Attention aux faux-amis en soirée lorsqu’à la belle-mère, outrée, vous lui avouerez votre nouvelle passion pour la beef. Sûr que si elle comprend que vous tannez la joue de sa fille chérie avec vos bijoux de famille, pas certain que vous touchiez l’héritage… Ici, il n’est pas question de bife (« une baffe avec sa bite »), mais bien d’un coming-out carnassier, brandissant désormais ce nouveau magazine (lancé en mars 2014) sous l’aisselle comme carte du parti des viandards. Ouf ! Erotomanes de la graisse décomplexée, Beef! est donc fait pour vous. Avec le quota de testostérone en plus.
Pour preuve ? Ce slogan, digne d’une fin de repas à Courtepaille : Pour les hommes qui ont du goût… Pas sexiste pour un sou, pensez donc ! Mais non, mais non. Un supplément échalotes en plus et on se retrouvait avec « Pour tailler la bavette » ? « Pour les mâles qui aiment les boudins » ? Ou encore « Parce que je le veau bien » ? Rires (gras, forcément), à se tenir les côtes. Pas étonnant qu’ils complètent la carte du jour par quelques reportages dans les caves : la rédaction a l’air bien siphonné…
La merguez partie
Et s’il y a farces, elles ne sont ici qu’aux abats/légumes. Shootées HD et en macro (Tudiu ! Le faux-ami est décidemment fourbe…). Car, sur leur site Internet, c’est très sérieusement qu’une pin-up relookée manga – avec jupette et masque bovin – vous invite à consommer le magazine sous abonnement. On a frôlé le quatre pattes lascif avec le pot-au-lait de Perette… Et c’est sur le même air faussement innocent que l’on vous annonce la Fête de la moule, le 2 août à Hillion. Encore un stagiaire rebelle, putschiste du crustacée, qui a confondu côtes d’amour et Côtes d’Armor. Il y a du coup d’état dans l’air…
Prions pour que la success story ne contamine pas les confrères. À quand la version féminine spéciale graines (« Pour les femmes à l’appétit d’oiseau »), poissons (« Pour celles qui aiment la queue/la raie » – rayez la mention inutile) ou autres gibiers à poil et boas à plumes ? Non, mais oh ! Et votre tranche de papier glacé, je vous la fais plus fine ? Il y en a pour 50 pages, je vous les laisse ? Avouez qu’il y a un os. Pour des types qui se prétendent « porte-voix de l’esprit gourmet », certains ont surtout la langue bien pendue…
Gastro, c’est trop
Ah ça, Beef! sait rendre coquin un rôti aussi saignant qu’un film du samedi soir. Ou ficeler la paupiette en porte-jarretelles printaniers avec sa rondelle obscène. Même le croupion du poulet, les cuisses offertes, a l’air de vous lancer une invitation sans retour… Après la danse de salon, le porno des assiettes ? Y a plus de saison, ma pauv’ dame. Et surtout de quoi dégouter de dessert l’herbivore Aymeric Caron.
Pas cool, surtout, d’assumer la surproduction de pets au méthane et vouloir faire de nous des ruminants. On sait que la tendance va à comater devant les transpirants de Top Chef et autres aspirants de Master chef… Valeur refuge, tout ça tout ça. Ok. Il en va même, parait-il, de l’orgueil national… Rendez-vous compte ! Manquerait plus que Le Pen ait sa rubrique « Tout est bon dans le cochon » pour réhabiliter la bonne chair, version yeux bleus/mèche blonde. Avec nappe Vichy, off course.
Conclusion. Finies les projections de « Bambi » sans le manteau, pendant la récréation. Et, à la cantoche, mangez 5 fruits et légumes. Vous verrez : ça détend…