Chanteur du groupe de rock danois The Love Coffin, Jonatan K. Magnussen revient avec son projet parallèle Chopper pour « Shockpop Vol 1 », son deuxième album, prévu pour le 16 juin sur le label Pink Cotton Candy. En attendant la date fatidique, deux singles accompagnés de clips viennent de paraître : Springtime et Sugar and Spice.

Après les tribulations du nébuleux et injustement méconnu The Love Coffin, formation entre glam rock et gothique, active sur la scène de Copenhague de 2012 à 2020, leur chanteur Jonatan K. Magnussen tire parti de l’isolement pandémique pour se lancer dans un projet solo qu’il baptise Chopper. Un premier album paraît en début d’année 2022, intitulé « The Wonderful and Wicked World of Chopper » (Pink Cotton Candy / Vicious Records). Toute ressemblance avec « The Wonderful and Frightening World of The Fall », septième album studio du regretté Mark E. Smith, lui aussi influencé par la littérature d’effroi, semble fortuite.

À l’époque de cette première sortie discographique sous l’alias Chopper, le chanteur pourvu d’une dégaine d’acteur hollywoodien en plus débraillé m’avait confié avec humour n’avoir « jamais réellement eu l’argent, la célébrité, la voix ou le look pour être une pop star ». Il trouvait ainsi « assez amusant d’essayer de camper ce personnage, tant musicalement que visuellement » dans ses vidéos. Il qualifiait à ce titre Chopper de « sorte d’incomprise, triste et misérable pop star à petit budget ou de perdant magnifique ». Son alter ego semble immuable au visionnage de ces premiers extraits du nouvel album.

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Les influences hybrides de ce projet, qui n’a rien à voir mis à part le nom avec le modèle de motos conduit par Dennis Hopper et Peter Fonda dans Easy Rider, synthétisent à merveille la dance music de la fin des années 1970 aux années 1990, entre disco, new wave, indie dance, eurodance, acid et raves. Magnussen les enrobe néanmoins d’une dimension plus sombre qui en dessine tout l’intérêt. Serait-ce lié au phénomène de nuit polaire qui sévit dans les pays scandinaves ?  

À l’orée du printemps était diffusé le premier single de « Shockpop Vol 1 » dont la date de sortie n’était pas le fruit du hasard puisqu’il s’intitule Springtime. Outre la dimension marketing, son clip d’un rétro façon John Carpenter figure assez bien cette ambivalence entre sensibilité glam romantique burlesque et chaos industriel vicié de schizophrénie et d’effroi. On retrouve dans ce morceau l’originalité de son approche vocale dualiste qui faisait déjà l’une des spécificités de Love Coffin.  Il considère par ailleurs cette chanson comme « la plus dépouillée et la plus subtile de l’album », avant de poursuivre : « J’en suis très fier et je pense qu’elle correspond très bien à mon monde intérieur, à mes fantasmes et à mes émotions ».

L’instrumentation qui débute avec un aspect disco-funk à la basse groovy comme pilier rythmique amène sur un refrain plus sulfureux et dévoile alors la véritable facette de ce docteur Jekyll et M. Hyde. Elle mute ensuite progressivement vers une atmosphère sonore plus vénère, amplifiée de saturation, qui n’est parfois pas sans rappeler le rock industriel d’un Marylin Manson, notamment sur le plan vocal. Chopper préfère, lui, revendiquer quelques Bowie, Abba, Pet Shop Boys, Shamen et Ministry comme inspirations. En substance (avec ou sans mauvais jeu de mots), c’est un peu comme si on écoutait du disco dans l’ « Upside Down » de Stranger Things.

 

En cette fin avril, c’est son deuxième single, Sugar and Spice, qui sort sur sa chaîne Youtube. Cette fois-ci secondé par la voix de son acolyte Glitchi, le freak danois qualifie son titre de « voyage rapide, furieux et trippant à travers toutes sortes de genres et d’émotions ». Alors que le saxo jazzy et le rythme dansant initial peuvent suggérer l’approche hybride des Mancuniens de Quando Quando, qui se produisaient à l’Haçienda au milieu des années quatre-vingts, la suite s’envole vers un tumultueux rythme acid rave sur lequel la voix maléfique de Magnussen vient contraster, assombrir, ce début jovial où le sifflement des oiseaux gravitait autour du cuivre. Le duo semble également jouer le pastiche de groupes comme Aqua et Abba, respectivement originaires du Danemark et de Suède, moquant cette approche scandinave à la jovialité dérisoire à travers des chansons aux sonorités plus austères.

On passe du cuivre au cuir dans ce clip aussi barré qu’une vision tourmentée par une surdose de mescaline, qui suggère, par ses effets stroboscopiques et couleurs exaltées, un état de conscience altérée comme dans le clip de Wrote For Luck des Happy Mondays ou pas loin de certains Prodigy. Qu’importe les comparaisons, Chopper assoit avec éclat son style, celui d’une dance romantico-macabre, lugubre et décadente mais pas moins festive pour autant. Il vient danser sur les carcasses putrides de la carrière des formations édulcorées d’eurodance bubblegum scandinaves qui ont braqué l’industrie musicale en leur temps avec leurs rengaines aujourd’hui fanées, gênantes. « J’aime les choses qui me dérangent, précise le chanteur, les choses que je ne comprends pas entièrement, la musique et l’art qui me parlent émotionnellement d’une manière ambivalente. » Puis de poursuivre avec un second degré assumé : « Ceci étant dit, j’aimerais bien provoquer un combat « Blur Vs Oasis » avec Aqua ou Abba, mais je crois qu’il est un peu trop tard, et je ne pense honnêtement pas qu’ils seraient intéressés, ou qu’ils me verraient comme un vrai concurrent ou une menace. »

En attendant de pouvoir se faire une vraie idée de « Shockpop Vol 1 », dont l’intégralité réserve certainement de bonnes surprises puisque Magnussen explique que contrairement à son précédent, il a cette fois « essayé de ne pas avoir de limites, de règles ni de dogmes » au moyen de l’emploi de « tous les sons que je trouvais intéressants pour créer une œuvre grandiose, exagérée et plus grande que nature ». Le prochain single, Touch, paraîtra à la mi-mai. Une tournée semble également se profiler en France pour la mi-octobre. Ce sera probablement l’occasion de se faire une idée de ce que ce prince danois maléfique, pop star à petit budget, a réellement dans les tripes.

https://chopper5.bandcamp.com

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