C’est probablement l’une de mes distinctions les plus douteuses, mais j’étais l’Eggman [l’homme-œuf] – quelques potes m’appelaient même simplement « Eggs ».
Le surnom est resté après une sauvage aventure en compagnie d’une copine Jamaïcaine baptisée Sylvia. Je m’étais levé tôt un matin, affairé à la cuisson du petit-déjeuner, complètement nu si ce n’est une paire de chaussettes, quand elle s’est faufilée derrière moi en me glissant une capsule de nitrite d’amyle [aka poppers] sous le nez. Alors que les vapeurs allumaient ma cervelle et que je glissais sur le sol de la cuisine, elle atteignit la table et attrapa un œuf, qu’elle craqua au sommet de mon bide. Le blanc et le jaune roulèrent sur mon bas-ventre et Sylvia glissa ma bite baignée d’œuf dans sa bouche et commença à me montrer, l’un après l’autre, quelques petits trucs jamaïcains. Une nuit, j’ai raconté l’histoire à John pendant une fête dans un appart de Mayfair, entouré par une poignée de blondes et d’une petite asiatique.
« Vas-y, lâche-toi Eggman ! » riait John à travers ses lunettes rondes perchées sur son nez crochu alors qu’on essayait de s’enfiler ces jeunes filles de bonne volonté.
Burdon , 2001 autobiographie, Don’t Let Me Be Misunderstood
Ici traduit de l’Anglais par Antoine Jobard