On enfonce le clou, mais comparé à l’événement en sandalettes de Calvi(tie) on the Rocks et autres fêtes pour yuppies, la première édition du Heart of Glass / Heart of Gold, mi Blondie mi Neil Young, a tout de même quelque chose de rafraichissant. Du 20 au 22 septembre à Ruoms, tout ce beau monde posera ses bagages pour écouter, entre la rivière et la montagne, des concerts de Zombie Zombie, Connan Mockasin, Camera ou Arnaud Rebotini. Souvent cantonnés à des salles bétonnés, ces artistes ont fait ce drôle de pari de croire à un retour à la nature et à un business plan particulier. L’Ardèche, pour art dèche ?
Jean-Marie Sevain, membre actif de l’équipe du festival et responsable de la programmation tente de répondre à quelques questions avant la première édition. Si certaines de ses réponses sentent un peu trop la positive attitude – après tout y’a encore des billets à vendre – l’idée d’un festival hors des enceintes habituelles sonne comme une bouffée d’air frais. A noter que pour égayer votre rentrée et ainsi éviter les gros lourdauds habituels, la ville d’Angers organisent sa riposte avec le Levitation festival, une version française du célèbre Psych Fest d’Austin avec à l’affiche les Black Angels, Damo Suzuki, Night Beats, Beak ou encore les Dead Skeletons. Quant aux plus téméraires, on les invite à prendre un billet pour Liverpool, où se déroulera les 27 et 28 septembre le festival international du psychédélisme, avec la crème des drogués, de Dead Meadow à Psychic Ills en passant les Liminanas, The Oscillation ou encore Fuzz, le nouveau projet de Ty Segall.
Désolé pour cette digression Jean-Marie, à toi de nous parler du Festival Heart of Glass.
Comment est née l’idée de ce festival « alternatif », tant pour la programmation que le mode de financement ?
Jean-Marie Sevain : L’idée de créer un nouveau festival est née il y a un an autour d’une discussion entre Melville Bouchard et moi même, un soir de concert que j’organisais à Lyon avec l’asso Génération Spontanée. J’avais plus en tête un truc urbain, Melville davantage un format où l’on aurait pu loger tout le monde dans des conditions autres que la toile de tente. Nous revenions de vacances et l’idée d’une petite fenêtre, le temps d’un week-end, avant d’affronter la rentrée, a vite germé. Melville s’est mis en quête de trouver un lieu plutôt dans le sud, et l’Ardèche que nous aimons beaucoup s’est assez vite imposée. Nous sommes tombés rapidement sur Aluna Vacances (via les Pages jaunes !), un centre équipé de bungalows, de piscines et de toutes les infrastructures nécessaires à l’organisation d’un festival.
Y’avait-il un certain « rejet » des festivals classiques tels qu’ils se montent un peu partout, avec des programmations uniformes (pour ne pas dire identiques) ?
Ce n’est pas une question de rejet, en tout cas pour les formats plus classiques, l’idée était de proposer autre chose. Nous ne sommes plus des gamins et aspirons à un peu plus de confort, que ce soit en vacances ou en festival. On se dit que pas mal de gens doivent penser comme nous.
Quant à la programmation, chaque festival fait ce qu’il veut, avec ses contraintes, ses convictions. De notre côté, on voit beaucoup de concerts et on adore ça ! On en organise beaucoup aussi, il y a des tas de groupes qu’on a aimé sur scène récemment, on veut pouvoir les proposer dans ce cadre original. Au delà de la musique, un show reste un show et nous y sommes très sensibles. Il n’y a quand même pas grand chose de mieux que de se prendre un bonne claque en concert quand on est passionné de musique ! Et c’est ce que nous voulons pour le public de Heart of Glass, Heart of Gold : qu’il passe un super week-end en ayant vu de super lives. Nous sommes de gros « consommateurs de musique, et donc de concerts, la programmation reflète cela et c’est pour ça qu’elle est différente.
Quels événements vous ont donné envie de lancer un appel à souscription sur Kiss Kiss Bank Bank, dans un premier temps ? Le festival aurait-il capoté si vous n’aviez pas rempli l’objectif ?
Melville est souvent allé à l’ATP festival en Angleterre, on s’inspire un peu du modèle sauf qu’ici c’est nous qui faisons la programmation, et non un groupe invité. L’appel à Kiss Kiss Bank Bank était un peu un test, l’adhésion a été immédiate et totale, au delà même de nos espérances, mais nous étions déterminés. Le festival aurait eu lieu de toute façon mais si nous nous étions pris un 0 pointé sur l’appel à souscription, nous aurions peut-être revu les choses différemment. En tout cas c’était un très bon premier levier et une opération très encourageante.
Question stupide mais… pourquoi l’Ardèche ?
Parce qu’on ADORE l’Ardèche, c’est une région magnifique, avec des rivières incroyables et un climat particulièrement clément. C’est aussi idéalement situé par rapports à l’axe Lille / Paris / Lyon / Marseille. Il est relativement aisé de s’y rendre en train ou en voiture.
Cela a-t-il été compliqué de convaincre les groupes de venir ?
Non, pas tant que cela. Déjà parce que nous ne sommes pas des lapins de deux semaines, on organise avec Génération Spontanée et Perspectives Irrationnelles beaucoup de concerts à Lyon, on connaît les agents et les agents nous connaissent. Tous ont été enthousiastes lorsque nous avons présenté le projet. Les groupes vont passer un super moment et découvrir une belle région. Le rock et la pop indé ne sont pas très présents dans cette partie de la France, les groupes que nous avons programmé n’y jouent jamais !
Combien de personnes attendez-vous sur cette édition ?
Le site peut accueillir 1200 festivaliers, et nous espérons faire le plein.
Et enfin, qui se « cache » derrière le Heart Of Gold ? Qui sont ses fondateurs ?
Melville Bouchard, dont j’ai déjà parlé et qui est le directeur du festival, un vrai passionné, Virgile Brouard qui organise des concerts sous la bannière Perspectives Irrationnelles, Olivier Dumonteil et moi qui organisons également des concerts avec Génération Spontanée. C’est le noyau dur, tous dingues de rock, de pop et d’électro indie.
Plus d’infos sur le site du festival Heart of Glass, du 20 au 22 septembre à Ruoms (Ardèche)