Tu connais l’histoire du type qui lit un texte dont le seul but est de faire du « clic » sur une vidéo parce que Gonzaï s’est mis en tête de faire des vues, et bah c’est ton histoire, la tienne gros, celle que tu vis là maintenant, tout de suite. Monétisation de l’audience oblige, faut cliquer mon gars, nous aussi on est (un peu) comme Norman. On fait des vidéos quoi. Le gonzo haute définition, l’audace primée à coup de pouce vert. Promis on te fera bientôt une vidéo « 1 million d’abonnés merci trop cool, je t’aime public, on forme une communauté, toi plus moi plus eux plus tous ceux… », vue par 1 million de mecs comme toi. Avoue que t’es ému, qu’on te fait un peu pitié, là maintenant avec cette sincérité feinte, ces tiers-états d’âme, - même que tu serais prêt à nous glisser une petite pièce sans te salir si on se mettait à te tendre la main invisible. Sale histoire.

L’avenir est à portée de clic. Alors agite ta souris et dessine nous un destin dont tu seras fier de parler au passé. Tu comprendras aisément, et si ce n’est pas le cas c’est inquiétant, que si la clique Gonzaï a mis au point une stratégie de diversification aussi pernicieuse qu’efficace en vendant en ligne des briquets et des mugs frappés du sceau de ton héros, c’est pour conquérir et assouvir le monde libre. Rien que ça. Mais ça ne s’arrête pas là, ça commence plutôt, et dans la vie – la vraie.  Dans la fosse, là où les corps bougent et les cœurs buguent. Cette fois, les responsables avaient pour nom The Oscillation et Acid Mothers Temple. Rien qu’à deux, l’internationale psychédélique affichait presque complet. Puisque toutes les belles histoires ont une fin, celle-ci comprend deux épisodes.

Jeudi. Je dis que ça tient à pas grand-chose de rater un train, peut-être à une politique commerciale d’entreprise « dite » de service public qui conduit à refuser l’accès au quai deux minutes avant le départ. Pour être à l’heure, il faut être en avance. Résultat c’est en différé que certains découvrent Nantes la pas très jolie. Le Lieu Unique porte bien son nom puisqu’on a rien vu d’autre que le gare et l’hôtel. Faire plus de 300 bornes pour passer 12 heures dans un rayon de 200 mètres, autant te dire qu’on n’est pas venu en touriste. Ça papote à tous les étages. A la fin de son concert, le chanteur de The Oscillation nous livre quelques mélodies en sous-sol, le cul vissé dans une chaise longue, coincé entre deux dalles de béton. L’à-propos et le sens du décor.

Vendredi, c’est ravioli. Roger de l’île (désenchantée) a mis son habit de lumière et compte bien guider quelques papillons égarés dans la nuit automnale sous son blase du Pape du Cool. Une séance de dédicace avec le saint pépère, ça ne s’improvise pas. Les bénédictions se suivent et ne se ressemblent pas. Le coolos est discuté, le kulax est contesté. Le pape veille. Ceux qui rejoignent la fosse ne ménagent pas leur psyché. Kawabata Makoto et ses fidèles ont prévu un set (de table) à rallonge. Le Japonais parle. Alleluia ! Du pourquoi du comment au pays du soleil levant, et comment le leader d’Acid Mothers Temple a découvert Stockhausen à 10 ans, à la radio. Il ne s’en est toujours pas remis, nous non plus. Automne atone.

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