Décédé ce 6 octobre à 65 ans, Eddie Van Halen était plus qu’une simple figure des années 80. Bien que le groupe n’ait plus fait de coups d’éclats internationaux depuis le milieu des années 90, la contribution d’Eddie Van Halen et de son groupe nécessite d’être revue avec un regard bienveillant.
La famille Van Halen est originaire d’Amsterdam. Alex est né le 8 mai 1953, Edward, le 26 janvier 1955. Les Van Halen s’installent à Pasadena en Californie en 1962. Jan Van Halen, le père des deux garçons, est musicien professionnel. Il n’est donc pas étonnant que ses enfants baignent rapidement dans la musique. Edward apprend le piano classique, et montre un don certain, bien qu’il avoua plus tard n’avoir jamais su lire une partition. Ces cours lui seront précieux dans les années à venir.
Alex et Eddie tombent rapidement dans la marmite du rock, et deviennent fans de Cream et de Jimi Hendrix, puis de Deep Purple et Black Sabbath. En 1972, ils fondent Genesis avec le bassiste Mark Stone. Eddie s’occupe du chant. Alors qu’ils doivent louer du matériel pour un concert, ils acceptent la proposition du loueur, David Lee Roth : la facture est amoindrie si Roth tient le chant. Le culot paye: il restera malgré le fait que son audition n’ait pas été concluante quelques semaines auparavant. Michael Anthony prend le poste de bassiste en 1974. Cette même année, Genesis, devient Mammoth lorsqu’ils découvrent qu’un Genesis anglais commence à se faire connaître aux USA. Le nom Mammoth est une idée de Roth, qui trouve le terme efficace, bien en adéquation avec la musique du quatuor. L’année suivante, les frères Van Halen réaffirment leur maîtrise du groupe en lui donnant leur patronyme.
Le shredder
La réputation de Van Halen grandit dans le secteur de Pasadena et Hollywood. A coups de distributions de flyers à la sortie des lycées, le public grandit. Ils deviennent le groupe résident au Myron’s Ballroom, au Gazzarri’s sur le Sunset Strip, puis au Whisky A-Go-Go. C’est au Gazzarri’s que le bassiste-chanteur de Kiss, Gene Simmons les découvre et leur fait enregistrer une démo professionnelle au Electric Lady Studios de New York en 1976. Toutefois, le management de Kiss ne veut pas les signer, persuadé qu’ils n’ont aucune chance de marcher avec une telle musique.
Il faut attendre la mi-1977 pour que Mo Ostin et le producteur Ted Templeman, tous deux chez Warner Bros, les découvrent sur la scène du Starwood à Hollywood. Aussitôt signés, ils gravent leur premier disque en octobre 1977 en trois petites semaines.
Publié le 10 février 1978, Van Halen accroche la 19ème place des meilleures ventes d’albums aux Etats-Unis. Au-delà de cette entrée fracassante dans l’élite du rock, ce qui émerveille la presse et le public, c’est l’incroyable modernité du son du groupe, et son énergie sur scène. l’instrumental Eruption permet d’apprécier la fantastique dextérité d’Eddie Van Halen, et sa technique très particulière : le tapping. Eddie n’en est pas l’inventeur, puisque Harvey Mandel, notamment membre de Canned Heat, la pratiquait depuis le début des années 70. C’est toutefois Eddie qui va la populariser, et faire de lui le Mozart de la guitare, le nouveau Hendrix.
Plus largement, Van Halen définit avec ce premier disque un hard-rock puissant, posé sur des rythmiques solides, et sur lequel virevoltent les riffs flashy d’Eddie et la gouaille hurleuse de David Lee Roth. Van Halen ouvre la voie à un Hard-Metal nouveau, notamment aux Etats-Unis, plus vif, rapide, plus incisif, et aussi plus technique. C’est le début de l’ère des « shredders », ces guitaristes de hard-rock et de heavy-metal alignant mille notes à la minute sur des Ibanez ou Jackson ultra-tunés. Sans lui, pas de Randy Rhoads, de Kirk Hammett, d’Yngwie Malmsteen, de Joe Satriani ou de Steve Vai.
Le riff de Beat it, gratos
Van Halen se fait connaître mondialement en assurant la première partie d’un Black Sabbath fatigué en 1978, littéralement éclaté par les quatre jeunes Californiens tous les soirs. Cela n’empêchera pas le groupe de Birmingham de leur offrir les meilleures conditions pour jouer, conscient qu’une passation de pouvoir entre deux générations de métallurgistes est en train de s’opérer.
Les années qui suivent sont un enchaînement fort classique d’albums tous multi-platines aux USA et de tournées mondiales à guichets fermés, dans des décors scéniques de plus en plus déments. En 1982, Eddie Van Halen est contacté par le producteur Quincy Jones, qui désire lui demander un solo de guitare sur un morceau de son protégé du moment : Michael Jackson. L’idée n’est pas de Quincy Jones, mais de son propre fils, qui lui conseille le meilleur guitariste de Rock du moment. Lorsqu’il appelle au téléphone Eddie, ce dernier raccroche par deux fois, pensant à une mauvaise plaisanterie. Finalement, convaincu par les arguments de Jones, il se rend en studio et capte en deux prises le mythique solo de Beat It. Il le fera par ailleurs gratuitement, un peu pour se faire pardonner d’avoir raccroché au nez de Quincy Jones, mais aussi parce qu’il considère que c’est un échange de bons procédés entre artistes. Les autres membres de Van Halen le prendront toujours pour un fou de ne pas avoir demandé un sou.
En 1983, Van Halen clôt le heavy-metal day de l’US Festival qui se tient le 29 mai. Le quatuor est la tête d’une affiche incluant Quiet Riot, Motley Crue, Ozzy Osbourne, Judas Priest et Scorpions. Ils toucheront à cette occasion un cachet de 1,5 million de dollars pour 90 minutes, ce qui leur permet de rentrer dans le Guinness Book des Records pour la prestation la plus rentable du monde.
Sur le toit du monde, l’ambiance dans le groupe n’est pourtant pas vraiment au beau fixe. Des dissensions ont émergé entre Roth, qui veut privilégier le côté Pop, et Eddie, qui veut développer un Hard-Rock plus complexe. Etant le patron et le principal compositeur, c’est ce dernier qui obtient gain de cause pour le nouvel album : 1984.
Publié le 9 janvier 1984, Eddie Van Halen fait usage pour la première fois de synthétiseur, qu’il joue lui-même en tant qu’ancien pianiste. L’idée de mêler sons synthétiques et guitares ultra-compressées fait un malheur, grâce notamment au méga-tube « Jump ». L’album se vend par camions. Van Halen est devenu plus qu’un groupe de Hard-Rock très populaire, il entre dans la catégorie très enviée de la formation grand public, chacun étant capable de fredonner au moins une de leurs chansons.
Eddie se construit son propre studio, le 5150 Studios, et Jump devient numéro un aux USA, obtenant le Grammy Award de la chanson de l’année. C’est pourtant dans ce contexte que David Lee Roth décide de partir pour se consacrer à une carrière solo à succès, avec notamment une reprise de California Girls des Beach Boys, et celle de Just A Gigolo de Al Jolson.
Dévasté par ce départ, Eddie Van Halen pense lui aussi à la carrière solo avant de se raviser. Il trouve un remplaçant : Sammy Hagar. Lui et Eddie sont fans de bagnoles. Hagar fut aussi le chanteur du groupe Montrose, produit par … Ted Templeman, et une des sources d’inspiration du son Van Halen. Hagar connaît un joli succès avec la chanson « I Can’t Drive 55 » en 1984, extrait de son album solo VOA. Hagar a un timbre avec de faux airs de David Lee Roth, la puissance bluesy en plus. Van Halen et son nouveau chanteur vont enregistrer quatre albums ensemble, tous numéro un des ventes d’albums aux Etats-Unis, et multi-platines : 5150 en 1986, OU812 en 1988, For Unawful Carnal Knowledge en 1991 et Balance en 1995.
Toutefois, le bateau tangue à nouveau au début des années 90. Avec l’arrivée du Grunge et le succès de Nirvana, Pearl Jam et Soundgarden, tout le hard-rock des années 80 est ringardisé, du Glam-Metal de Motley Crue, Ratt, Poison… au hard-rock mélodique de Van Halen, Scorpions, Bon Jovi… Van Halen n’a jamais donné dans la mélodie sirupeuse et putassière, croisant habilement mélodie et riff chromé. Toutefois, il est le symbole de ce Hard clinquant et fun typique des années 80, avec ses clips MTV gorgés de filles en bikinis fluo et de hot-rods flashy. Balance tente de revenir à l’os, plus directement Hard-Rock. Les musiciens laissent tomber l’image frimeuse des années 80 pour des tenues plus sobres. Cela ne suffit pas à arrêter l’érosion des ventes, bien que le disque soit tout de même encore trois fois platines.
Une vie d’excès
1995 est aussi le début des ennuis de santé pour Eddie Van Halen, résultat d’une existence agitée. Eddie conjugue en effet un tabagisme conséquent depuis l’âge de douze ans, des problèmes d’alcoolisme et de dépendance à la cocaïne. A cela s’ajoutent des performances ultra-physiques sur scène qui le voit se contorsionner dans tous les sens et assurer de multiples bonds et autres figures acrobatiques, ainsi que divers accidents de voiture. L’organisme usé, c’est d’abord une nécrose vasculaire chronique douloureuse qui l’oblige à ralentir le rythme des concerts. Il doit ensuite se faire opérer de la hanche en 1999. Puis c’est au tour d’un cancer de la langue de se déclarer en 2000. Il est officiellement sorti d’affaire en 2002. En 2007, il entreprend une cure de désintoxication afin de se libérer de ses différentes addictions.
Durant cette période, le caractère tatillon de Sammy Hagar et celui empoisonné d’alcool et de drogue d’Eddie finissent par se fracasser l’un contre l’autre pour une histoire de paroles de chanson refusées et réécrites par Eddie dans le dos de Hagar. Ce dernier s’en va en 1996 ; Il est remplacé par le vocaliste de Extreme, Gary Cherone, pour un honnête album, III, en 1998, au succès commercial très mitigé, à peine disque d’or aux USA.
Trop préoccupé par sa santé, Eddie Van Halen prend le temps de se soigner. Il décide en suite d’enterrer la hache de guerre avec Sammy Hagar. Van Halen Mark II reprend la route en 2004 pour une tournée best-of qui va rapporter pas moins de 55 millions de dollars.
Le fidèle Michael Anthony se fait ensuite virer, et remplacer par le propre fils d’Eddie, Wolfgang. Anthony avait depuis quelques années pris l’habitude de jouer régulièrement dans le groupe solo de Sammy Hagar, les Waboritas. Il avouera avoir été très peu impliqué sur III et sur les quelques titres inédits d’un best-of. Son départ était semble-t-il inévitable.
En 2007, David Lee Roth fait son retour, et Van Halen reprend la route. Un nouvel album sort en 2012, A Different Kind Of Truth, ainsi qu’un nouveau best-of. Les derniers concerts auront lieu en 2015, les tournées étant suffisamment espacées pour permettre à Eddie Van Halen de récupérer entre deux, notamment d’une opération des diverticules intestinaux en 2012. Fin 2019, il est hospitalisé en phase terminal d’un cancer de la gorge contre lequel il se battait depuis quatre ans. Il s’éteint définitivement ce 6 octobre, à l’âge de 65 ans.
Depuis le milieu des années 80, la carrière de Van Halen était essentiellement américaine. En Europe, on les avait oublié, rangé dans les souvenirs des années 80, parfois sorti du placard lorsque retentissait Jump dans un meeting politique, un match de foot ou un jeu télévisé. C’était ignorer l’importance qu’eut Eddie Van Halen et sa musique sur le rock mondial, modernisant avec fougue un hard-rock que le punk voulait enterrer. C’est aussi oublier tout simplement les faits : Van Halen fut l’un des plus grands groupes rock du monde, et Eddie Van Halen, l’un des musiciens les plus influents de ces cinquante dernières années.
7 commentaires
alors david lui rote a la gueule a ted nugent
VAN ALLEN C’est de la soupe BOLINO c’est MAINSTREAM A MORT ,pour une feuille de choux soit disant influencé par la contre culture du magazine actuel de bizot vous ne parlé même pas des vrai artiste underground décédé comme DAVE KUSWORTH
La mort de l’immense Dave Kusworth est complètement passé inaperçu en France,cela en dis long pour moi sur l’état de la presse musicale en France et surtout sur le peu de culture musicale de la nouvelle génération de pigiste et de pseudo journaliste à la petite semaine qui officie dans les médias numériques etc ..
https://perseverancevinylique.wordpress.com/2020/10/04/the-song-of-my-life-vol-524-jacobites-silver-street/?fbclid=IwAR2rmi3en_xL7lT4AT7il_4S_jykXQJ7La4gxG8NA4Uhn6_TtJIt4g89J0A
ENFIN QUELQU’UN A RENDU HOMMAGE A L’IMMENSE DAVE KUSWORTH . Benjamin Berton la légion d’honneur pour toi , toi au moins tu fais ton job , un beau papier même si je suis pas d’accord sur le fait que Personne que ne se souviendra de Dave Kusworth. Tu as toujours des parties pris un peu particulier comme pour le livre sur les tvp’s et les passages fictif sur Geoffrey Ingram. PRENEZ EN DE LA GRAINE Gonzaï et Section26 et consorts vous n’avez pas fais votre travail SHAME ON YOU
https://www.sunburnsout.com/personne-ne-se-souviendra-de-dave-kusworth-1960-2020-et-c-est-tant-mieux/?fbclid=IwAR2c6vRQ-huiBLCSRDCAyLdlZADVRGAuFjzVj7YtzDYn0hLXRJk5vmStC_I
Ce curieux besoin de vouloir sans cesse réhabiliter les trucs les plus obscurs…qui le sont sûrement pour une bonne raison…
Un obscur qui veut briller
Si Randy Rhoads s’était pas crashé, question 6 cordes y’avait pas photos et niveau compos itoo
Eddie est allé quémandé auprès d’ozzy en son temps, et ce dernier n’a rien voulu entendre et préféré embaucher le Lutin Blond, qui lui à révolutionné le genre Métallique.
Même s’il n’as pas la notoriété de Van halen à cause de sa mort prématuré et de la personnalité écrasante de son leader, son apport au métal est plus important dans le temps que celui de Van Halen
On lit des trucs incroyables ici.