Ils ont sorti des albums en 2012, on n’en a pas parlé, on aurait dû, on n’a pas voulu, pas pu, on a eu la flemme alors qu’on avait la flamme, on n’a pas compris ce qui nous est arrivé. On s’excuse, on est kind, on rewind.

Liars, « WIXIW »

Pourquoi Gonzaï n’a pas écrit une ligne sur ce disque ? Parce que ton webzine préféré est un ramassis de feignasses, enfin surtout moi. Un mea culpa et deux séances de flagellation nu dans mon salon filmées par un crew de cougars chtis plus tard, évoquons ensemble ce disque à la beauté un peu maladive, il faut bien le dire. Sa première moitié, hantée, fait peur comme dans Halloween. Ce bel exercice de hors-champ musical joué mid tempo planque les guitares dans le placard et fait des zoom en noir et blanc sur un dancefloor où il ferait bon mourir de peur entre deux pas de danse un peu ridicules. La seconde moitié se traîne un chouïa, mais c’est parce que je manque de patience que je dis ça. Et aussi parce que mon sevrage de distorsion ne se passe pas aussi bien que je l’espérais. Alors, chef-d’œuvre absolu ou juste très bon disque, ce « WIXIW » ? J’opte pour du Liars ou du cochon. Arrangez-vous avec ça.

Mark Lanegan, « Band Blues Funeral »

Une gueule de chien battu par les embruns, une voix à lécher ses blessures seul comme un homme, un vrai, un backing band au cuir tanné déclinant le rock façon loup solitaire : le dernier Mark Lanegan aurait mérité 10 000 signes. Etant coincé avec la concierge dans l’escalier et lancé dans une partie d’échecs à en perdre son royaume pour un cheval, on n’a pas remis la main sur sa plume à temps ; on s’en mord le mors. Avis donc à tous les ours mal léchés et aux cowboys du macadam courant à leur perte le visage rentré dans les épaules parce qu’il pleut et que la vie est moche, ce disque est pour vous. Idéal pour faire la poussière dans son appartement dévasté ou emprunter le périph à 200 à la recherche du désert, voire pour chialer sa mise en bière prochaine. En 2012, Katie Perry faisait de la musique de fille et Mark Lanegan, un disque de bonhomme. C’était facile, mais j’ai choisi mon camp.

Overhead, « Death by Monkeys »

Comme prévu, le nouveau Overhead n’a pas fait parler de lui. Un disque Gonzaï, donc ? Même pas. Trop occupé à ne rien faire, votre serviteur s’est dit qu’il avait le temps. Comme prévu, la plume est restée dans son étui et le rouge m’est monté aux joues ; j’ai regardé ailleurs, attendu que ça passe, c’est passé. Et puis le logiciel de revienzy a fait son travail. Je ne l’ai pas regretté, enfin, si, enfin vous voyez ce que je veux dire, enfin bref j’ai pris NWO en travers des oreilles à mi-disque : une batterie en cale sèche, une guitare à la disto famélique, une voix à l’air grave et un refrain à se desserrer le(s) nœud(s) et à voir la lumière malgré les heures sombres ayant préempté l’horizon. Tout le disque n’est pas comme ça, mais c’est presque une bonne nouvelle : chialer en serrant les dents, c’est pas une vie. Nicolas Leroux, leader du groupe, décroche ici la palme 2012 du cœur de rocker incompris, soit le lot de consolation de tous les groupes n’étant pas devenus Radiohead.

Gaspard La Nuit, « La Trêve »

Les deux premiers albums de ce Français à guitare alternaient entre rigolade pas dupe et poésie urbaine sous influence higelenesco-Tom Waits, pour faire très court. Avec « La Trêve », Marc Chonier, alias Gaspard La Nuit, file vivre au pays fondé par Dominique A et Bashung dernière période. Les textes sont beaux mais on n’y comprend rien, les arrangements alternent entre tristesse à la française et rock à la Jim Jones. Le bonhomme ose des « Blesse les yeux au plus haut des cieux, révulsés » à la diction si métrique, des « Les bruits de la ville s’engouffrent, le néon au-dessus du lit, crépite et, le froid étouffe, l’attente étrillée par l’ennui, la chair aux relents de souffre », déclame sur un orgue crispant « dans le râle des machines, qui pisse dedans ton sang, les roulements automatiques qui font crisser tes canines ». Plus loin, c’est un peu sexe : « Où s’en va ton regard, où s’enfuient tes désirs, c’est ton cul qui répond et ma bouche qui se tord » le long d’une basse qui tabasse et d’une six cordes hirsute. Vive la France.

Tame Impala, « Lonerism »

J’ai une théorie : avec son « Forever Dolphin Love » sorti en 2011, le Néo-Zélandais Connan Mockasin a lancé le courant « rock glou glou » qui crawle à l’aise au large des côtes australiennes. Avec leur premier disque, ses voisins Tame Impala avaient même rappelé que tout ça avait commencé il y a fort longtemps avec le « Revolver » des Beatles ; bref, on nageait en pleine mélodies psyché, encens enfoncé dans le nez pour tout périscope et bonnet péruvien en guise de bonnet de bain, un parpaing noué à la cheville histoire quand même de rompre avec l’inclinaison hippie de toute façon obsolète en ces temps de début de la fin du monde. Nous en étions là quand Tame Impala et son leader, Kevin Parker, ont décidé de venir à Paris, d’embaucher le batteur d’Aquaserge et d’enregistrer un second album plus pop, quand le premier était plus rock, pour faire aussi court que la jupe à ta sœur un soir de rut. La suite prend une tournure plus personnelle, sache-le, lecteur. Nous étions convenus, le chef et moi même, que je me collerais à l’interview du groupe en pleine promo de « Lonerism », nom de leur second bébé, donc. Contact fut pris avec la promo, qui disait qu’il fallait se dépêcher, que le planning de Kevin s’alourdissait de jour en jour. On a pris acte, essayé de caler un phoner, puis un mailer, puis plus rien, pas de nouvelle, nada. On a relancé notre contact, une fois, deux fois, trois fois… J’avais trouvé une vanne tellement j’étais colère après le gars en question : « Retenez moi ou je fais un mailer. » Drôle, non ? On n’a jamais fait l’interview. Mais ça n’empêche que malgré le jeu du nouveau batteur, le premier est mieux que le second.

« Alive at The Deep Blue Fest », compilation

La vie d’ma mère, Alive Records, voilà un label qui tue. Enfin si vous êtes fan de guitares rouillées pour cause de séjour prolongé dans le bayou. C’est donc l’œil baissé sur mes chaussures que je ne vous en cause qu’aujourd’hui, alors que la compil dont il est ici question trône depuis – trop – longtemps à côté de la platine. Ce repentir à dieu posté sur le web, causons de la musique du diable.  Du 29 juin au 1er juillet dernier, sept groupes du label jouaient à Bayport, au Deep Blues Festival. Ce disque comporte deux titres de chacun d’entre eux sauf John The Conqueror, qui n’a couché qu’un titre sur les bandes ; on n’a aucune explication à donner à cette exception. En revanche, on a notre avis, à donner : ce disque est un formidable coup de pied au cul, un concentré de trucs en mi majeur, une danse avec l’électricité sous le soleil du sud des Etats-Unis, quand bien même Bayport se trouve à 1 364 miles de la New Orleans, foi de Google map, bref du putain de blues baisant avec le rock. Dans le lot, j’ai mes préférés : les Buffalo Killers te foutent le feu, Brian Olive te racle le fond du tiroir, les Radio Moscow piétinent ton palpitant en louchant sur Hendrix et Left Laine Cruiser fait brûler ses grilles d’accords. Mais de toute façon, chez Alive, tout est bon, mon bon monsieur.

5 commentaires

  1. Cher Vernon ma caille,
    Comment ça, Gonzaï n’avait pas parlé de Liars, Mark Lanegan et Tame Impala ? Ou ma mémoire flanche, ou il manque à ses devoirs ! Mention spéciale au Liars, bien marécageux (leur meilleur depuis « Drum’s not dead »).
    Ah, et j’aime beaucoup : « pour faire aussi court que la jupe à ta soeur un soir de rut ». C’est fleuri.
    Des bisous, donc.

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