MILF, Mère au foyer. À la fois excitante et agaçante, depuis toujours elle passionne. Et la télévision américaine l’a bien compris. Un ramassis de has been, entre superwoman et princesse beauté, décroche l’or à Wisteria Lane. Mary-Louise Parker, sexy dealeuse, naïve et dépressive, explose le format sitcom et impose son charme incorrect à une poignée d’adeptes au cœur séché.
Showtime ne pouvait laisser place à notre dépendance maladive. La chaine cryptée sort donc l’artillerie lourde début 2009. Diablo Cody au scénario. Spielberg à la prod’. Et Toni Colette en schizo-milf des années 2000. Rien que ça. United States of Tara explore ainsi une personnalité multiple, celle de Tara, au cœur d’une banlieue Sundancienne, paumée et chialeuse sous les zozotements du Big E (Eels).
Quand Tara explose sentimentalement, c’est avec elle que la Cour des Miracles s’ouvre et laisse dessiner les fantasmes les plus inavouables. Un amour pour une camionneuse poilue, qui pue la bière (Buck). Un désir interdit, pédophile et dégueulasse pour une pouffe de 15 ans au string apparent (T.). La folie d’une cul bénie, maîtresse de maison idyllique et sex appeal qui donne la trique (Alice). Tour à tour, elles font surfaces et viennent défier une famille, quelque peu bouleversée.
La solitude n’est pas un principe milfien. Elle sent le besoin de se reproduire. Se reproduire pour mieux contaminer sa progéniture : son mari et sa chiée de gosses à problèmes. Tara ne déroge pas à la règle et s’embourbe dans une situation familiale looseuse, tout comme on aime. Un fils gay qui trainasse, attiré par un bel apollon, dans un milieu réactionnaire de cathos extrémistes.
« Tu peux enlever ton pull, il nous faut un acteur pour jouer un malade du sida et le flageller sur scène ».
Crise d’ados banale pour la punk Barbie en mal d’indépendance, à la rhétorique nihiliste. Et enfin, le mari compréhensif, trop gendre idéal à mon goût, du genre Thomas Hugues période raie sur le côté et sourire de lécheur. Une famille au complet, seul avec son rêve d’uniformité et de pelouse verte.
On l’a tous vécu, ce pic de testostérone qui te fait pousser des cris de bêtes à la vue, dénudé de réalité, d’une quadra en tailleur. Masculine et primaire réaction le plus souvent matinal. Celle d’un rêve fumant, évanoui en un claquement de cil à la vue tumultueuse de la petite Chloé 18 ans au fond du lit. La milf nous fait rêver. Espérer sans jamais nous posséder. Et cette obsession devenue dépendance trouve refuge dans notre imaginaire. Celui que toutes les femmes matures s’acharnent à torturer. Pour moi, Tara a trouvé la clef. M’a libéré.
Finalement une milf, c’est quoi ? Juste une entité utopique, créée par nos sens pour déserter la réalité. Rendons nous à l’évidence, c’est bel et bien avec elle que nos jours s’éteindront.