Vous vous sentez perdu parmi les plus de 60 000 titres mis en ligne chaque jour sur Spotify ? Nous aussi. Mais on a quand même pris le temps d’en écouter certains et voici ce qui a retenu notre attention ce mois-ci.
The Vacant Lots – Interior
Mood : la révolte permanente par le poignard.
J’ai une guitare électrique qui traîne depuis des lustres dans un coin de l’appartement, à prendre la poussière. À chaque fois que je passe l’aspirateur, en la bougeant avec précaution, une vague de frustration et de gêne me submerge. On dirait que la guitare me balance des reproches : « Hey mec, si t’avais été plus assidu, t’aurais pu jouer dans les Guns’n’Roses, à la guitare rythmique. » Ouais, à l’époque, j’avais des rêves plein la tête. Faut toujours viser haut, même si tu te ramasses, au moins j’atterris dans les étoiles. Mon plus grand souhait, mon projet secret, c’était de remplacer Izzy Stradlin – puis Gilby Clark – à la gratte dans les Guns. Je m’imaginais avec une chevelure soyeuse de malade, un look un peu gitan à la Keith Richards (avec des traits de khôl sous les yeux, des foulards de hippie) et des santiags en peau de serpent. J’aurais balancé mes riffs avec une Les Paul Standard 1956 toute éraflée, couverte de capsules de bières vintage de partout. J’avais tout pensé dans les moindres détails, cette guitare aurait été mythique.
Je me voyais déjà sur les plus grandes scènes du monde – Tokyo, Paris, Tel-Aviv, Buenos Aires, Dallas – en balançant avec ma dextérité habituelle un « Double Talkin’ Jive ». J’aurais échangé un regard complice avec Slash : « Yeah mec, t’as encore déchiré ce solo, fils de pute ». J’aurais eu mon propre style sur scène : les jambes écartées, des moulinets amples avec les bras – exactement la même pose que sur la pochette de Sonic Temple de The Cult. Et puis, j’aurais pu faire de la Harley Davidson sans casque avec les autres gars du groupe. Ou bien m’amuser avec eux à jouer au billard dans le Boeing 747 de la tournée « Use Your Illusion », en descendant des rasades de Jack Daniels à même le goulot, pour finir par raconter mes états d’âme en pleurant dans les bras de strip-teaseuses californiennes compréhensives. J’aurais eu la croix d’Appetite For Destruction tatouée sur l’épaule, comme un signe de loyauté envers le gang.
Avec ma patience légendaire, je me serais bien entendu avec Axl Rose. Il m’aurait même filé un job pour jouer sur Chinese Democracy avec un salaire fixe tous les mois. Après la dissolution du groupe, j’aurais monté un groupe avec des anciennes gloires déchues d’Hollywood : des mecs de Duran Duran, Brian Adams ou Ugly Kid Joe. J’aurais même pu jouer à l’anniversaire de Lenny Kravitz, entouré de potes rock’n’roll, les vrais, ceux qui savent ce que ça fait de se saigner sur une Gibson. Et puis… Et puis, voilà les délires qui me traversent la tête quand je passe l’aspirateur en jogging Décathlon. Mais bon, ce côté cuir et rock’n’roll, je le retrouve dans ce disque de The Vacant Lots. L’ambiance ici, c’est plutôt bottes anglaises à la Jesus & Mary Chain que santiags en peau de serpent. Mais ne vous y trompez pas : il est bien question ici – encore une fois – d’esprits déviants des disciples de l’anarchie. LOVE Gerard
Donato Dozzy – Magda
Mood : vous auriez bien passé la Saint-Valentin à Venise avec Brian Eno.
C’est peu dire que la musique de Donato Dozzy est l’une de mes marottes depuis la sortie de « Voices from the Lake », album du duo éponyme cofondé avec son compatriote et cadet, Neel, le plus beau disque de la décennie passée. Ce long mix ambient techno composé d’une petite douzaine de séquences amniotiques et vespérales a fait date et propulsé le Romain sur le devant de la scène électronique, sa réputation ayant été consolidée par des DJ sets psychédéliques et, pour tout dire, totalement barrés.
Aucune de ses productions ultérieures n’égalait ce chef-d’œuvre en dépit de quelques fulgurances (écoutez « 12H.5 – Remix » sur son maxi Variations paru il y a cinq ans, pour vous faire une idée). Il rejoignait la liste des super disques dont on devine en les découvrant que leurs concepteurs ne parviendront jamais à rééditer un tel effort, comme si des circonstances extraordinaires et non reproductibles avaient influencé le cours des choses en échappant au contrôle des protagonistes. Odessey and Oracle, Endtroducing….., The English Riviera, chacun pourra compléter la liste.
Le dernier album de Dozzy, Magda, est composé de six plages contemplatives creusées dans une veine ambient techno – on ne change pas une formule qui gagne – dont quatre sont des références à des femmes. Des ex-copines peut-être ? Pas du tout, Dozzy n’est pas taillé de ce bois-là, enfin pas de celui dont on taille des pipes, puisque ce sont des hommages à des femmes de sa famille. Magda est ainsi l’une de ses tantes tandis que Sainte Cunégonde, qui donne son nom à l’une des pistes de l’album, a été canonisée après avoir été accusée d’infidélité et condamnée à marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc. Ce disque est aussi dédié à la mer Adriatique, les étendues liquides semblent l’inspirer après le lac de Sabaudia dont il était question dans l’album évoqué précédemment. Magda est une vraie réussite qui se découvre un peu plus à chaque écoute et, comme tout bon disque qui se respecte, le plus beau titre est celui placé en dernier : Lucrezia. L’une des marques de fabrique de Dozzy est de parvenir à injecter des sons organiques au milieu de nappes synthétiques. Mon album de l’année pour le moment (on est le 16 février).
J’aurais aimé vous parler du dernier EP d’Answer Code Request, LED, coproduit avec le berlinois Amotik, car il est vachement bien : de la techno dancefloor enluminée de longues plages de synthés contemplatives mais le temps me manque et ayant réussi à placer « vespérales » dans ces lignes, ma semaine s’achève avec le sentiment du devoir accompli. Romain FLON
Mollys – Balm Trips
Mood : j’ai appris que Brian Wilson souffrait de démence. Ça me déprime mais ce qui me rassure, c’est qu’il a des héritiers partout dans le monde.
« En vrai, Marseille c’est trop une dinguerie » pourrait s’exclamer sur les marches de la gare Saint-Charles ce millenial venu de loin avec sa dégaine de randonneur et sa valise à roulettes. On est envahi par les « venants » qui apportent gentrification, jambon-beurre à 10 € et explosion du prix de l’immobilier. Pourtant, personne ne les a attendus pour qu’une scène underground ait toujours fleuri dans la ville. Parmi ces partisans d’une musique exigeante, les deux membres de Mollys ferraillent ici depuis pas mal d’années. D’un côté, Mathieu Poulain, aujourd’hui installé à Lille, balade son rock psyché à travers la France sous l’avatar Oh ! Tiger Mountain. De l’autre, Olivier Scalia trafique son ambient-surf sous le nom Johnny Hawaii. Membres d’une scène locale comprenant notamment Kid Francescoli ou The Performers, les deux quadragénaires collaboraient depuis longtemps déjà jusqu’à la forme finale appelée désormais Mollys.
Leur premier album « Balm Trips » sorti chez La Station Radar est la somme d’un travail allant de 2014 à 2022 pour un résultat luxuriant balayant de multiples formes de pop expérimentale. Entre exercice réussi de kraut-surf (Pseudibis), rencontre opportune entre Vini Reilly et le Brian Eno mid-70’s (Airport is orange), post-rock lancinant pouvant renvoyer à Tortoise (Purple Space, Zombie Mariachi), ou dub aquatique (Eric Future), ce disque foisonnant se termine sur la longue procession Double Double Drums, seul titre comportant des voix avant une conclusion ambient. Il y a quelque chose d’assez enveloppant dans leur musique, comme peut l’être la mer Méditerranée en fin de journée. « Un banger » aurait pu dire le millenial. Emmanuel JEAN
https://themollys.bandcamp.com/album/balm-trips
Order 89 – Brûle
Mood : tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies.
J’ai fait un rêve la nuit dernière. Je me retrouve dans une sorte de lycée, assis en classe parmi d’autres ados – censés être mes camarades de classe. Il faut dire que dans ce rêve, je suis dans le corps d’un ado, mais j’ai comme le cerveau d’un adulte mature actuel, tu vois ce que je veux dire ? Bref, je me retrouve là, assis comme un idiot devant ma table, et il y a un prof devant le tableau qui nous dit, en gros : « Bon, le Service National Universel commence. Vous en avez déjà entendu parler, le SNU. À partir de maintenant, vous allez passer deux heures par jour dans les rues de votre ville, en groupe. » Et là, on descend tous les escaliers de l’école, dans un silence résigné, pour se retrouver dehors. On débouche sur une place dans une sorte de village, avec des peupliers et une fontaine. C’est le matin, très tôt, un matin d’hiver, il fait encore nuit. On est tous là à attendre, une bande de gamins, et là arrive un mec. Ça doit être un type des services techniques de la mairie – il doit avoir dans la cinquantaine. Il porte un pantalon de travail gris avec des poches partout, un t-shirt vert et une casquette verte. Je ne sais pas pourquoi, mais il a aussi du rouge à lèvres vert. Genre fluorescent. Mais dans mon rêve, ça paraît tout à fait normal. Et ce gars-là nous distribue des balais et des pelles à manches. Et il nous dit, tout simplement : « Bah voilà, faut nettoyer la place. Faut que ça soit propre. » Et nous voilà comme des cons à passer mollement le balai en fibre coco et à ramasser avec les pelles. On ne dit rien. On suit les consignes même si on ne pige pas trop ce qui se passe. Mais on obéit. Et moi, avec mon cerveau d’adulte plus mature, je me dis qu’il faut se rebeller. Si on ne dit rien, si on se laisse faire dès le début, ça ne va pas le faire et on va se taper ça pour toujours. Et ensuite, le mec de la mairie nous fait remarquer qu’on n’a pas de chaussures de sécurité. Il faut des chaussures de sécurité, qu’il nous dit, avec son rouge à lèvres. Et on remonte en classe pour enfiler des chaussures qui sont miraculeusement apparues sur nos tables.
Est-ce qu’il y a eu ensuite une rébellion de jeunes ados en colère ? On a eu droit à un remake du film punk Peur Sur La Ville (Over The Edge,1979) ? Je me suis réveillé avant. Mais sache que quand j’écoute ce disque d’Order 89 à fond, mes poings se serrent automatiquement très fort. Oh oui, j’ai sacrément envie de démolir le système et de devenir à mon tour un disciple de l’anarchie, un pro du désordre. Écoutez les tracks comme « Vert Colère » ou « Lipstick ». C’est leur troisième album, c’est français et chanté en français sans honte, c’est arrogant, c’est jeune, c’est beau, c’est sombre. LOVE Gerard
Turner Williams Jr – Ensoleillé
Mood : le trait d’union improbable entre Marseille, l’Alabama et la musique indienne.
Un Américain de l’Alabama installé à Marseille qui joue de l’American primitive Guitar. Qui bénéficie, en plus, de notes de pochette dithyrambiques signées du grand Philippe Robert. Quel scénario ! Je dois bien avouer n’y connaitre pas grand-chose à l’American primitive hormis Robbie Basho ou, vite fait, le créateur du genre dans les années 50, John Fahey. C’est une musique basée sur la technique à la guitare du finger-picking, influencée par le folk traditionnel ou le blues du début du XXe siècle à laquelle est venue se greffer l’apport du râga indien via le succès de Ravi Shankar, apportant touches orientales et psychédélisme en vogue à la fin des années 60. Justement, sur son disque tiré à seulement quelques exemplaires « Ensoleillé », Turner Williams Jr joue exclusivement du shahi baaja. C’est un étrange instrument indien électrifié avec clavier de machine à écrire, cordes et pédales d’effet. Il est assez fascinant d’entendre les sons qu’il peut produire avec cet objet. On croit y déceler du sitar, de la guitare drone, des cordes ou même du synthé modulaire.
Sur cet album plus accessible que ses précédents, comme son nom l’indique, il crée une atmosphère totalement hypnotique où la répétition amène à une transe assez douce. Sans rien y voir de péjoratif, c’est une musique parfaite pour des siestes méditatives. J’y retiens particulièrement deux longs titres : Pris sur la coursive sous vent frais et Tournesol. Dans ce dernier, au bout de près de quatre minutes de mantra quasi en boucles, un nouveau motif magnifique arrive brièvement avant de terminer dans une forme d’improvisation. Je ne saurais pas vraiment dire ce qu’est cette musique ni d’où elle vient. C’est probablement ce qui en fait tout son pouvoir attractif. Emmanuel JEAN
https://tomvalrecords.bandcamp.com/album/ensoleill-e
Epic 45 – You’ll Only See Us When The Light Has Gone
Mood : avec l’âge, on se rend compte que Phil Collins, ce n’est pas si mauvais.
J’ai toujours été fasciné par le concept des fans et de groupe culte dont on murmure le dévouement derrière le rideau. Prenez par exemple les fans du groupe Felt : j’ai toujours été étonné – et un peu jaloux – de leur attitude. C’est comme s’ils faisaient partie d’une société secrète. Ils attendent les dernières nouvelles du groupe, établissent des classements de leurs disques préférés, mais surtout, accueillent chaque nouvelle œuvre de Felt comme un don du ciel, avec excitation, enthousiasme et respect.
J’étais jaloux, car même si j’admire de nombreux artistes, il n’y a pas beaucoup d’entre eux qui sortent des nouveautés qui m’excitent vraiment. Soyons honnêtes : même les plus grands artistes ont sorti des disques moyens. Cela vaut pour tous ces artistes qui tentent de susciter un nouvel engouement avec un nouvel album afin de remplir une nouvelle tournée. Ce n’est pas méchant de dire ça, au contraire, ça me rend triste. Si vous avez des contre-exemples, je suis preneur.
Bref, tout ça pour dire que j’ai ENFIN trouvé mon groupe culte et secret : Epic 45. Un duo anglais, amis depuis l’enfance, qui bricole leur musique depuis près de 24 ans. Ils sortent leur treizième disque et ont à peine 5000 abonnés sur leur page Facebook ! Les deux gars d’Epic 45 habitent dans un coin paumé de la province anglaise, en milieu rural. Je ne pense pas qu’ils arrivent à vivre de leur musique. Je les imagine avoir un boulot à côté : l’un doit bosser comme magasinier à La Plateforme du Bâtiment et l’autre doit travailler comme ingénieur pour la British Railways. Je les imagine mariés avec deux enfants chacun – ce qui ne devait pas être le cas au début du projet Epic 45. Ils doivent se retrouver le dimanche après-midi dans la grange de l’un, à bricoler leur guitare avec des delay sans fin, des nappes de synthé shoegaze et des bribes de chansons pop désespérées. Epic 45 cite comme influences les disques de Sarah Records, Talk Talk, New Order et Robert Wyatt. C’est vraiment ça.
Sur ce disque, le duo est épaulé – et c’est une nouveauté – par un batteur. Ce qui leur donne une ossature plus rock. C’est leur disque avec un esprit très Phil Collins, mais dans le bon sens du terme. Quand Phil Collins traînait avec John Martyn, expérimentait avec sa boîte à rythmes Roland CR78 et tentait d’amener le rock progressif médusé de Genesis vers des contrées plus personnelles. Bref, vous pouvez vous jeter sur la discographie d’Epic 45. Mais chut ! C’est un secret… LOVE Gerard
Aline – La Lune sera Bleue
Mood : dernier tour de piste pour les cadors de la pop indé française.
Nous sommes donc sur un Thema Marseille. Au regard des piteux résultats de l’OM, il faut bien chercher du positif. Surtout quand il s’agit de parler d’Aline, soit cet exemple rare de pop indé venue de la ville de Jul à avoir presque atteint le succès commercial dans les années 2010. Avec deux albums impeccables, ils avaient réussi l’exploit de livrer une version française de pop « ligne claire » comme il est coutume de dire, très référencée anglo-saxonne allant de The Smiths aux productions Sarah Records ou l’école écossaise (The Pastels, The Wake). Ces anciens Young Michelin qui avaient dû changer leur nom en raison d’un petit vendeur de pneus procédurier ont pourtant disparu il y a de cela presque dix ans en nous laissant en plan. Leur chanteur Romain Guerret, déjà brillant bien avant sous le nom de Dondolo, comblait encore le vide avec son projet Donald Pierre. Mais, celui qui est probablement l’un des songwriter le plus sous-estimé du pays, a donc décidé avec ses compères de relancer provisoirement le projet Aline. Dans le cadre d’une mini-tournée, ils publient un album de raretés : « La lune sera bleue ».
Il faut prendre le disque pour ce qu’il est. A savoir un recueil d’inédits et de reprises composés entre 2009 et 2015 qui n’avaient pas forcément vocation à finir sur un album. S’il n’a donc pas la force d’une œuvre savamment pensée comme ses prédécesseurs « Regarde Le Ciel » (2012) et « La Vie électrique » (2015), l’alchimie si particulière de ce groupe chéri opère souvent. S’éloigner quand même, La lune sera Bleue ou Marc pourraient faire figure de classiques de leur jangle pop uptempo. Les instrumentaux La rivière est profonde ou Acier géant naviguent entre guitare surf et post punk renvoyant à leur hymne d’antan, Les Copains. Ça reprend aussi Daho ou Bardot en gardant cette vibe yéyé si particulière chez eux. Et comme cette courte reformation n’aura visiblement pas de lendemain, les nostalgiques peuvent s’y replonger. Ils seront aussi à l’aise que devant la rediffusion d’un bon match des années Tapie. Emmanuel JEAN
The Serfs – Half Eaten By Dogs
Mood : si c’est trop fort, c’est que t’es trop vieux.
C’était cet hiver, pendant le marché de Noël, dans une petite ville du sud de la France. Au milieu des stands de vin chaud et de saucisson corse, installés dans de charmants petits chalets en bois, un mec d’une soixantaine d’années a débarqué tout à coup avec une guitare électrique en bandoulière. Il portait un pull à zip style camionneur et un jean bleu. Sans que personne ne lui demande quoi que ce soit, comme si c’était tout à fait normal, il s’est planté devant la fontaine et a posé un vieil ampli guitare. Il a mis un micro-casque à la Madonna, branché sa gratte, et sans dire un mot du genre « bonjour-au revoir », le mec s’est mis direct à attaquer I Wanna Be Your Dog des Stooges. À fond. En hurlant les paroles dans son micro-casque avec un son bien saturé. Il avait une voix de gars fatigué – genre Patrick Balkany avec un sacré accent du sud. Je te jure, j’ai assisté à cette scène. Les passants se baladaient en famille, il y avait des poussettes par-ci, des curieux devant les stands de sachets de lavande par-là, et ce type a juste décidé de jouer le répertoire des Sex Pistols, AC/DC, ou encore Lust For Life d’Iggy Pop dans l’indifférence générale. J’ai bien observé, il n’y avait pas de chapeau par terre ; le mec ne faisait pas ça pour ramasser quelques pièces. Non, ce gars était en mission.
Le groupe synth-punk, The Serfs, est aussi clairement en mission pour redonner vie à ce bon vieux rock’n’roll. Avec leurs sonorités garage-électro, le combo de Cincinnati a décidé de monter en selle. Réservé aux teenagers. LOVE Gerard
Cowboy Sadness – Selected Jambient Works Vol. 1
Mood : les cowboys les moins rapides de l’Ouest.
La somme de trois artistes qui ne vous passionnent pas vraiment peut-elle donner un disque qui vous emballe ? Je serais tenté de répondre « oui » à propos du premier album de Cowboy Sadness. A l’écoute rapide, rien de bien passionnant chez les trois membres de ce projet. S’il y a peut-être quelque chose dans l’espèce de jazz minimaliste de David Moore sous le nom de Bing & Ruth, les travaux de Peter Silberman avec The Antlers et Nicholas Principe avec Port St Willow auraient plutôt tendance à me faire fuir. Les trois Américains ont toutefois réuni leur talent, respectivement au clavier, à la guitare et à la batterie pour livrer un condensé des travaux réalisés entre 2017 et 2021 dans les montagnes Catskills. Attention au nom de l’album Selected Jambient Works Vol. 1 et son clin d’œil appuyé au premier chef d’œuvre d’Aphex Twin (Jambient doit être un jeu de mots que je ne comprends pas). Pas de breakcore ici mais plutôt un post-rock mâtiné d’ambient dans la veine de Labradford ou Stars Of The Lid.
Ce serait une musique de lever de soleil où tout se fait dans le calme et la retenue. Une forme de genèse où chaque bribe de mélodie prend le temps de se développer. A l’image d’une végétation qui renaît à chaque aurore. Les trois artistes parlent de « son du désert » et je suis donc peut-être complètement à côté de la plaque. La nature est en tout cas bien présente. Billings MT pourrait renvoyer au Tortoise le plus calme, il y a quelque chose du SAW II d’AFX dans Full Mammoth. Toujours dans la sérénité et la mesure (Agave, Range) jusqu’au bouleversant The Cowboy Way qui rivalise avec la mélancolie si particulière de Boards Of Canada. « Three is the magic number » disait De La Soul. Emmanuel JEAN
B77 – Computer
Mood : Entre M83 les Talking Heads, période « musique du monde ».
Vous avez vu la pochette de l’album « Wish You Were Here » de Pink Floyd ? Deux gars en costard qui se serrent la main et l’un des deux est en feu. J’ai toujours cru, naïvement, que c’était un montage, un coup de retouche photo astucieux. Mais en fait, pour prendre ce cliché (qui a été pris dans une allée des studios Warner à Hollywood), le studio créatif anglais Hipgnosis a embauché un vrai cascadeur. Un mec s’est littéralement enflammé pour cette pochette. Je suppose que ça a dû durer tout l’après-midi, des heures et des heures. J’ai lu qu’il y avait eu quinze essais. Imaginez, ils ont mis le feu à un gars quinze fois pour obtenir la bonne photo. C’est fou quand même. Le cascadeur s’appelait Ronnie Rondell. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. Disons que je ne savais pas trop comment introduire ce groupe suisse, B77, avec leur premier album. On ne sait jamais trop quoi dire sur les Suisses : ils sont nos voisins proches et tout ça, mais à part Stephan Eicher et le groupe Yello, ils n’ont pas vraiment brillé dans le game – désolé. LOVE Gerard
Black Grape – Orange Head
Mood : Pour les fans aveugles des Happy Mondays.
J’ai une affection toute particulière pour Shaun Ryder des Happy Mondays. C’est le genre d’artiste que les critiques aiment caser quelque part entre la folie de Madchester des années 90 et la descente aux enfers, et puis ciao. Mais le gars (61 ans) a toujours été là à se battre, à sortir des projets, même si certains ont été moins bien accueillis par les fans, comme son side project, Black Grape. Né de la première mort des Mondays, le premier album – franchement génial – de Black Grape est sorti en contre-courant de la britpop en 1995. Avec l’aide du rappeur Kermit, Shaun Ryder réactive de temps en temps ce groupe – une sorte de version britannique et éclectique de Funkadelic – mélangeant pop, funk, techno dans un joyeux foutoir. Le mot d’ordre de Black Grape ? La grosse poilade.
J’aimerais vous dire que ce dernier disque – le quatrième sous le nom de Black Grape – atteint son but, mais je reste sur ma faim. Peut-être que la production manque de punch, de personnalité, ou peut-être que les compositions ne sont pas toujours claires malgré plusieurs écoutes. Par exemple, la troisième piste – « Button Eyes » – sonne, disons-le, salsa. Sur le papier, un morceau salsa avec Shaun Ryder au micro, je signe tout de suite. Mais cette idée géniale s’arrête net à cause d’une composition et d’une production qui n’est pas à la hauteur. Il n’y a pas mal d’idées sur ce disque, et Ryder est clairement décomplexé, mais j’aurais aimé plus d’ambition, peut-être en travaillant avec des jeunes producteurs plus audacieux et moins conventionnels (ce disque et le précédent ont été produits par Martin « Youth » Glover de Killing Joke).
Mais pour ne pas finir sur une note pessimiste à propos de notre pote Ryder, sachez que vous pouvez le retrouver sur une compilation hommage au regretté Lee Scratch Perry pour un duo extrêmement réussi – « Green Banana » ! Ryder et Lee Perry ensemble, c’est le choc des titans. En plus, Ryder fait partie d’un nouveau projet – un peu flou pour le moment – avec le majestueux Andy Bell (Ride, Oasis et maintenant dans la techno krautrock) sous le nom de Mantra Of The Cosmos. On ne te lâche pas, Shaun, ici on t’aime très fort. LOVE Gerard
7 commentaires
Ras le cul de cliquer sur n’importe quoi ?c’est la definition parfaite de gonzai ,pour une fois un brin vérité chez Thomas Ducres Gonzaï,bon sinon rien ne change chez gonzai toujours une culture musicale parcellaire et ultra limité ,aucune culture musicale pérenne et solide chez gonzai ,il s’en sont encore a ecouté la soupe bolino d’aline et Black Grape ,au final définitivement vos gouts musicaux sont banals ,vous n’etes absolument pas prescripteur ,pire encore vous reussi l’exploit d’avoir des gouts encore plus a chier et mainstream encore que les inrocks et magic rmp ,ce qui n’est pas un mince exploit en soit la croix de fer pour thomas et sa clique de tâcheron ,c’est moi qui fait le boulot de passeur a votre place et non pas l’inverse
QUI t’a Embauhé ? l’Embaumeur ?
Alexandre le grant! dit l’orthographe..
La voix du peuple de la musique souterraine, qui malheureusement s’est aigri à force de bouffer du Felt par la racine. On pourrait mettre
cette haine sur le dos d’un cassoulet mal digéré mais c’est juste un Merzbow mal débouché.
« Le succès vient de la curiosité, de la concentration, de la persévérance et de l’autocritique. »
sitaimepastaskapaveniricietpourtanttureviensoucenttudoisetremasooualorsenfaittuaimesbienetreiciheinpetitcokin
! WARS WHITES!
tout a l’agriculture rien a la culture
apéro con avé gwendo! c mal barré! personne n’ecoute!