Depuis peu, Beck et ses potes reprennent des albums entiers (Le velvet, Leonard Cohen, …) en studio, où est le gonzo ? Dans le temps qui passe. Dans les déceptions d’hier qui remuent à nouveau. Dans la spontanéité des prises. Dans une nouvelle recette de banane et dans Suzanne (la chanson, bande d’obsédés lubriques sous couvert de mélomanie monomaniaque). Bref, Beck is back. Et confirme qu’à défaut d’être le révolutionnaire qu’il a toujours rêvé d’être, il reste le meilleur des passeurs de plats.
Les héros d’hier.
1967. « I’m waiting for my man, Twenty-six dollars in my hand, Up to Lexington, 125, Feel sick and dirty, more dead than alive, I’m waiting for my man ». Quand Lou Reed chante ces conneries, il semblerait qu’il n’ait encore jamais pris d’héroïne de sa vie. Son Velvet Underground & Nico sort dans la quasi-indifférence. 40 ans plus tard, pas un musicien rock n’oublie de citer l’album à la banane, aujourd’hui entré dans l’histoire d’un genre jamais avare d’ironie. Par la suite, le père Reed se rattrapera sur la dope, flirtera plus qu’à son tour avec la riante faucheuse afin de continuer, 40 ans plus tard, à envoyer chier les journalistes et à faire la gueule sur les photos. Pendant tout ce temps, les losers de la Factory, poètes et autres éphèbes immortalisés en noir et blanc n’auront pas tous eu cette chance. Car l’industrie du cool possède un appétit dévorant. Et pas un gramme de scrupule.
Note pour la génération actuelle : si ça n’est pas déjà fait, lisez les entretiens entre Lester Bangs et Lou Reed, c’est autre chose que Beigbeder.
1994. « I’m a loser baby, so why don’t you kill me ? ». Un branleur à mèche ayant déjà One foot in the grave se fait un prénom sur la foi d’un tube crossover et phagocyte le terme loser pour toute une génération : quand on a 20 ans dans les 90’s, on fume du (mauvais) shit, on a des trous dans ses pantalons et enfin un hymne à se mettre sous le cheveu long et gras. Mais Beck est un malin : il survit à cette décennie. Pas comme ce GROS loser de Cobain. Le mauvais shit n’a jamais fait aussi mal à la tête. « Passe moi ton bong, le mien est foutu ».
Note pour la génération actuelle : le tissu à carreau n’as pas été inventé pour Charlotte Gainsbourg.
Jouir aujourd’hui plutôt que demain
2009. Le temps ne faisant rien à l’affaire, Beck est devenu moche. Il a un horrible double menton, les joues creuses et sa chevelure hier si « parfaitement désordonnée » semble se battre pour conserver sa place sur son front. Côté oreilles, plus rien à se mettre de bon depuis, allez, Odelay. Dont il se murmure qu’il doit ses splendeurs aux Dust Brothers à la prod. D’ailleurs, parlons en, de la prod : Beck a rencontré Nigel Godrich ; fatal error. Summum de l’ampoulé, le très « chanson pour les filles » Sea change. On s’y emmerde impeccablement : un disque parfait pour les pages temps libre. Bon, c’est un peu de notre faute, aussi : cheveux courts, coke plutôt que pipe à eau, crédit sur 20 ans, progéniture.
Note pour la génération actuelle : rien ne sert de courir…
2009 again. Le vieux Lou rejoue Berlin en live, Leonard Cohen est sorti de sa retraite méditative pour renflouer des caisses vidées par l’industrie du cool et un manager à priori sans scrupule (ça alooorrrs). Place entre 70 et 130 €. Et quand vous aurez cinq minutes, envoyez des sous à Freedom for Tibet (habillés en made in China, ça va de soi).
Pas de notes. Démerdez vous.
Record club, le futur ?
Bientôt 2010. Beck s’emmerde. Beck vient de produire (il a tout écrit, quoi) le nouvel album de Charlotte Gainsbourg. Beck aurait bien voulu être aussi révolutionnaire qu’il l’annonçait, au dos de la pochette d’Odelay mais il n’a jamais eu sous la main assez de dynamite. On peut supposer que ce n’est pourtant pas une question d’argent… mais bon, Beck s’emmerde. Internet foire les ventes de disques, il n’est plus le héros d’hier alors que son nez pointu pointe encore vers le futur. Bordel, Quoi faire de nouveau ? « Du neuf avec du vieux ? Tiens, ça c’est une idée ». Beck n’a jamais été avare de bonnes idées.
Sa dernière en date s’appelle Record club. Et le principe est simple : rejouer des albums en entier avec ses potes musiciens, mais en un seul jour. Le tout est filmé, enregistré et balancé sur son site, à raison d’un titre par jour.
Name dropping : Beck, Devendra Banhart, Feist, Jamie Lidell, Nigel Godrich, des gars de chez Wilco, un autre d’MGMT, etc…
Albums déjà passés à la moulinette : Songs of Leonard Cohen. Velvet Underground & Nico.
En cours de réengistrement : Oar de Skip Spence.
So fuckin what ?
So fuckin good ! Quelle claque ! Des éclats de rire à la fin des pistes, des vidéos toutes cradingues en guise de témoins, Feist appliqué sur sa gratte, Banhart faisant le zouave sur sa Gibson, Lidell dont on se demande ce qu’il fait… et Beck, tout maigre mais tout appliqué et tout concerné, mais juste ce qu’il faut, genre maître de cérémonie à la cool. Des sourires de partout, des hurlements sur Heroin, en lieu et place des initiaux balbutiements du shoegazing, une There she goes again très One foot in the grave, Suzanne toute en incantation, Master song se la jouant Run DMC, Venus in furs avec un dé à coudre d’EPO dans le BPM, The black angel’s death song se découvrant des impeccables allures country…un joyeux bordel, vraiment.
Note aux générations actuelles, by Beck himself : « Le but n’est pas d’améliorer l’album original, ni d’en restituer l’énergie, mais plutôt de jouer simplement la musique et de documenter ce processus. Et ceux qui ne connaissaient pas les versions originales auront envie de les découvrir à l’écoute de ce travail, du moins nous l’espérons ». Et moi donc.
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