La galerie d’art Psyché Stories, perdue au milieu du centre commercial Vill’Up à Paris, accueille actuellement l’expo International Times, le journal de la résistance. L’occasion de retourner rapidement les plus belles pages de ce journal des années 60 plébiscité par Pink Floyd et les auteurs Beats. Et finalement détruit par la censure.
Manquer une galerie d’art psychédélique plantée au milieu d’un centre commercial, c’est comme rater un éléphant dans un couloir. D’ailleurs, ce n’est pas forcément là qu’on s’attendrait à la trouver. « On est un peu sur les ruines du capitalisme » nous confie Jaïs Eldalouf (alias DJ Oof) en allumant un morceau de palo santo. Lui, il a monté Psyché Stories dans l’ancienne boutique Ben Simon de Vill’up, à la Villette, fermée pour faillite. Et la galerie, elle marche mieux que le magasin de fringues ? « Pas vraiment, mais on ne paie pas de loyer ».
Finalement, Psyché Stories va tirer sa révérence. Mais pour ses deux dernières semaines, Jaïs dévoile une partie de sa (grande) collection d’art psychédélique pour l’expo International Times, Le journal de la résistance avec les unes les plus emblématiques de ce journal pionnier de la free press.
International Times (IT) est fondé à Londres en 1966 et se fait le porte-parole des idées de la contre-culture : luttes sociales, pacifisme, antiracisme, libération sexuelle, écologie politique. IT est soutenu dès son lancement par Paul McCartney et Pink Floyd, mais son activisme provocateur le met illico sous les feux de la censure. En cause, des accusations d’obscénité (entre autres, un avis de recherche pour Jésus, accusé de « vagabondage, anarchie criminelle, et complot anti-gouvernemental ») et d’incitation à la drogue, dont le journal publie régulièrement les cours. Mais plus largement, c’est une grande voix de l’activisme que l’Angleterre conservatrice veut faire taire.
Les descentes de police se multiplient et en réaction s’organisent d’immenses concerts de soutien, qui font du journal une figure culte et incontournable. Finalement, la censure aura le dernier mot et IT s’éteindra en 1978 après avoir accueilli les plumes d’Allen Ginsberg, John Peel, William Burroughs et autres figures en résistance. Pour Jaïs, revenir sur IT prend tout son sens « dans notre contexte de pensée unique, où les médias n’ont plus la parole libre » et les thèmes abordés par le journal sont toujours largement d’actualité : « soit c’étaient des visionnaires, soit rien n’a bougé, soit on a régressé ».
Affiche du concert de soutien à IT « 14 Hour Technicolor Dream », avec entre autres Pink Floyd, The Pretty Things et Soft Machine
Au-delà de son étrange emplacement, Psyché Stories est un lieu atypique, autant galerie d’art (psychédélique et contemporain) que boutique bric-à-brac. On trouve fringues tie & dye, disques, livres, bagues en toc, pins d’infirmière (« Pfizer ou Moderna ? ») et des affiches psychés des 60’s vendues plusieurs centaines d’euros. On peut même se faire tirer les cartes de tarot dans une alcôve cachée d’un rideau. Un joyeux bordel donc, au croisement de divers univers à la filiation pas forcément évidente, entre nostalgie d’une image d’Épinal et transmission d’une culture dont l’harmonie chaotique inspire encore.
Du 4 au 20 février, mercredi-dimanche 14h30-20h30, à la galerie Psyché Stories (Vill’up)
https://villup.com/shop-food/psyche-stories/
2 commentaires
richard hell got milk
je prepare en province une expo sur OZ MAGAZINE ,le branle couille de bester de gonzai en parlera t’il ici ?je me souviens de OZ MAGAZINE , feu actuel magazine de Bizot a beaucoup bandé et pompé sur OZ , j’ai découvert ce magazine à Londres en 1988 j’avais trouvé par hasard un exemplaire oublier au cinéma Screen on the Green de Islington https://perseverancevinylique.wordpress.com/2021/01/17/je-me-souviens-de-oz-magazine/