(C) Gérard Love

Vous vous sentez perdu parmi les plus de 60 000 titres mis en ligne chaque jour sur Spotify ? Nous aussi. Mais on a quand même pris le temps d’en écouter certains et voici ce qui a retenu notre attention ce mois-ci, comme au bon vieux temps où l’on écoutait des CDs commandés chez Club Dial, l’ancêtre de Spotify pour les mélomanes en chaises roulantes.

Bar Italia – « Tracey Denim »

Mood : les jeunes Anglais se mettent au rock slacker mais là c’est quand même moins chiant que Dry Cleaning.

J’ai réécouté récemment « Different Class » de Pulp. C’est fou de se dire que ce disque avait autant cartonné à l’époque. C’est super pointu et cynique. Je me souviens les avoir vus en concert pour cette tournée et c’était la folie. Mon cousin vendait du shit dans la salle à des mecs habillés comme Jarvis Cocker et Common People, ça rendait les gens complètement tarés. C’est vraiment dommage qu’ils n’aient pas sorti d’albums depuis plus de 20 ans. Leur musique a pourtant marqué aussi les jeunes puisqu’un groupe anglais s’appelle aujourd’hui Bar Italia, comme le dernier morceau de l’album en question. En supposant que c’est volontaire. Il y a pas mal de groupes qui ont pris pour nom un titre d’un autre artiste : Radiohead forcément, peut-être Thieves Like Us ou The Kooks. Bref, le mystérieux trio londonien en question qui ne donne pas d’interviews et accorde peu de photos a en tout cas une chanteuse italienne, Nina Cristante. Et il sort de la nébuleuse Dean Blunt après deux albums intéressants et bancals sur son label World Music.

Les choses sérieuses commencent pour eux avec un premier disque chez Matador, « Tracey Denim » qui est peut-être aussi une référence à la chanteuse d’Everything But The Girl et à l’avatar glam de Lawrence de Felt. Avec une nonchalance très années 90, Bar Italia a légèrement assombri sa musique et sort probablement son disque le plus solide. Il y a un peu de shoegaze, de post-punk (Punkt, Changer), un petit côté grunge ou rock slacker à la Pavement (harpee, Friends) voire trip-hop (NOCD). Tout le monde chante et l’alternance entre les voix marche à fond. Les nombreuses références ne sont pas encombrantes au final même si ça reste très indie. Ils n’auraient pas pu s’appeler Disco 2000, par exemple. Emmanuel Jean

Noël Gallagher – « Council Skies »

Mood : pour ceux qui aiment les parkas Stone Island.

Rappel des épisodes précédents : depuis le crash d’Oasis en 2009, Noël a entrepris une carrière solo. Si son premier disque a su créer l’événement, par la suite, le Mancunien s’est assez vite embourbé. Le gars a toujours eu un gros melon et n’a pas dû comprendre ce qu’il lui arrivait : il sort des disques solos, plusieurs maxis, des compilations, mais cela ne semble plus prendre. Pour ne rien arranger, son frère Liam – qui a commencé un début de carrière solo brouillon et douloureux – est, lui, sur une pente ascendante. On peut même parler de grosse baraka dont le sommet se matérialise par deux concerts géants à Knebworth en 2022. Noël fait moins la grande gueule et tente de faire des disques mâtinés de dance music et se retrouve à se produire dans des salles de plus en plus petites…

Back to 2023 : Noël tente son come-back, enfile ses gants de boxe et réalise ce qu’il sait faire de mieux : composer de belles chansons. Car ce « Council Skies » est très Tom Petty dans la réalisation : c’est du classic rock très honnête. Les plus belles chansons sont celles qui sont mélancoliques, voire très gnangnan. Peut-être que le fait que le guitariste aux gros sourcils ait vécu un divorce douloureux joue dans l’équation, mais les morceaux sonnent souvent justes – mention spéciale à Dead To The World, une chanson qui aurait pu se trouver sur « (What’s The Story) Morning Glory ? ». A noter aussi un très beau remix de Pretty Boy par Robert Smith de The Cure. Après tout, Noël Gallagher aime déclarer qu’il ne veut plus parler d’Oasis. Comment expliquer alors cette pochette ? On y voit ses instruments posés sur ce qu’il reste du stade Main Road de Manchester aujourd’hui – le rond central du terrain sert désormais de rond-point depuis la construction d’un nouvel édifice. En fait, Main Road était le zeitgeist de la Oasismania. Gerard LOVE.

Youth Lagoon – « Heaven is a Junkyard »

Mood : c’est l’album d’un mec qui a perdu sa voix mais qui avait des choses à dire.

Sept ans après avoir tué Youth Lagoon, Trevor Powers est de retour. Et il s’est passé plein de choses. Déjà, après trois albums habités d’une tristesse immense, le garçon de Boise de l’état de l’Idaho (USA) a pris du temps pour lui. Il a ensuite sorti deux albums solo sous son propre nom qui sont quand même vraiment pas ouf ( « Mulberry Violence » 2018 et « Capricorn » 2020). Puis un jour, en 2021, il perd sa voix à cause d’un mauvais traitement médical. Au point de devoir envoyer des SMS aux personnes à côtés de lui pour s’exprimer. Et au point de vouloir en finir avec cette sombre farce qu’est la vie. À ce moment-là, Trevor, qui souffre déjà de problèmes liés à sa santé mentale depuis longtemps (dépression), touche le fond. Il n’y a plus qu’une chose à faire : creuser sa tombe ou remonter à la surface.

Petit à petit, sa voix revient. Trevor suit une thérapie. Elle l’aide à aller de l’avant, à accepter son destin. Mai aussi à remettre la machine Youh Lagoon en marche, débranchée depuis sept ans. Il commence alors à écrire sur sa vie et sur ce qu’il vient de traverser (le sang dans la baignoire, la douleur, l’envie de mourir, sa résurrection, etc.) et des chansons comme Trapeze Artist, Idaho Alien ou Prizefighter naissent, prennent forme, puis s’enregistrent. Les bizarreries soniques de l’ancien Youth Lagoon sont toujours là, distillées subrepticement sur des mélodies poignantes au piano. « Heaven is a Junkyard » n’est pas aussi aventureux que ces prédécesseurs mais plus apaisé et fragile, comme s’il contenait en lui des émotions tellement tangibles qu’elles pourraient vous percer le cœur. Un album qui rappelle aussi que, parfois, ce sont les pires expériences qui nourrissent la plus belle de musiques. C’est con et souvent destructeur, mais c’est la vie. Robin Ecoeur

Christine and the Queens – « Paranoïa, Angels, True Love »

Mood : vous vous tâtez pour aller voir Mylène Farmer en concert près de chez vous.

Plein de gens aiment détester Chris sans connaître ses chansons, ce qui la rapproche de Jul et des Black Keys. Ses disques sont pourtant bien meilleurs que leur réputation le laisse penser, le point de rupture ayant été l’utilisation de samples libres de droit dans sa chanson Damn, dis-moi il y a cinq ans. Le résultat final était très plaisant et tant mieux pour lui s’il eut cette idée opportuniste qui lui a permis de se faire les couilles en or préalablement à sa transition de genre.

Son œuvre dépasse très largement l’écume de détails soulevées par ses déclarations à l’emporte-pièce – « dans mon corps, il y a une mémoire des muscles de la classe ouvrière », ce genre de fadaises qui l’ont rendu aussi modeste et sympathique qu’Edouard Louis. Situation gênante car un artiste ne doit pas succomber aux sirènes de son époque : a-t-on vu David Bowie faire le salut nazi en public ? Le dernier album de Chris, « Paranoïa, Angels, True Love », dure 96 minutes et je ne suis pas sûr qu’on soit très nombreux à pouvoir l’écouter plusieurs fois d’affilée alors que le format disque est devenu un truc de vieux con et que les découvertes musicales se font dorénavant par le truchement de playlists algorithmées.

Chris a ceci pour lui d’expérimenter sans limite dans les cadres créés. Tout n’est pas réussi dans cet album trop bavard et ça n’est pas si grave (le « Double blanc » ne serait pas meilleur sans Ob-La-Di Ob-La-Da  et Wild Honey Pie). Dans son album précédent « Redcar les adorables étoiles (prologue) », certaines chansons bitchy attiraient l’oreille instantanément qui rappelaient les plus belles heures de la variété populaire d’il y a quarante ans. L’angle putassier a laissé la place à l’académisme : peu importe si on se souvient ou non de ce disque dans un an, nous serons occupés à écouter le suivant et à décortiquer les intentions de son auteur. L’un des deux albums français de l’année. Romain Flon

Beach Fossils – « Bunny »

Mood : et oui 2013, c’était il y a dix ans et les groupes de Williamsburg c’est pour les vieux désormais.

Vous vous souvenez quand Captured Tracks était le label au top de la hype, Mac DeMarco le mec le plus cool du monde et que le chanteur de DIIV allait devenir le Kurt Cobain de la génération post-emo ? C’était bien tout ça mais bon c’était il y a dix ans et c’est fini maintenant. Pas mal se sont barrés du label, il y en a un qui a tout lâché et sort des démos de 9 heures et l’autre qui est toujours vivant et publie des albums quelconques. Légèrement en retrait de l’affiche dans la bande qui trainait à Brooklyn, Beach Fossils a mené son affaire de manière plus posée, sortant des albums à intervalle régulier dont son EP mémorable « What A Pleasure » (2011).

Le leader incontesté Dustin Payseur a depuis pratiqué le turn-over dans son line-up et a créé son label Bayonet. Après six ans d’absence et le réussi « Somersault », il a survécu à la période où tous les groupes s’appelaient Bear, Beach ou Nothing.
Et il revient tranquillement avec un « Bunny » qui sent bon la douce chaleur du soleil. Pas grand-chose n’a changé et les marqueurs de goûts pour parler comme un cuistot amateur sont là : guitare carillonnante, basse bondissante, batterie ultra-rapide et voix claire (Don’t Fade Away). Plus vraiment ado et pas encore rincé, il y ajoute une petite touche hippie sixties à la Byrds qui peut parfois virer à la caricature (Feel So High, Anything is Anything). Il y a pourtant un vrai plaisir à retrouver ces pop-songs travaillées à la main. Payseur arrive toujours à sortir de petits tubes indés circa 2012 qui restent dans la tête (Dare Me, Seconds) ou apporter une certaine richesse dans sa pop (Numb). L’outsider des hipsters a bien mené sa barque. Il est toujours là. Ça valait bien la peine de se foutre à poil en concert ou de sortir avec Sky Ferreira et de tirer la gueule sur toutes les photos. Emmanuel Jean

Lunch Money Life – « The God Phone »

Mood : imaginez Fat White Family qui tente de reprendre un disque entier de King Crimson.

Je vais avoir du mal à vous raconter ce truc. Pour faire simple, disons que c’est une bande de Londoniens futuristes qui ont l’habitude de jouer du jazz-rock complètement pété dans une église désaffectée. C’est assez insensé : il y a des arpèges à la Weather Report dans tous les sens, des solos de Moog intergalactiques comme sur les vieux triples vinyles du groupe Yes en 1978, des influences R&B avec des voix sous autotune, voire même – attention ! – des incursions dans le hip-hop anglais grimey ou encore des clins d’œil à Black Sabbath. Il y a un thème qui semble traverser tout l’album afin d’en faire un concept album à base de christianisme et de théologie, mais je ne vous cache pas que cela m’a échappé. Par contre, la proposition artistique globale est assez impressionnante et ne sonne comme rien de ce que tu peux entendre depuis ces dernières années. Imaginez une bande de mecs sous crack qui tentent laborieusement de reprendre du Jamiroquai et cela vous donne une idée du niveau de déglingosité de cette œuvre. Cinq pipes à crack Télérama. Gerard LOVE

Laurent Garnier – « 33 Tours et puis s’en vont »

Mood : pouvoir dire avant tout le monde à la machine à café qu’on a écouté un truc aussi bon que « Homework » presque trente ans après et voir Monique de la compta remuer du derche.

Je vais redire ici tout l’amour que j’ai pour l’artiste musical français le plus important de ces trente dernières années et la joie procurée par son dernier album, quelque peu ternie par l’annonce de l’arrêt de ses projets estivaux. Quelques mois le temps de se remettre sur pied et de recouvrer la santé.

Plusieurs constats après une vingtaine d’écoutes : c’est la première fois qu’un artiste publie son meilleur album 35 ans après ses débuts. J’attends la contradiction sur ce point, qui est un vrai sujet. « 33 Tours et puis s’en vont » est à ma connaissance l’album studio le plus long jamais paru qui dépasse la pierre philosophale « Selected Ambient Works Volume II » d’Aphex Twin de trois minutes. Il convoque les vivants – les jeunes rappeurs vénères de 22Carbone sur In Your Phase font passer Kool Shen pour Stromae – et les morts puisque la voix d’Alan Vega structure magnifiquement Saturn Drive Triplex. Rares sont les DJ qui ont réussi à passer l’obstacle d’albums studios réussis et je crois d’ailleurs que je préfèrerais passer une soirée avec Eddy de Pretto plutôt que d’écouter un album studio de Carl Cox ou  deRicardo Villallobos.

Laurent Garnier cochait déjà toutes les cases avec son « Unreasonable Behaviour » paru il y a vingt ans et enfonce le clou avec ce disque à son image : généreux, sincère et ne se prenant pas au sérieux, certains titres frisant les jeux de mots laids. L’album est tout entier nostalgique d’une époque révolue : s’il a été conçu et enregistré pendant le confinement, on pourrait penser que certains titres sont bien plus anciens, la techno n’ayant guère évolué depuis le début des années 2000. Et on s’en moque. Certains titres sont déjà des classiques (Reviens la nuit notamment). L’un des deux albums français de l’année. Romain Flon

Charbel Haber et Faddi Tabal – « Enfin la nuit »

Mood : un disque d’ambient sur les explosions de Beyrouth et inspiré par Stars of The Lid, qui dit mieux ?

Ça ne doit pas être évident le métier d’attaché de presse. Tu envoies des tonnes de communiqués à des gratte-papiers dépressifs pour un seuil de rentabilité probablement très faible. Si j’avais un conseil à donner, il vaudrait mieux éviter « l’invitation à un voyage initiatique, mélange de trap iconique et d’effluves pop-rock éthérée» du dernier nepo baby arrivé à maturité. Il faut vendre du storytelling. C’était le cas dernièrement avec un disque appelé « Enfin la nuit » du duo Charbel Haber et Faddi Tabal. La force du pitch : « (un disque ayant) pour toile de fond les explosions qui ont touché le port de Beyrouth en 2020 (…) Les deux musiciens et activistes libanais signent une trame poétique et cosmique, convoquant l’ambient orchestré de Stars of the Lid et les compositions minimalistes de Terry Riley ou d’Arvo Pärt. » Ça, c’est un beau projet. Pour rappel, l’explosion est arrivée en plein confinement et a détruit la plupart des clubs de la ville dont le visiblement mythique AHM dans un pays déjà en proie à pas mal de difficultés.

D’autant – et surtout – qu’à l’écoute, la description de la promo s’avère juste. C’est très beau, très triste et peuplé de nostalgie. On est en plein dans les emotional landscapes musicaux si chers à Björk. Très longs, les quatre titres sentent la souffrance et baladent effectivement entre les nappes de Stars of the Lid (Enfin la nuit), le minimalisme (Chaque rose porte en elle une petite mort) ou le drone (couvre-feu). L’œuvre était initialement composée pour mettre en musique un film expérimental de Nadim Tabet sur l’AHM et l’aspect cinématographique fonctionne complètement. Ça vaut quand même mieux que le prochain album de confinement de Keen-V. Emmanuel Jean

Bonny Doon – « Let There Be Music »

Mood : il faut avoir des couilles pour chanter en yaourt, genre « nananananananana », sur un album en 2023.

Blablabla, c’est qui Bonny Doon ? Déjà, on vous arrête tout de suite : il n’y a aucun rapport avec l’acteur. Okay, mais quel acteur ? On ne sait pas. Bref, ce groupe, si vous ne le connaissez pas encore, il risque de devenir l’un de vos préférés. Non pas parce que les gars sont disruptifs, géniaux, doués ou novateurs. Non, simplement parce que la formation américaine, initialement basée à Détroit, peut plaire à tout le monde. Genre vraiment. Vous êtes en voiture avec votre tante et elle demande à écouter le nouvel album d’Étienne Daho ? Mettez « Let There Be Music » à la place, et laissez l’album défiler, sans rien faire. Aucune chanson n’est mémorable. Il n’y a pas de single, et encore moins de tube. Souvent, trois ou quatre accords suffisent. À un moment, le mec chante en français avec un accent horrible. Mais ce disque, comme « Bonny Doon » (2017) et «Longwave » (2018) avant lui, il va passer en boucle chez vous. Et sans même s’en rendre compte, les Américains seront dans votre top 10 de fin d’année honteux des écoutes Spotify, avec Jul et Juliette Armanet. « Oui mais tu comprends, Juliette Armanet c’est ma copine qui l’écoute, on a le même abonnement Spotify… » Il n’y a pas de honte à avoir.

J’ai toujours un disque à la con que j’écoute en boucle, comme pour oublier la musique, à différentes périodes de ma vie. « Let There Be Music » est celui du moment. Et ces albums sont au final bien plus importants qu’ils en ont l’air.
Robin Ecoeur

Anthony Naples – « Orbs »

Mood : il s’est passé autant de temps entre la naissance du trip-hop et aujourd’hui qu’entre les débuts des Beatles et ceux d’Oasis.

Bon il arrive quand ce revival trip-hop ? Si mes comptes sont exacts, on en est à près de 30 ans depuis la création de Mo’Wax par James Lavelle, aussi grand patron de label que mauvais musicien. Le documentaire sur sa vie The Man From Mo’Wax vaut d’ailleurs le coup d’œil pour ceux qui aiment les trajectoires déglinguées. Pour se référer à Retour vers le Futur, il serait temps en 2023 de faire chauffer la Delorean : enfin le retour du downtempo, du lounge pour chiller sur des boucles abstract hip-hop de 10 minutes ! Passé par à peu près tous les genres de la musique électronique depuis une dizaine d’années, le New-Yorkais Anthony Naples semble prêt à sonner la charge avec son nouvel album « Orbs ».

Si le trentenaire n’a probablement pas connu l’âge d’or de cette musique oubliée, ou alors via la stéréo du salon parental, il en a retenu les leçons. Les amateurs du « Smokers Delight » de Nightmare on Wax (Orb 2) et des basses post-punk de « Mezzanine » ou de DJ Shadow (Silas) seront ravis. Paradoxalement, les rythmiques sont assez peu présentes si ce n’est sur la fin, c’est un disque de latence qui s’inspire aussi du dub électronique (Ackee) en gardant le côté seventies solaire que pouvait avoir le Air des débuts (Tito). Et si jamais ça aboutit à un retour en grâce de Morcheeba, c’est n’est pas très grave, les patrons d’hôtel pourront regénérer les playlists de leur lobbies aux couleurs pourpres et violettes. Emmanuel Jean

The Limiñanas & David Menke – « Thatcher’s Not Dead »

Mood : comme si les Sleaford avaient fait un disque avec les Stooges et les Black Keys (du premier album) durant un long week-end de mai en buvant des pintes de Stella jusqu’au coma chez Oiseaux-Tempête.

Parfois, écrire une chronique n’a aucune utilité. Hein, quoi, souvent ? Oui, peut-être. Et justement, pour celle-ci, nous n’allons pas blablater très longtemps. Cette B.O., réalisée par The Liminanas en collaboration avec le compositeur David Menke et Oliver Howlett est une petite bombe psychée qui tabasse bien comme il faut, avec une dose non-réglementaire de feedback, d’intensité et de phases répétitives jouissives. Un peu comme si les Sleaford avaient fait un disque avec les Stooges et les Black Keys (du premier album) durant un long week-end de mai en buvant des pintes de Stella jusqu’au coma chez Oiseaux-Tempête. La note finale ? 10/10.
Robin Ecoeur

Geese – « 3D Country »

Mood : le pire du rock US concentré dans un seul et même album : merci Geese.

C’est vraiment con. Car avec « Projector », Geese avait tout pour aller loin et devenir des ambassadeurs du rock US pour les années à venir. Mais pour ce deuxième album, le groupe a joué son avenir à pile ou face. Pile : on fait un disque foure-tout qui divague constamment, qui s’inspire du vieux rock à papa et qui ressemble à tout sauf au premier album. Face ? Tu perds. Donc ils ont choisi pile. Mais ils ont quand même perdu. I See Myself, c’est du sous sous sous Primal Scream qui imite les Stones, Undoer je préfère même pas en parler, Mysterious Love donne envie de leur mettre des gifles, idem pour Tomorrow’s Crusades (l’une des pires chansons de 2023 ?), et ça continue comme ça sur 11 morceaux pour la plupart inaudibles, au mieux passables.

Il y avait une volonté profonde, pour Geese, de revenir avec un album aux antipodes de « Projector ». Mission réussie, mais surtout ratée. Le groupe était comme une voiture de sport lancée à toute vitesse vers le succès. C’est maintenant un tas de ferraille sans roue, à sec, avec une autoradio cassée qui diffuse les pires musiques de Springsteen, des Allman Brothers Band et des Pixies. Celles qui ont visiblement inspirées Geese sur « 3D Country ». C’est dommage ? Oui. Mais ce ne sont pas les premiers à rater le virage du deuxième album. Allo Squid, vous voulez témoigner ? Robin Ecoeur

Ron Morelli – « Heart Stopper » 

Mood : pour ceux qui apprécient The Sisters of Mercy et le morceau Pas de Boogie Woogie d’Eddy Mitchell.

Quand j’étais gamin, il y a un mec que je trouvais cool et fascinant avec le recul : c’est Dave Stewart d’Eurythmics. Je croisais son visage dans des clips, des couvertures de disques ou de magazines. Le mec faisait de la new wave, mais avec une gueule à jouer du synthé chez Motörhead. Attitude, Motörhead et acid house gothique : oui, c’est aussi le programme que nous propose le new yorkais Ron Morelli. Le boss du label de house music macabre, L.I.E.S Records, fait lui aussi toujours la gueule, il porte des lunettes noires et un Perfecto à la Ramones. Après de multiples essais un peu trop drone-dark-ambiant pour un public averti, il sort cet incroyable disque qui est beaucoup plus pop – et donc accessible. Morelli – qui est installé à Paris depuis 10 ans – a peaufiné ce disque pendant des mois : un splendide hommage aux pionniers de la house music américaine de la fin 80s. Le son est cradingue, sexy et définitivement punk rock dans l’attitude. Sex crime ! Gerard LOVE

11 commentaires

  1. en chine les shops ont detournés tout les flyers affiches zines 45t de the clash & on n’en fait de suppa tee shirt! a qui la faute ?

  2. Thierry Ardisson + John Cale = Timo Ellis !
    Bon sang, les gars, plus de dix ans que ce groupe du tonnerre existe, et pas un seul papier sur Gonzaï ?
    👹
    Dans cette fournaise du mois de juin, un seul truc à écouter, et c’est ici :

    https://youtu.be/ZVPVgEK8uiE

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