THE XX, LIVE AT LA CIGALE
How slow is the show
Les deux X projetés sur un drap blanc mal tendu devant la scène de la Cigale replacent dans son contexte le show qui s'annonce.
Les deux X projetés sur un drap blanc mal tendu devant la scène de la Cigale replacent dans son contexte le show qui s’annonce.
A force de les mépriser ou de les aduler, on oublie qu’avant de s’exposer en une de Télérama et de la page d’accueil iTunes, les XX sont trois étudiants en art adeptes du bricolage de chansons ultra minimalistes qui ne comprennent pas plus que nous l’excitation qu’ils génèrent. Pourtant dénué de single racoleur, leur album s’est imposé comme l’évènement incontournable de 2009, ce qui n’a pas manqué de soulever incompréhension, mépris ou pour ma part, une certaine satisfaction. Sans jamais revendiquer de concept miteux ni prendre la pose, ils ont popularisé leur dépouillement instrumental et un chant entre feu et glace, digne des Young Marble Giants. S’il fallait vraiment un groupe pour incarner le bon goût en 2009, alors réjouissons nous qu’il ait évité l’écueil des concepts arty souvent chers à une vague de groupe Londoniens désireux d’être invités à toutes les fashion weeks. These New Puritans, qui assurent à Paris leur première partie n’ont pas eu la même lucidité. Ces guignols ont enterré Elvis et Chamber, titres de leurs débuts pourtant diablement bien habités, au profit d’incantations inaudibles. Les TNPS se veulent percutants et multiplient donc les rythmes tribaux. Le public les regarde avec une petite moue désespérée. A force de fricoter avec les grands manitous de la mode, ils ont oublié que la musique se destine aux oreilles avant d’atteindre les yeux.
Quand les XX commencent leur set en revanche, il n’y a rien à voir.
Le puissant titre Intro est joué toujours derrière ce drap bancal. Et je n’aurais pas été surprise qu’ils livrent ainsi leur petit répertoire, préservés du regard gourmand du public. Quand cet été, lors de l’interview accordée à Gonzai, ils acceptaient sans broncher que notre photographe les fasse poser dans le local à poubelles, j’en déduisais que leur image n’était pas leur priorité. On finit par les découvrir en ombres chinoises quand les premières tonalités hypnotiques envahissent la salle. Le rideau s’ouvre, Crystalised, Shelter, VCR sont accueillis comme des hymnes. Le public réussit même l’exploit de s’y trémousser, ce qui demande une certaine dose d’imagination.
Danser? A l’exception de Basic Space retravaillé avec des beats électroniques, le groupe n’a pas franchement cette vocation. Encore plus habité en live que sur les versions studios, l’album est rejoué avec application, leur concentration ne laisse pas la place à l’improvisation ou à la détente. Ils ne manquent pas de remercier mille fois le public parisien, comme des gamins qui ont reçu un cadeau qu’ils ne semblent pas mériter. A part le titre Fantasy tombé à plat, ils assureront pourtant le show. Reprise de la chanteuse r’n’b Kyla, basse implacable du très posé Oliver, synthés et boîtes à rythme d’un Jamie débordé… en fait il y a surtout Romy. Chaque fois que la chanteuse entrouvre les lèvres en réponse à son comparse, c’est une petite ovation du public qui vient la récompenser de son effort, alors qu’elle chante contre nature entre soul et cold wave. Et sa fragilité palpable ne l’empêche pas d’être la plus imposante ce soir.
Au moment de conclure, c’est le moment de prendre ma voix la plus dramatique pour rappeler que le lendemain de ce live à la Cigale, on apprendrait le décès du père de Romy et l’annulation des futures dates. Ciao la Route du Rock, ciao l’Europe, la prochaine fois ce sera sans doute l’Olympia, le 14 juin. Une occasion de plus, pour danser stoïque avec un groupe qui ne laisse pourtant pas de marbre.
Crédits photos: Kmeron
15 commentaires
A vrai dire ton commentaire on s’en fou un peu… Les XX restent et resteront un groupe hors du temps. Si tu veux voir des bimbos sur scène qui chantent comme des pieds libre à toi (lady gaga, beyoncé and co… c’est pas moi qui vais te conseiller..), mais ne pollues pas ici.