Défourailler au milieu des ronces barbelés enserrant le wagon de punchlines qui vous fera googliser ce groupe danois au nom plus nul qu’une blague de De Caunes pédalant dans la semoule à la recherche du temps perdu avec une barbe de trois jours plus travaillée qu’un ersatz de prod’ sauvegardée dans le disque dur des Daft Punk. Recommencer si nécessaire. Recommencer, donc. Ne pas trouver. Se dire que ça va venir. Ne pas oublier de ne pas oublier d’écrire le chapeau du papier quand on aura fini. Trouver les internets formidables pour pallier fatigue et manque d’infos : dans Pinkunoizu, il y a trois garçons et une fille, leur second album sort cette semaine et il est beaucoup plus intéressant que celui de Daft Punk. Oui, j’ai une dent contre eux. Dans deux mois, je vous dirai pourquoi. On fera le compte des superlatifs restant maintenant que l’hystérie marketing s’est enfin épuisée. Pinkunoizu. Des nappes phréatiques de synthé plus enivrantes qu’un bon Bordeaux, un GPS auditif dans le rouge avec des guitares héroïques accordées par la NASA. Des longs morceaux qui sont trop courts.
Couper un barbelé. Il en pousse cent. Hausser les épaules en souriant.
Necromancer cède la place à Moped. Eclaboussures d’étoiles, fusée-cithare, parti trop tôt, coup d’envoi sur coup d’envoi, même pas de fast forward, juste un final countdown venu du nord de l’Europe qui n’en finit pas d’allumer la mèche sans la vendre. Hésiter à garder cette vanne. Passer à la suite.
Kickstarter dans la colonne vertébrale, qui se redresse, et se redresse encore, homo musicus tout en joie d’enfin se refaire chatouiller au bon tempo ; qui change souvent, soit dit en passant. The Swollen Map, maintenant. Intro piano en pied de nez un peu niais. Façon climax Disney revu et corrigé par un Kubrick du pauvre. Préférer le wagon de la prochaine fusée. Embarquer. Pyromancer. Qui met le feu lentement. Avec des belles voix et des éclats de joie dessinables sur une partition. Avec une spontanéité maligne, des calculs un peu faux qui sonnent vraiment justes. Avec des pas de côté du côté du dark side of the moon. Avec une facilité qui fait plaisir à entendre. Avec tes avant-bras en chair de poule et tout le reste qui suit, qui suit en dansant dans le dedans de la tête ; hoquet Roger’s, quoi.
Manger les barbelés ; à pleines mains, même pas mal ouais.
Serrer les dents sur la fin du morceau et ses grimaces en six cordes. Hésiter à la baisser. Se rappeler qu’on bosse. Etre sérieux cinq minutes. Passer à Tin Can Alley. Un bourdon et du taca poum taca poum, croquer la ligne blanche sur un rock de l’espace l’espace d’un instant, come on baby et merde à dieu, oui, oui, oui. Twist and shoot. Bullet et gâchette, pan, pan, pan. Cowboy macadam gondolé, tôle et zinc, play it again Sam et un coup de santiag dans le jukebox. Pan. Vénère, quoi. Briser quelques verres encore. Sourire bêtement. Hésiter à rajouter une punchline. Se dire qu’on a le temps. Passer à la suite.
I Said Hell, You Say No. Slow enregistré dans un caisson antigravitation. Jouant avec les codes du genre, balançant des violons au synthé et faisant des clins d’œil à Pink Floyd derrière ses Wayfarers. Big bisou de la Lune, « ici tout va bien car tout va de travers on renfilera nos oreilles à l’endroit quand on rentrera à la maison ». Penser à Black Mountain quand Black Mountain était encore high, tout là-haut, au sommet de l’Everest bizarre qu’ils avaient fait sortir de terre. Puis penser à comment décrire les youh youh qu’on n’avait pas vus venir. Les trouver bien malins, ces Danois. Sourire en zoom arrière à cheval sur un contretemps joué très mid-tempo. Se dire que lundi ne viendra jamais.
Se perdre dans Down in The Liverpool Stream, qui fait des boucles en bout de comète. Douceur et arpèges, caresse et sixième mégot, « there’s a black hole in your eyes », si tu le dis, Bobby. Joli trou noir. Joli tourbillon en frissons sur les joues, retenir son souffle, puis replonger dans les mesures, à cœur perdu, une pâquerette en guise de sourire et des chœurs en background, « there a crack, in your eyes », si tu le dis, Bouffi. Puis voilà qu’ils recommencent depuis le début et les doigts accrochent sur le manche. Jolis arpèges et cette envie d’en reprendre pour dix piges qui va avec. Se débrouiller comme on peut avec le long silence qui suit.
Pinkunoizu // The Drop // Full Time Hobby
http://www.pinkunoizu.com/
(En concert le 7 octobre à la Maroquinerie, Paris)
3 commentaires
Tu commences à nous les briser menu menu avec ton aversion des Daft Punk. Tu aurais mieux fait de parler des titres des chansons de ce disque, tous plus hilarants les uns que les autres. « I said hell you say no » ou « Tin Can Alley », c’est quand même des méta-blagues nettement plus drôles qu’une énième saillie sur les deux boutonneux !
Je comprends rien à l’anglais. J’ai un Aft Punk sur la langue de Shakespeare.