Les Pet Shop Boys rompent avec une tradition vieille de presque 30 ans : des titres d’albums qui tiennent en un seul mot (Please, Disco, Nightlife, Fundamental etc.). Cent millions de disques plus tard, c’est un bout de phrase entier qui marque un nouveau tournant dans leur déjà (trop ?) longue carrière : Les Boys sont morts… mais est-ce si surprenant ?
Difficile pour Chris Lowe et Neil Tenant de se défaire de cette étiquette de garçons-coiffeurs complètement has been qui leur colle à la peau. Ils devenaient, un peu plus à chaque album, cette caricature d’intellos baroques décadents. En 2011, pour savoir ce à quoi aurait pu ressembler le groupe s’il n’avait pas mal tourné, il fallait écouter le Night Work des Scissor Sisters. Autant dire que plus personne n’attendait les Pet Shop Boys. Quelques 25 ans après leurs débuts, ils recevaient un Brit Award d’honneur en 2009, pour leur « contribution à la musique », sorte d’hommage post-mortem pour un duo dont on n’attendait plus rien.
Deux ans. C’est ce qui leur fallait pour composer The most Incredible Thing. Une bande originale plutôt couillue au conte d’Andersen, adaptée au Sadler’s Well Theatre et mise en scène par le chorégraphe Javier de Frutos. Ceux qui ont eu le courage de suivre l’évolution du groupe reconnaîtront, çà et là, les prods hyper-kitsch qui ont fait la (mauvaise) réputation du duo britannique.
Lowe et Tenant habillent donc le conte de parures souvent extravagantes, dont il est bien difficile de dire si elles sont rétro ou modernes. Esprit Burtonien de rigueur, on valse de nappes d’orgues interminables en fausses sections cuivres (Prologue, Colour and Light, the Destruction), avec une certaine fantaisie. Paradoxalement, les Pet Shop Boys signent pourtant de véritables pop-songs aussi éclectiques qu’acidulées (The Grind, The Winner). Le contraste est saisissant, et le projet certes louable.
… Longue vie aux Boys ?
Le dernier album est aux Pet Shop Boys ce que Tron est aux Daft Punk. Il ne s’agit pas tant de leur énième album que de leur première B.O. On est très loin de l’esprit de Please (1986), et a fortiori de leur retour aux sources manqué de Yes (2009). Là où le bât blesse, c’est que leur style les prédisposait à cet exercice. Et même si c’est dur à avaler, leur démarche est plus cohérente que ne l’a été celle des Daft pour les studios Mickey. Les Pet Shop Boys sont ici à leur aise dans ce qu’ils font de mieux : de l’illustration sonore.
Un disque (nous éviterons le terme « album ») symptomatique d’une tendance. L’électro et la bande originale, quoiqu’elles aient toujours fait bon ménage, sont plus que jamais des véritables « BFF » : de Mr Oizo et Gaspard Augé pour Rubber, aux Daft Punk pour Tron, en passant par les Pet Shop Boys pour The most Incredible Thing, les duos lorgnent du coté des 4ème et 7ème arts. Paul McCartney et Damon Albarn, toujours à l’affut des bons plans, ont prévu de suivre le cortège. Alors nul doute qu’en pratique, le rendu scénique du ballet des Pet Shop Boys est plus qu’honorable. Mais en théorie, il s’agit ici de musique. Et à cet égard, ça n’en reste pas moins un disque à oublier. De là à dire que le groupe l’est aussi, il n’y a qu’un pas que je vous laisse libre de franchir.
Pet Shop Boys // The Most Incredible Thing // EMI
http://www.petshopboys.co.uk/
5 commentaires
par pitié tirons la chasse une bonne fois pour toute
Oh no … Oh no … pas d’accord. Ce disque, s’il fait partie, je le pense aussi un peu quelque part, des disques à oublier pour les mélomanes avertis de tous bords, n’en est pas moins inoubliable. C’est un disque qui peut marquer, sensibiliser, intriguer, ouvrir et faire rêver dans les milieux égarés du meanstream. Dans un style type english de kitch élégant et raffiné. Moilà, j’ai été complètement bluffé par ce truc bizarre venu d’ailleurs. ça doit être mon côté kitch naïf qui me ramène à toutes les merdes que j’ai pu écouter gamin avant de vraiment m’intéresser à la musique.
les pet chop c est de la musique de tata queenie (rien d homophobe là dedans) faite par des érudits qui veulent faire du mainstream gay. J’ai bossé avec ces gens qui sont charmants et bien élevés mais leur son est pour moi vulgaire, peu importe le raffinement des arrangements qu’ils injectent. Pour moi il y a avec les pet shops ce que j’appelle le » ah non c’est pas pareil » ce syndrome de surchauffe des personnes de bon goût qui tout à coup sortent des choses grossières du genre Texas ou Madonna c’est bien.
Je comprends très bien ton point de vue Serlach mais du même coup on ne comprend plus l’intérêt de chroniquer ce truc, en tout cas sur Gonzaï puisque a priori il aurait du, selon tes arguments, passer directement à la corbeille, celle de la rédaction et de l’oubli évidemment. J’en aurais dit autre chose certainement sans parler de « tata queenie » et de « meanstream gay ». J’ai toujours haïs Texas et prouté sur Madonna. Pour ce qui est du « son », bah là je suis sec, tu dois avoir raison. Bref, je pense sincèrement que ce truc méritait qu’on en parle autrement mais sans doute pas ici.