons qu’à l’état de maquette, ça me semble respectable. Mais les gens ne sont pas sensés écouter des brouillons de chanson, logiquement on n’écoute que les chansons terminées, produites, basta. Moi j’ai jamais eu l’ambition de devenir un artiste « low-fi », ça m’intéresse pas. Moi ce que je veux c’est… bah c’est faire « Nobody knows ». Je savais que si je voulais en arriver à ce résultat, j’allais avoir besoin d’aide, d’autres musiciens pour donner vie à mes squelettes. Du coup j’ai enregistré les bases des morceaux et quand ça coinçait, je passais la main pour telle ligne de basse, tel arrangement de violon, etc. Bref c’était super de faire ce disque, pour la première fois j’ai eu l’impression que le ciel n’avait pas de limites… Faut bien comprendre que je sais jouer vraiment d’aucun instrument, j’improvise.

OK et donc, si tu pouvais refaire le début de ta carrière, tu prendrais « Nobody Knows » comme premier album, à la place de l’autre ?

C’est une question intéressante… Tout le temps où j’ai joué mon premier disque sur la route, je sentais bien le regard méprisant des autres groupes sur moi, à se dire que je trimballais mon histoire – et c’était le cas – pour faire mon trou. Donc je vais te dire, oui je ferais « Nobody Knows » en premier, mais ce serait une erreur parce que la manière dont ça s’est fait, c’était parfait, ça rend les gens plus curieux envers moi, c’est une bonne forme de storytelling.

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Tu parles d’une histoire à raconter aux gens – la tienne. En racontant publiquement que tu as vécu comme un clochard, que tu étais perdu, t’as pas eu l’impression d’avoir été instrumentalisé par certains médias, et que ta musique n’était finalement pas aussi importante que ton parcours, pour les gens bas du front ? Tout ce que j’ai lu à ton sujet tend à prouver que c’est un peu le cas.

Quand ils [le label] m’ont signé, j’ai enregistré 40 chansons en une seule journée et j’ai demandé aux types : « ok maintenant on fait quoi, un album ? ». On m’a répondu : « non non, on va d’abord sortir ça pour montrer aux gens d’où tu viens ». Les mecs de chez Beggars étaient bien intentionnés, ils voulaient sortir un truc anti-commercial, mais le revers de la médaille c’est que maintenant on n’arrête pas de me comparer à des outsiders, des musiciens que j’ai jamais écoutés. Mais ces putains de démo, je les ai composées à un moment où j’étais persuadé d’avoir aucun talent… donc oui, ça a été un moment difficile pour moi.

L’un des artistes majeurs du label – Beggars – où tu es signé aujourd’hui n’est autre que Gil Scott-Heron, avec qui vous partagez, si ce n’est ce goût de la revendication, du moins une voix assumée, un truc dans la gorge.

Ouais bien sûr je connais Gil Scott-Heron [ses yeux disent le contraire, NDLR], j’adore…

« J’ai jamais compris pourquoi les gens trouvaient ça si difficile d’écrire une chanson. »

Une chanson comme Burning bridges – qui est selon moi la meilleure du disque – ça sort d’où ? Et qui joue dessus ?

Oh ça c’est moi de A à Z. J’ai dû la composer en 15 minutes, alors que j’étais en tournée à Amsterdam. La structure du morceau est plutôt rudimentaire, ça tourne en boucle, mais faut dire que j’étais bien perché quand je l’ai composé ce titre ; j’avais gobé des champignons, tout un tas de conneries, ce qui est plutôt inhabituel chez moi car logiquement j’ai assez confiance en moi pour éviter d’être stoned pour avoir à torcher le truc. Bref, c’est aussi pour ça que je préfère largement être en studio plutôt que sur scène : quand tu enregistres tes morceaux t’as l’avantage, tu peux être mystérieux et te cacher pendant tout le processus d’accouchement.

La manière dont tu parles de « Nobody Knows » donne l’impression que tu composes de manière instinctive, quasi animale.

J’suis un autodidacte, j’ai jamais appris les fondamentaux – on s’en fout non ? Ecoute, j’ai pas envie d’être arrogant mais le fait est que j’ai une bonne voix et que je l’utilise pour me guider. Quand j’écris mes textes, souvent j’entends des mélodies dans ma tête que je suis incapable de rejouer quand je tripote un piano ou une guitare ; du coup ça donne autre chose une fois enregistré et le morceau final n’a plus rien à voir avec la mélodie initiale.
Mais je vais te dire un truc : j’ai jamais compris pourquoi les gens trouvaient ça si difficile d’écrire une chanson. C’est vraiment à la portée de tout le monde.

Tu devrais le dire à pas mal d’artistes qui ont le cortex trop gros pour passer les portes…

Ouais. J’veux dire, je croise plein de musiciens hyper talentueux, savants, mais ils ne composent que de la merde ! C’est incompréhensible. Je crois que les gens se sont perdus quelque part dans l’Histoire, ils semblent convaincus que les choses doivent se faire d’une certaine façon, or ma conception du bordel c’est d’être systématiquement opposé à l’ordre, aux structures, bref à tout ce qui te fout dans une boîte, d’une part parce que j’en suis pas capable, et de l’autre parce que la liberté c’est pas ça. Moi j’aimerais bien que ce disque marche suffisamment pour que j’ai plus à tourner ; avoir la capacité comme Radiohead de m’enfermer dans un studio…

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Venant d’où tu viens – la précarité, la folie douce, les petits boulots – le succès est-il une potentielle source d’angoisse ? Es-tu préparé à ce petit monde superficiel ?

Non, car de toute façon tu peux plus avoir de vraie conversation avec qui que ce soit. Je vis pour la vraie vie, j’adore poser mon cul sur la banquette d’un café pour mater la vitre pendant trois heures parce que je suis plutôt du genre solitaire. Le fait est que lorsque tu deviens riche et célèbre, tu te coupes de tout ça, tu développes une colère intérieure, tu fais plus confiance à personne et perso j’ai pas trop envie de vivre comme ça. Donc j’espère que les gens aimeront « Nobody Knows » pour les bonnes raisons, et pas parce que je suis le sex symbol de la semaine ou un truc du genre.

Mais dans cette société du faux, est-ce seulement possible d’être aimé pour ce qu’on est vraiment ?

Non, c’est impossible. Remarque Adele l’a fait, les gens l’aiment pour sa musique [et pas pour son physique, ça c’est certain NLDR].

« J’ai vu le visage de Dieu dans le ciel. »

Une seule question personnelle : la biographie parle d’un déclencheur qui vous aurait donné la force de passer le cap en tant que musicien, alors que vous bossiez en tant que veilleur de nuit dans un hôtel. Vrai ou pas ?

Euh, dans un sens oui. A l’époque j’étais vigile et je naviguais entre plusieurs lieux au fin fond du désert d’Albuquerque, près du Nouveau-Mexique. C’est là que j’ai commencé à écouter Cat Power, Bob Dylan, Tom Waits, Scott Walker, Laurie Anderson ; j’écoutais tout ces gens dans mon compact-disc en regardant le ciel pendant mes heures de garde, c’était très romantique… Pendant la plus grande partie de ma vie, j’ai pas été très préoccupé par la musique, c’était pas une évidence jusqu’à cette drôle d’expérience dans le désert. Je suis donc devenu musicien à 23 ans. Avant ça, je voulais être acteur. Ou poète.

As-tu finalement tranché sur ta vocation ?

Tout ça c’est la même chose. Honnêtement, je suis pas la personne la plus humble qui soit, mais je peux dire que j’ai fait toutes ces choses parce que j’étais infoutu de garder un boulot plus de deux semaines. J’ai du avoir, pfff, quelque chose comme 23 ou 24 boulots en comptant l’armée, où je me suis d’ailleurs fait virer pour inadaptation. Ils pensaient que j’étais cinglé, un truc comme ça. C’est con parce moi je voulais devenir un type dur, j’étais déçu. Je te raconte tout ça, c’est pas pour la gloriole hein ; je suis pas de ceux qui croient que l’art est supérieur à la construction d’immeuble ou même au ramassage des poubelles. Vraiment, si j’avais pu exceller dans un autre domaine, je l’aurais fait sans hésitation. On le sait peu, mais je suis très croyant, mais j’étais arrivé à un stade où j’étais incapable de vivre comme tout le monde ; j’ai donc été forcé de ne plus croire en rien pour recréer quelque chose qui tienne la route.

Ton titre Hole in the roof parle donc de Dieu.

Ouais, bien sûr. J’ai vu son visage dans le ciel. Cette chanson, je l’ai écrite quand je bossais dans une station d’épuration des eaux ; la nuit on pouvait entendre les cris d’autruches dans une ferme pas très loin. Et je peux te garantir qu’une autruche qui gueule, ça fait le bruit d’un type à l’agonie… Bref la nuit dans cette station avec toutes les crevasses partout, je peux pas te dire pourquoi mais on avait l’impression d’être sur la lune, de littéralement marcher sur la lune. Et la chanson parle de ça, de cette sensation d’être dans l’espace, de comprendre pourquoi j’avais paumé dix boulots avant d’en arriver là, et pourquoi on m’avait exilé ici ! En y repensant, j’étais complètement siphonné du ciboulot à cette époque… La différence c’est que maintenant je parviens à canaliser toute cette folie pour la transformer en quelque chose de magique ; ça tient presque de la sorcellerie. Les lecteurs penseront peut-être que c’est un ramassis de conneries, j’men fous c’est comme ça que je vis le truc.

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« Ce que je veux, c’est chanter comme Bob Dylan sur « Time Out of Mind »

Ca t’arrive de penser que tu vis dans un rêve, et que rien de ce qui t’entoure n’est vrai ?

Tout le temps ouais. Ca rend le bonheur plutôt compliqué. Et n’oublie pas qu’au départ je voulais être acteur… parce que quand j’essaye d’être authentique j’ai surtout l’air d’un mauvais acteur ! C’est plutôt dérangeant car maintenant j’ai une nana, et elle arrête pas de me reprendre dès que je me la joue avec mes lunettes et mon look de star. Mais bref, c’est salvateur. La seule chose qui m’intéresse, c’est de garder ma nana et de pouvoir m’acheter des terres… Tu disais tout à l’heure que j’avais l’air différent des types qui font de la musique comme un job, mais peut-être que tu te trompes : certes je crée avec sincérité et passion, mais quand je dois monter sur scène ça me fait chier, je me sens complètement transparent. J’ai même lu des commentaires de gens sur Internet qui disent que je suis complètement fake.

C’est exactement ce que je me suis dit la première fois : ce type est un imposteur.

Yeah. Hmmm.

On parlait tout à l’heure de tes influences musicales. En t’écoutant chanter, je me demandais si le blues en faisait parti.

En fait c’est surtout Bob Dylan qui m’a donné envie de prendre le micro. Ce que j’essaie de faire depuis, c’est d’arriver à chanter comme lui sur « Time Out of Mind » !

C’est marrant que tu considères Dylan comme un chanteur de blues.

Ouais je sais. C’est pas vraiment un chanteur de blues pour le grand public, mais pour moi la country, le blues, le jazz, l’americana, tout ça c’est la même chose. Alors forcément quand un type comme moi, un black qui vient du sud, veut chanter comme Dylan, ça sonne comme du blues mais ça n’en est pas vraiment.

Finalement c’est pas un peu raciste de te ramener au blues pour la simple raison que tu es noir ?

Ouaip, je le crois. Enfin bon, je vais pas vous jeter la pierre, moi aussi je suis raciste – putain imprime pas ça. Disons que je suis comme tout le monde, je vis avec des clichés sur les choses ou les gens que je ne comprends pas, même sur les Français ah ah !

Dernière question pour parler de ta prochaine tournée, intitulée le « Church of Nobody Tour ». Entre ça et « Nobody Knows », c’est assez nietzschéen comme concept.

Quand j’étais gosse, j’avais l’habitude de souvent aller à l’église, mais j’aimais pas l’église, j’aimais pas la manière qu’avaient les gens de raconter n’importe quoi au nom du Seigneur, alors plutôt que d’écouter les sermons, je me concentrais sur les intonations de voix, sur le rythme des gospels. C’est de là que j’ai eu l’idée de cette église pour personne ; le principe c’était de transposer l’extase du gospel dans mes propres chansons en pastichant la façon qu’avaient les pasteurs de chanter n’importe quoi, genre : « OH OH this man, this man he’s excting, he’s exciting, but he’s sayin’ anything ! ». Tu vois ?

Willis Earl Beal // Nobody Knows // Beggars (XL)
http://www.willisearlbeal.com/

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