Encore plus dingue que ce pari consistant à parier sa peau – ou plutôt son papier – sur la confiance du lecteur, il y a cette imbécillité à croire que celui-ci ne serait pas capable de croire en un magazine atypique envoyé par correspondance, tous les trois mois. On ne va pas vous refaire l’histoire à l’envers en listant toutes les raisons qui nous ont poussés à sortir des circuits traditionnels (le kiosquier qui casse sa pipe, le libraire barbu sous Valium, Presstalis qui ponctionne la presse comme un presse citron, le jeu des subventions accordées aux plus bavards, etc.), le fait est qu’après quatre numéros financés en un an grâce au crowdfunding, il est désormais temps d’en finir avec les sollicitations perpétuelles consistant à vous demander des sous tous les deux mois pour aider au préfinancement de chaque numéro de Gonzaï. Je crois que vous valez mieux que ça, et nous aussi.
Nous avons donc décidé de faire le grand saut kamikaze. Soit nos lecteurs sont assez nombreux à croire en nous pour faire un chèque en blanc – c’est une expression : 35 € pour cinq numéros c’est moins cher qu’un plein d’essence – pour toute l’année 2014, soit nous remballons nos bonnes idées et partons nous la couler douce pour les dix prochaines années à l’autre bout du monde, là où des titres comme …[1] n’existent pas. Comme nous n’avons pas vocation à durer pour régresser et que le Do It Yourself nécessite un minimum d’implication de la part des membres de la communauté, que tirer à bout portant sur la concurrence ne nous fera pas monter plus haut et que se répandre dans les médias grâce à des micro-courbettes ne nous a jamais ramené un seul abonnement, l’heure est venue de voir ce qu’on a tous dans le ventre. Au poker on dit « tapis », chez Gonzaï on dit banco. Et on lâche la couv’ du prochain numéro à paraitre avec un début d’improbable sommaire.
Evidemment, et pour rassurer le lecteur sceptique qui douterait de notre capacité à survivre à telle utopie, au sein même de la rédaction on entend quelques genoux qui s’entrechoquent, pétrifiés à l’idée que le magazine Gonzaï puisse se refermer aussi vite qu’il a été ouvert, faute d’adhésion massive. On les emmerde, tous. La presse écrite, comme toute autre entreprise forcenée économiquement vouée à l’échec, est d’abord une histoire de croyance. Les prophéties autoréalisatrices, certains s’en servent pour fonder des sectes, d’autres des marques de jean, d’autres encore pour confectionner des magazines qui durent. Comme nous n’avons pas le budget marketing de Vice ni les cheveux gras d’EdBanger pour convaincre les petits décideurs du tout Paris de la solvabilité de notre chevauchée fantastique – on reprend sa respiration, la phrase est bientôt finie – nous reste la confiance de celui qui cliquera avec entrain ICI sans attendre la date limite du 20 décembre. Une fois passée la date butoir, pas de deuxième tour pour les retardataires. Et n’allez pas croire qu’on bluffe.
Comme dans un film de Bruce Willis renommé DIY HARD, les semaines qui viennent seront donc l’occasion d’un grand suspense. Il serait tentant de partir faire la quête au fond des porte-monnaie pour grappiller des centimes comme chez mamie, on pourrait aussi faire du teasing à base de punchlines concoctées en open space ou faire comme à chaque fois un effeuillage du prochain numéro à paraître le 15 janvier en vous promettant moult surprises et grosses parties de rigolade – c’est prévu pourtant – à base de storytelling made in Hollywood. Bon, le fait est que non, ce n’est pas TROP COOL de faire un magazine à la sueur du poignet en ne pouvant compter que sur ses mimines ; y’a le type qui rend son papier trois semaines en retard, bourré de fautes (ou bourré tout court), l’autre qui pinaille sur la couverture « moins réussie que la précédente, ce serait peut-être mieux en bleu azur », l’autre qui vient légitimement demander sa paye alors que vous venez de consulter les comptes et que vous n’avez pas le courage de lui dire qu’il va devoir sucer des cailloux, l’autre qui croit que vous roulez en Maserati alors que vous entamez la troisième nuit blanche à cause de ce putain de bouclage ou enfin toutes ces discussions par mails interposés où vous tentez de faire croire à une grande démocratie participative alors que vous savez très bien qu’à la fin votre tête sera mise à prix comme celle d’un Saddam Hussein tabassé à coups d’agrafeuse. Et malgré tout ça, vous y croyez quand même parce que c’est votre vie et que vous voyez pas quoi faire d’autre, que tout paraîtrait terne à côté, triste comme le courrier des lecteurs de Rock’n’Folk. Ca, ça s’appelle la croyance et ça vaut tous les longs discours et autres gif animés.
Voilà, c’était mon édito pour te convaincre d’en reprendre pour 1 an de Gonzaï mag en cliquant sur l’URL en gras ci-dessous, moyennant 35 € ou plus. Tu peux te le coller derrière l’oreille, relayer l’information ou t’abonner, imprimer cette feuille et faire un avion avec, pouffer derrière ton écran ou vraiment croire à notre conception de la free press. La balle, en tous points de vue, est dans ton camp. Allez je vous laisse, j’ai un maquettiste à torturer dans la cave.
Gonzaï magazine : 1 an d’abonnement (5 n°) sinon rien pour 35 € (ou plus).
A commander sur Ulule avant le 20 décembre : http://fr.ulule.com/gonzai-magazine-2014/
10 commentaires
Je ne vais pas repasser derrière pour appuyer le propos de ce beau texte (ou corriger les deux-trois coquilles; sur internet, on sait que tu ne te fais pas relire), mais voilà, après ma mère à poil en vidéo et les putains d’humiliations que je viens de prendre en « 24 heures avec… », ce magazine doit sortir.
Merci.
all the bast,
je vous aime beaucoup, mais ce matraquage à durée déterminée me fait l’effet inverse (que l’envie de m’abonner)
Ah merde, au temps pour nous. On va poster des vidéos de chatons à la place.
GENRE CA : http://blog.wcgworld.com/wp-content/uploads/2012/05/cats.jpg
« Et malgré tout ça, vous y croyez quand même parce que c’est votre vie et que vous voyez pas quoi faire d’autre ». Çà me parle, tu t’en doutes 😉
marche ou crève
On attends la paye, et on signe.
Je vais m’abonner en espérant que votre service abonnement ne sera pas aussi calamiteux que celui de Technikart… Mais j’ai confiance j’ai reçu les 4 premiers numéros avec une précision d’horloger suisse et surtout leur contenu m’a profondément convaincu que votre aventure doit continuer.
C’est dingue tout ces commentaires sur l’abo Technikart, c’est si lent que ça ? Pour le reste, MERCI.
C’est un mois après grosso modo, quand on le reçoit ! mon abonnement terminait en août ouf, j’ai eu mon numéro manquant en pdf… Ils vont avoir des soucis a force car ils écœurent tous leurs abonnés. Pour ma part je continue avec eux mais en kiosque. Ceci dit je vais m’abonner chez Gonzai incessamment sous peu.