C’est pas ma première grande phrase de merde lâchée entre une clope et un café mais pour moi un concert c’est de la sueur et du foutre. Bref, tout ce qu’on ne trouvera jamais dans une salle de concert parisienne. "L'enfer c'est l'autres". Mise en pratique d'une inertie collective avec deux concerts où rien ne se passe.

Le mercredi 22 février 2012, Hanni el Khatib donnait un concert à la maroquinerie, salle en pleine pénurie de Picon vidée par la dernière soirée Gonzaï. Est-ce pour ça que le public ne bouge pas, même pas un petit un mouvement de tête ? Non faut pas déconner, le Picon a bon dos car on pourrait aussi bien être à un concert de Ravi Shankar. Une piqure de bière pour tout le monde car rien, absolument rien n’indique qu’un mec est en train de suer sur scène pour faire bouger des parisiens statufiés. Seul quelque irréductible gaulois sautent et suent armés de leurs bières sans Picon. Faire un pogo tout seul, voilà à quoi on est réduit. Le chanteur en vient même à demander pourquoi le public est si timide, comprenez si pourri. Cela ne changera pas grand-chose. Nos poupées de cire ne bougeront qu’au moment où le chanteur fera une photo du public. Là tout le monde lève les bras et crie. Pour bien montrer sur cet instantané que le délire était total (ment factice). Hanni boit quelques rasades d’alcool pour oublier.

Heureusement que ce ne sont pas ces gens là qui viennent au parc le week-end car j’ose à peine imaginer l’ambiance. Peut être qu’ils s’exciteraient si le caméraman faisait un panoramique sur le public.

« J’y étais » voilà la seul phrase qu’ils ont à la bouche. On tweete sa géolocalisation, on poste une photo où on feint la folle ambiance en commentant un truc du genre : « ce concert était franchement essentiel ». On attend de pouvoir  choper le tee-shirt et le Mug du groupe. Le graal restant de faire une photo avec le chanteur. Mais où peut bien passer cette rage que nous envoient la guitare et la batterie? S’ils restent immobiles face à ça, qu’est ce qui peut bien les faire bouger ? Sont-ils tous des violeurs en puissance ? Quels sont leurs réseaux ? Le parc des princes – ou un concert de rock – est un lieu pour déverser sa haine contre l’arbitre, l’équipe adverse ou Claude François. « La puissance ne respecte que la puissance » a jadis écrivait un sage poète de Boulogne. Le public parisien n’a donc aucun respect. Mais alors que dire de Sallie Ford qui prise d’un excès de confiance se permet de commencer son concert sans première partie ? Elle se lance sans grande conviction, les yeux fixant le fond de la salle où elle doit surement y imaginer le lit douillet de son hôtel.

Public glacial = chanteuse glaciale. Pas vraiment. Quand on arrive à la fin d’une tournée comme celle de Sallie, on est censé être rodée. J’ai beau être à deux mètres du groupe rien ne me pénètre. Le groupe porte bien son nom : Sallie ford & the sound outside, le son doit effectivement être à l’extérieur. Sallie enfile les chansons sans conviction, sans âme. Elle nous care une belle quenelle sans sourire, ni vaseline. Malback avoir mal aux fesses. Mais pour le reste du public la pilule semble passer. Ce fameux public qui t’engueule quand tu souhaites rejoindre le devant de la salle. Qui te dit de venir à l’heure. Placement libre ? France forte ? Places assises et numérotées pour tout le monde la prochaine fois. Tout le monde, il sera content. Personnes ne se lèvera, personnes ne dansera. Faisons la gueule ou foutons nous sur la gueule : dilemme. On a comme l’impression que le groupe vient de sortir de studio et qu’il n’arrive pas à se détacher de ses compos. Le coup de grâce et de rage arrivera sur une reprise (de Buddy Holly) mais bien trop tard. On repart avec une queue molle entre les jambes. Encore une fois, pour la sueur et le sperme, on repassera. Car que ce soit à la maroquinerie ou au divan du monde ici c’est Paris… avec ses poupées de cires. Et son public de cons.

Crédits photo: Thomas WEBER

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