(C) Camille Cooken

Vous avez peut-être raté la sortie la plus réjouissante et la plus fascinante de cet hiver 2023, et c’est une énorme erreur. De quoi est-il question ? Du « Hell Gate » co-écrit par le guitariste culte de Sonic Youth et les Belges, avec une histoire où il est question d’une bande de désaxés bien décidée à ne plus se faire avoir par des connards de gens « valides » et qui se libère définitivement grâce à une légende du rock.

On pouvait difficilement imaginer plus parfaite rencontre. D’un côté, le Wild Classical Music Ensemble, un groupe de souffrants psychiques au grand cœur bien supérieur à la moyenne, qui exorcise  le mal avec du punk bordélisé depuis 2010, et ensuite deux albums solides chez le terriblement bien nommé Born Bad Records, dont une incantation après-punk festive, cheloue et cathartique sur «Tout va bien se passer », en 2019. Malheureusement, tout ne se passe pas toujours bien, pour cette bande de belges pourtant adorable, victime d’un harcèlement moral continuel de la part d’abrutis qui se mettent à les applaudir, subitement, à la seconde même où ils montent sur scène, parce que la société leur a demandé de le faire, avant de les moquer, une fois le WCME redescendu dans la fosse aux lions, parce que la société leur a demandé de le faire.

Peut être une image de 3 personnes et personnes debout

De l’autre côté, un ange vient de les rejoindre, depuis peu. Il s’appelle Lee Ranaldo. Membre fondateur de Sonic Youth, il mène depuis des lustres une carrière appétissante en solo, recherche et rock, rêve et violence. La société ne lui a rien demandé, mais il s’est ramené en solo, comme un grand, pour communier avec ces âmes pures, et pas pour « les aider ». Ces Belges n’ont pas «besoin d’aide», ils veulent juste un peu d’amour, pour oublier toute la haine qu’ils subissent au quotidien, pour délit de sale gueule, délit de langage atrophié, et délit de différence. Pour oublier cette dystopie humaine, Lee et le groupe se sont retrouvés pour faire l’amour ensemble, avec des guitares et des trucs chelous, dans la vérité de l’instant. Tout en renouant avec ses origines expérimentales, le professeur Ranaldo leur a appris à solidifier leur violence, de manière à la faire ressortir, encore plus violemment. Tiré de plusieurs heures d’improvisation, le résultat du LP collaboratif « Hell Gate » est fascinant. Le WCME n’a jamais paru aussi bon et Ranaldo aussi jeune. Ensemble, ils semblent quitter l’enfer par la grande porte avec une forme d’hypnose noire, électrique et méchante, qui rappelle les grandes heures du Velvet Underground. Quant au dernier morceau, il s’agit d’un requiem pour l’amour de l’Humanité. Rien que ça, ouais.

Pour vous récompenser d’avoir lu cet article jusqu’ici, on tenait à vous offrir ce cadeau, une vidéo de leur tournée néerlandaise.

 

On y découvre Lee Ranaldo, plus gentil que jamais, avec une ouverture d’esprit rarement atteinte dans l’histoire humaine, bien plus que le trop glorifié Keanu Reeves. On y voit des êtres humains, rencontrant d’autres êtres humains, et pas des putain de robots en costard-cravate. On voit aussi l’envers du décor du WCME, avec le style, la coiffure, la préparation des lacets, et le coach sportif/mental du groupe qui prévient Ranaldo : «Sébastien a beaucoup de violence en lui. Il insulte le public, il en a besoin. Je lui ai dit OK, mais durant le concert. Ne t’étonnes donc pas d’entendre des connards ! Connards !». La performance, elle, se passe de commentaires, et d’insultes.

WCME & Lee Ranaldo // Hell Gate // La Belle Brute

Et pour savoir où et quand se faire insulter gratos, c’est par là.

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