« Faut-il y aller ou pas ? ». Pour la quatorzième édition du festival parisien, Gonzaï a tenté de trouver dix bonnes raisons pour vous convaincre de transpirer avec 40.000 personnes pendant 3 jours devant des dizaines de groupes que vous ne pensiez pas un jour subir sur scène.

Parce que Rock en Seine est aux festivals ce que les soldes sont aux shoppers et que vous attendiez peut-être qu’il y ait moins de monde pour faire de bonnes affaires, voici donc un papier dont le seul mérite est qu’il n’a pas été écrit par un stagiaire de rédaction faisant du copié-collé de communiqué de presse pour justifier sa demande d’accréditation. Et bien sûr, inutile de nous répondre qu’on a poussé le bouchon trop loin, ils sont interdits à l’entrée par les vigiles.

1. Parce que vous vous tenez absolument à trouver le graphiste coupable des affiches.

On vous souhaite bien du courage pour le trouver sur le parc de Saint-Cloud, mais la personne en charge des visuels de Rock en Seine mérite au bas mot une lapidation par le gobelet en plastique tant chaque affiche contredit tous les principes esthétiques de la Convention de Genève du graphisme. Après l’édition 2015 (un crocodile et un serpent, soit un motif papier peint idéal pour vos toilettes), celle de l’édition 2016 s’avère être un bon cru niveau plantade industrielle. La légende raconte qu’Amadou et Mariam seraient devenus aveugles après avoir découvert l’intégralité des affiches 4X3 dans le métro.

2. Parce que vous avez raté Massive Attack en 2003 et en 2010.

Attention spoiler : vous êtes vieux. Coup de grâce dans l’intrigue, Massive Attack aussi (25 ans d’existence). La différence entre le groupe de Bristol et vous, c’est qu’eux semblent disposer d’une carte de membre à vie. En comptant l’édition 2016, Massive Attack comptabilise trois participations à Rock en Seine, soit environ une participation tous les cinq ans. L’occasion d’inaugurer un nouveau genre musical pour les anciens combattants : le trop-hop.

3. Parce que vous avez aussi raté The Shins en 2007 et 2012 (décidément vous avez pas de chance)

Même principe, mêmes effets. Fonctionne également avec Two Door Cinema Club (déjà programmé en 2010), Wolfmother (en 2006), Birdy Nam Nam (2009), La Femme (2013), Foals (2010) ou encore Caravan Palace (2012). En fait, on vient de comprendre : Rock en Seine vient d’inventer le replay perpétuel. En revanche si vous êtes né(e) en 2015, pas de problème : tout vous semblera hyper fresh.

4. Si vous sortez tout juste d’une faille temporelle.

Après tout, c’est parfaitement possible quand on sait que chaque édition est l’occasion d’un exploit : réussir à déterrer un groupe des années 90 qu’on pensait mort dans un accident d’avion, à la retraite ou coincé dans un vortex avec Marty McFly. Après les Foo Fighters en 2011, Green Day et Placebo en 2012 (double combo), System of a down en 2013, Prodigy en 2014 et The Chemical Brothers en 2015, cette année c’est Sum 41 et Cassius qui auront l’insigne honneur de jouer en partenariat avec la maison de retraite Quiss Richard.

Le groupe Ghost en 2015 (à ne pas confondre avec Liam Gallagher)

5. Parce qu’il n’y aura pas Jesse Hughes (et c’est une bonne nouvelle).

Initialement programmé avec Eagles of Death Metal, le traumatisé du 13 novembre a finalement été déprogrammé suite à un énième dérapage où il évoquait « la jalousie arabe » pour justifier la tuerie du Bataclan. Hey, tu sais quoi ? Ta gueule, Jesse. L’occasion de rappeler – au cas où vous n’auriez pas compris – que Queens of The Stone Age s’est produit à Rock en Seine en 2005, 2010 et 2014. (Ex-æquo avec Massive Attack)

6. Parce que vous pourrez (au moins) lire un livre.

Les statistiques indiquent que 70% des Français lisent au moins un livre par an. Si vous êtes parti des 30% restant, pas d’inquiétude. Grâce à la ligne 9, qualifiée par les professionnels d’Orient Express de la RATP à cause de sa longueur, vous saurez profiter de l’heure qui vous sépare du métro Pont de Saint-Cloud pour dévorer (à l’endroit) l’intégrale d’Yves Adrien. Bonus pour le trajet retour : relire l’intégrale d’Yves Adrien à l’envers (c’est peut-être plus compréhensible).

7. Si vous voulez voir Jean-Paul Huchon faire un twerk.

En fait, ce point ne compte pas. On nous souffle dans l’oreille que Jean-Paul, débarqué du Conseil Régional, n’a pas encore confirmé sa présence au premier rang. Une grande déception pour tous ceux qui aimaient se foutre de sa gueule en voyant chaque année ce « fan de Jimi Hendrix » danser mou avec un pull noué autour des épaules. Lot de consolation : guetter la venue de Valérie Pecresse et espérer une chenille avec les Naive New Beaters.

Huchon, toujours premier sur le rock.

8. Si vous avez lu notre papier sur Grand Blanc.

Programmés cette année, les Lorrains auront certainement à cœur de contedire toutes les saloperies écrites dans l’article Pour un journalisme de combat où l’auteur parlait de Grand Blanc comme « d’un groupe de coldwave tenant à peine debout ». On profite de cette entrée pour lancer un grand jeu concours : envoie-nous un live report enflammé de leur concert samedi et gagne ton poids en grand chocolat blanc.

9. Si vous êtes un connard de hipster.

Okay, on est bien d’accord que le terme hipster est soooo yesterday. Ca n’empêche que si Rock en Seine fait bien le boulot sur un point, c’est sur ses « Avant Seine ». Depuis 2005, les programmateurs proposent aux amateurs de disques qui se vendent à moins de 5000 copies de se faire les dents sur les meilleures découvertes du moment. Après Cheveu, Petit Fantôme ou encore Jessica93, cette année il ne faudra pas rater Adrien Soleiman et Kaviar Special. Ami lecteur, on voit bien que tu es un peu déçu par cette entrée 100% positive, rattrapons-nous vite avec la suivante.

10. Si vous voulez nous voir, nous, les médias.

D’année en année, Rock en Seine semble être devenu le jour de rentrée des classes de toute la profession musicale. S’il est communément admis que 65% des médias accrédités n’écriront évidemment aucune ligne sur le festival et sont uniquement là pour picoler ou se faire voir, les 35% restant profitent de l’événement pour se réunir lors d’inoubliables séances de présentations de cartes de visite où chacun aime à comparer la police choisie pour illustrer la sienne, sans oublier le climax du « mais tu peux aussi me retrouver sur Twitter, Snapchat et Instagram ». Astuce pour toi, le festivalier qui a payé ta place, pour assister à cette réunion B to B : te munir de jumelles et observer tel un paparazzi cette faune timide qui ne sort du carré presse qu’en de très rares occasions (passage d’Iggy Pop, séance de dégustation gratuite de hot dog gluten free, évacuation incendie).

http://www.rockenseine.com/

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