Trouvez moi un noir qui chante comme un blanc, et vous obtiendrez un groupe éternellement oublié. Maudit même outre-tombe, Love est un groupe que les nombreuses réévaluations, réédit

Trouvez moi un noir qui chante comme un blanc, et vous obtiendrez un groupe éternellement oublié. Maudit même outre-tombe, Love est un groupe que les nombreuses réévaluations, rééditions et le retour en force des sixties n’ont pas réussi à dresser sur le piédestal qu’il méritait. Une preuve de plus, s’il en est, que l’amour est mort. Arthur Lee avec.

De la west-coast californienne des sixties, le grand public aura préféré retenir les Doors, menés par un lézard vite devenu pachyderme et tirant leur nom de l’oeuvre d’un des pires écrivains américains après Ron Hubbard… Ou alors, les pseudo-initiés se souviennent, plutôt aimeraient se souvenir, de la multitude de groupes à franges en daim et pantalons mal coupés peinant à égaler l’élégance naturelle anglaise, qui n’a hélas pas fait le tour du monde, réunis au Fillmore tous les soirs pour écouter le Grateful Dead et par là-même décider de monter un groupe avec les copains; pour être responsables de la sortie quarante ans plus tard d’un coffret fourre-tout et somme toute, il est vrai, pas trop mal foutu (Love is the song we sing).

Bref, les Doors restent encore à ce jour la plus grande escroquerie du rock and roll, même si je garde un faible pour Ray, l’organiste à lunettes; et le Grateful Dead reste un…groupe pour les beaufs, avec son esthétique pré-Iron Maiden.

Au milieu de tout ce bas-rock, il y eut un groupe baroque: Love.

Un nom bien dans l’air du temps, un look aussi, des prestations scéniques à la hauteur d’un public pourtant très « high », mais une fâcheuse tendance à éviter soigneusement d’enfoncer les portes ouvertes comme les si bien nommés Doors.

Une supériorité en tout point concrétisée en 1967, année fertile en chef-d’oeuvres, des Beatles au Velvet Underground (que les habitués du Fillmore n’avaient guère apprécié soit dit en passant), sur l’album Forever Changes.

Soyons clairs sur le cas d’Arthur Lee, chanteur du groupe: la première fois que j’ai entendu 7 and 7 is , j’avais cru écouter un blanc de plus tentant d’imiter les blancs qui imitent les noirs. Ce qui faisait une bonne distance entre Arthur Lee et le chanteur noir, donc…

Mais, quand à la dix-huitième seconde de Maybe the people would be the times or between Clark and Hilldale, Lee jette cette phrase « Now, the music is so loud » sur un rythme à la limite d’une savante Bossa-Nova et sur un pont qui devrait servir de modèle à tous les gens prétendant faire de la pop, on oublie sans difficulté que cet Arthur-là n’a pas hérité d’un des atouts de sa couleur (pour l’autre, vous demanderez à Charles Von Strychnine de faire renaître de ses cendres sa rubrique Porno Gonzo, il vous y expliquera tout). Toujours est-il qu’au Roi Lézard, que je destitue, je préfère le Roi Arthur, qui n’a jamais vraiment trouvé son trône et à qui l’on ne peut que reprocher d’avoir justement fait découvrir Jim Morrisson au label Elektra… Cruelle ironie.

Forever Changes est un disque aux détails aiguisés, aux inspirations noblement Burt-bacharachiennes (vous vous en rendrez compte sur Wonder people), un chef-d’oeuvre entre rock, folk et easy-listening sans les aspects chiants.

Les guitares sont tout ce qu’un amateur de musique peut attendre de cet instrument, l’énergie avec l’élégance quelque part entre Wes Montgomery et Jimi Hendrix: sur une autre planète.

Love, avec ce disque, sont aux Etats-Unis ce que les Zombies et leur Odessey and Oracle furent au Royaume-Uni: des faiseurs de miracles passés inaperçus. Tout ce qui relève de la métaphysique, le commun des mortels refuse de le remarquer. Mais comme les Zombies aussi: un nom qui semble avoir été choisi sur le tas, une image pas vraiment définie, pas vraiment de sex appeal, excepté le traditionnel (puisque présent dans tous les groupes de l’époque) faux Brian Jones, qui s’appelle d’ailleurs Bryan.

Bien sûr, de nombreux détails n’ont pas aidé Love, au milieu d’une explosion créatrice et d’une flopée de groupes, mais tout de même, la musique devrait parler pour elle-même non? Revenons un instant à la création de ce disque.

Les musiciens de Phil Spector sont convoqués, après que Neil Young a refusé le poste de producteur (pas étonnant tiens), ainsi que le Los Angeles Philharmonic Orchestra. Dès lors, on ne peut s’attendre qu’à un foudroyant résultat, à une pop capable de vous malmener au gré des musiciens et des violons, et ce de l’ouverture, Alone again or, à la clôture, Laughing stock, sorte de montée crescendo vers une folie acide, cette fois-ci dénudée de tout artifice orchestral. Forever changes est une profonde révolution, non pas que cet album propose de nouvelles sonorités, des expérimentations sorties de nulle part, mais plutôt une retranscription poétique et surréaliste de la cité des anges des sixties vue par un junky visionnaire et des musiciens à la rigueur presque maladive. C’est dans le ternaire que Love s’élève, c’est dans le binaire que Love ramène sur terre, rien d’exceptionnel en somme dans le procédé, mais tellement puissant dans le résultat.

Love et leur Forever changes seront les petits chéris des Anglais, Syd Barrett et autres The Smoke, et plus largement de tous ceux qui veulent l’harmonie, pendant que les Doors deviendront peu à peu l’obsession de la vulgate et des amateurs de provocation gratuite… A vous de faire le choix maintenant. Pour ma part, je prône l’amour de Love….

Ah j’allais oublié, Love étaient aussi bien meilleurs que les Byrds. Mais cela va de soi.

13 commentaires

  1. Dès la première phrase cet article est une catastrophe… Essaye de nous parler de musique actuelle plutôt que de réécrire une histoire que tu n’as pas assimilée

  2. Mec, si tu veux vraiment parler de l’un de ces groupes géniaux dont les journalistes se préoccupent peu, fais-nous alors un papier sur Marillion, par exemple. T’as déjà écouter « This strange engine »? Les Cocteau Twins mériteraient aussi des articles de fond à la hauteur de leur musique qui a véritablement ouverte de nouvelles portes à tous les amateurs de création sonore. Et fais gaffe! Le parisianisme le plus délétère est en train de te gagner, ami discophage!

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