Trentenaires grimés en adolescents éternels, les gars de Temples sortent ces jours-ci leur deuxième album. Toujours aussi bons mélodistes, mais un enfer à interviewer. Sérieux, chiants et au summum de la langue de bois promotionnelle : tous les ingrédients sont réunis pour une interview d'anthologie.

Flemme. Tiens mais pourquoi donc j’ai pas écrit ce papier plus tôt ? Primo par ce que j’avais une flemme intersidérale à l’idée de replonger mes oreilles dans ces 30 minutes de discussion léthargique, argument indépassable couvert par l’excuse géniale de la date de sortie de l’album, quatre mois après une journée promotionnelle à ne pas ranger dans les annales.

Overdose. Il est très exactement 16h et il ne souffre aucun doute que les deux gars de Temples en ont plein le cul de cette journée promo. Ils ne le savent pas encore mais le pire reste à venir. Un journaliste au bout du rouleau s’apprête à les assommer définitivement avec la suite de questions la plus chiante de l’histoire. Semi-fan du groupe en 2012 à l’époque où je plongeais comme beaucoup de jeunes de ma génération la tête la première dans la grande marmite du revival “psyché” (Jacco Gardner et les autres), j’entame désormais la phase de descente. À savoir : plein le cul d’entendre ce terme employé à toutes les sauces, de voir des (mauvais) ersatz de Tame Impala fleurir partout et d’entendre pour la énième fois comment mon voisin s’est tapé une perche de fou en gobant des acides. L’overdose.

Décision. Après avoir longuement hésité, je décide donc de partir en expédition face un plaisir nostalgique. Grave erreur. Alors que je reste laborieusement collé le nez à mes questions, les mecs de Temples s’avèrent être des rois de la langue de bois avec, en prime, un accent cockney à couper au couteau.
Tout ça n’empêche pas « Volcano » d’être plutôt un bon album. De la pop aux (très) légers accents psychédéliques (quoi?!) dont l’envie fantasmagorique de lorgner vers la naïveté enfantine du monde de Disney peut vous faire croire un instant que la jeunesse éternelle dont parle Oscar Wilde n’est pas qu’un leurre de jeune dandy noctambule. Ouais voilà, j’ai placé ma petite phrase compliquée. Alors ça n’est ni « incroyable » ni « décevant », comme j’ai pu l’entendre sortir de la bouche de confrères voulant à tout prix avoir un avis. Ils tirent tous dans le vide : cet album est juste moyen et ne mérite pas qu’on se batte à coup de plumes.

Voici donc l’une des pires interviews de l’histoire du journalisme musical. Ah oui, et j’oubliais : leur live est catastrophique.

Vous avez fait récemment une grosse tournée aux USA. C’était cool ?

James Bagshaw (guitare, chant) : C’était une tournée fantastique. Je dirais même qu’il s’agissait de l’une de nos meilleures. On a bien eu 2 ou 3 concerts où le son n’était pas parfait mais pour le reste c’était très bien et le public était très bien aussi.

Tom Warmsley (basse, choeurs) avec un ton monocorde : C’était aussi la première fois qu’on jouait en live nos nouvelles chansons, ce qui est très excitant… C’est comme un test grandeur nature.

Dans l’impossibilité physique de réprimer un premier bâillement, je me dis que les minutes qui suivent vont être un vrai calvaire. Allez une petite question de merde pour réveiller tout le monde.

Je vous ai vu il y a 2 ans à Barcelone sous une tempête apocalyptique. Vous vous souvenez ?

James Bagshaw : Oui très bien, alors qu’il fait toujours beau là-bas. C’est pas la première fois d’ailleurs, j’ai parfois l’impression que le temps de merde anglais nous suit un peu partout.

« On n’a aucun problème avec le fait de prendre de l’âge. »

Le deuxième album est souvent un moment charnière, et il n’est pas rare que des groupes se plantent après un très bon premier disque. Mission accomplie ?

Tom Warmsley : Oui. Face à ce challenge certains se plantent alors que d’autres font quelque chose de très beau.

James Bagshaw : Si les gens veulent un autre « Sun Structures », c’est mort. Personne ne veut se répéter. Le premier album avait ses limites. Maintenant on a un point de référence. On a viré les effets reverb et tout, on voulait être plus directs et on a travaillé plus sur la dynamique. Les instruments sont comme un flash au visage.

Tom Warmsley : Oui, c’était très direct.

Je cours au bar pour me resservir un café tout en me disant que j’ai choisi le mauvais métier. 

Il y a un côté enfantin dans votre musique, comme chez Jacco Gardner.

James Bagshaw : Ouais c’est un endroit intéressant mélodiquement, quelque chose qui se mémorise facilement.

Vous seriez pas atteints du syndrome de Peter Pan par hasard ?

Tom Warmsley : Tu fais référence à notre côté très anglais. On aime bien Syd Barrett et les chanteurs de folk anglais qui cultivaient cet aspect.

James Bagshaw  : On n’a aucun problème avec le fait de prendre de l’âge. En revanche la naïveté de l’enfance est importante. Ne pas trop penser et compter sur l’instinct. Quand un gosse peint, il ne pense pas trop, il peint. L’idéal est d’avoir cette spontanéité tout en questionnant son travail comme un adulte.

Il y a un côté Velvet dans Roman God Like Man, ce qui est assez surprenant. C’est aussi une source d’inspiration ? (Je vois du Velvet partout depuis que j’ai redécouvert Lou Reed, Ndr)

James Bagshaw : Ouais ça vient de l’époque où on écoutait du garage 60’s. Il y a aussi un côté très instinctif à jouer de la guitare comme Lou Reed. Il s’agit de trouver la rythmique la plus simple qui soit.

Vous avez des millions de vues sur Spotify et vous enregistrez encore à la maison. Vous pouvez m’expliquer ?

Tom Warmsley : Ça a très bien marché pour « Sun Structures ». On voulait le faire encore…

Ok. Vous restez donc sur le même label ?

James Bagshaw : Ouais, ils sont un fantastique soutien.

Vous avez eu pas mal de succès dès le premier disque. Comment vous gérez ça ?

Temples : On ne sait pas. On continue à travailler.

Vous êtes pas vraiment les seuls à faire du « psyché » aujourd’hui.

James Bagshaw : N’importe quelle musique peut produire cet effet. La musique classique par exemple. C’est lié à une approche impressionniste que tu retrouves dans les arts en général. Tu peux appeler ça « psychédélique ».

Vous en avez marre de ce terme ?

James Bagshaw : Non, je ne dirais pas ça. C’est un espace musical si large, comme le jazz. Les étiquettes sont dangereuses en général.

Tom Warmsley : Ouais, on le voit partout maintenant, pour le meilleur et pour le pire.

Ca fait 25 minutes que ça dure,  j’en peux plus.

On est d’accord. La clé en pochette, c’est celle qui donne accès aux mystères de la pop ?

James Bagshaw : C’est une interprétation. On voulait un truc symbolique.

Personne ne peut résoudre le mystère de la pop, c’est la beauté du truc.

James Bagshaw : En effet. Quoiqu’en fait, si, il y a un moyen : écouter plusieurs fois d’affilée notre album.

Temples // Volcano // Heavenly Recordings // Sortie le 3 mars 2017
http://www.templestheband.com/ 

 

8 commentaires

  1. Ouais, en même temps, vous vous attendiez à une réponse intéressante à, au hasard :
    -« VOUS AVEZ FAIT RÉCEMMENT UNE GROSSE TOURNÉE AUX USA. C’ÉTAIT COOL ? »

    -« LE DEUXIÈME ALBUM EST SOUVENT UN MOMENT CHARNIÈRE, etc » ??

  2. « Voici donc l’une des pires interviews de l’histoire du journalisme musical ». Un peu d’humilité Maxime, j’en ai lu des bien pires…
    Celle ci, quoiqu’honnêtement troussée, ne fait que respecter à la lettre le bon vieux cahier des charges Gonzaï (canal historique) : une indispensable dose de mauvaise foi contractuelle, une belle rasade de fainéantise érigée en parti pris éditorial et ce qu’il faut de forfanterie et de cynisme pour rendre le tout lisible si ce n’est agréable à lire.
    La prochaine fois, je t’inviterai à boire des verres avec eux dans les bars de Pigalle après la journée promo, tu constateras qu’ils sont beaucoup moins ennuyeux que cette brève rencontre ratée a pu te le laisser penser. Crois-le si tu veux mais certains sont même de joyeux drilles…
    Tu pourras alors te fendre d’un cinglant papier « nightclubbing » dont je t’offre déjà le titre : « Temples de la nuit ». Je gage que tu mettras moins de temps à publier celui là.

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