Comme des millions de Français, je me faisais bien chier tout seul chez moi. Alors j’ai décidé d’appeler les Wild Fox pour un apéro virtuel sans alcool et sans postillons. Et vous savez quoi ? On s’est marré comme des petits fous en abordant deux-trois sujet intéressants comme leur passion inventée pour le Brian Jonestown Massacre, l’amour du changement ou encore l’identité des génies  derrière les clips de ces jeunes blousons noirs dopés au rock’n’roll.

Après moult articles sur leurs clips géniaux aux scénarios complétement dinguos, dont l’avant-dernier déjà culte qui mettait en scène une baston entre un rockeur-bobo et un branleur punk, il était grand temps de caler une bonne grosse interview avec les membres de Wild Fox. Originaires d’Angers (comme les Thugs), ils assurent magnifiquement la relève du rock’n’roll français depuis déjà quelques années, avec une évolution esthétique passionnante et des concerts toujours tonitruants.

On s’appelle donc en pleine après-midi, bloqués comme des cons entre quatre murs. Absolument tout y passe : leur passion pour BJM inventée par un journaliste incompétent, leur amour du changement permanent, les petits boulots dans les vignes pour survivre, l’histoire derrière leur série de clips magiques, la violence de leur esthétique qu’ils n’assument d’ailleurs pas totalement, et accessoirement l’EP « Night Has Come » qu’ils viennent de sortir, nouveau très bon cru où ils déclarent leur amour à la nuit qu’ils adorent pour foutre le feu au studio et au post-punk qu’ils écoutent religieusement depuis de nombreux mois. On a tellement hâte d’écouter leur premier long, en pleine préparation, et dont ils ne savent absolument pas eux-mêmes à l’heure où l’on se parle à quoi il ressemblera. S’agira-t-il d’un medley de violence garage et post-punk, d’un premier disque assez doux, d’un truc cold-wave ou même de reggae ? Les paris sont ouverts.

En attendant, voici le nouveau clip offert gracieusement par le groupe, Feel, qui n’est absolument pas un horrible « clip live » mais bien un hommage amoureux à leur salle de répét bientôt détruite.

 

Salut les mecs. Reprenons l’histoire depuis le début : vous vous connaissez depuis longtemps ?

Jack : Ouais, depuis 6 piges. Avec Jean ça fait même dix ans. On s’est rencontré en 2015, on a formé le groupe rapidement. Et contrairement à ce qui est souvent raconté, on s’est pas du tout rencontré en écoutant le Brian Jonestown Massacre. On écoutait même pas à l’époque… En vrai, c’était un soir de concerts. On avait respectivement deux duos, et comme nos sets étaient beaucoup trop courts, on a fini par taper un bœuf ensemble pour finir le truc. C’est à ce moment-là qu’on s’est mis à écouter du psyché, en 2016 donc, pas avant. Et pas de BJM, on écoutait surtout les Black Angels.

Vos premiers morceaux sont absolument introuvables, c’est normal ?

Jack : Ouais c’est normal, on a rien foutu sur le web. On les garde bien au chaud, pour les vendre bien chers plus tard. C’est nos premiers jets de répet’ quoi, un truc ultra psyché, capté dans la chambre de Josic à Bagneux (un vieux bled collé à Saumur, dans la campagne Angevine, Ndr). Ça nous a servi pour faire nos premiers concerts, pour démarcher le Chabada et des bars autour de chez nous. Entre 2016 et 2017, on en a fait quelques-uns à à droite à gauche, entre Angers et Saumur, mais rien de fou. On passait plus notre temps à écrire des chansons. C’est vraiment à partir de 2018-2019 qu’on a commencé à faire pas mal de shows qui tabassent.

Ok je vois, 2018 pour le live. Par contre dès la fin 2017 vous commencez votre série incroyable de clips dinguos… Vous êtes des vrais experts de la promo, doublé de sacrés acteurs ! Vous pouvez me raconter l’histoire de ce premier clip, Gin Less ?

Josic : Ce sont des potes de Saumur qui faisaient une école de cinéma à Paris. Ils ont réalisé nos trois premiers clips . On se levait hyper tôt dans le froid pour tourner. C’était vraiment cool, un bon week-end entre potes.

Jack : Ouais c’était cool mais aussi vraiment dur parce que c’était la première fois qu’on faisait ça. Grosse équipe de tournage, on avait des galères de tout : de lieu, de figurants, des plans de dernière minute.. On passait notre temps à se faire engueuler mais c’était drôle. On a torché ça en deux jours.

 

Juste après ça vous faites votre première tournée nationale. Je vous découvre un soir au Supersonic, c’était un putain de concert.

Jack : Ouais y’avait même Anton Newcombe qui assurait un Dj set après, c’était tellement cool comme soirée !

Tellement cool que je m’étais bien bourré la tronche alors que j’avais un reportage le lendemain pour Gonzai. Je suis arrivé six heures en retard, merci les gars, ça a fait une super intro dans le papier. Bref, après ça, nouvelle vidéo incroyable avec Lock : vous faites les cons dans un supermarché avant de vous barrer en mob’, avant une scène de guerre finale digne du Seigneur des Anneaux. Vous avez rameuté toute la ville pour tourner ce bordel ?

Josic : Exactement, on a distribué des petits papiers en ville pour choper des figurants. Y’avait surtout des voisins, des potes de potes, de la famille. Y’avait aussi un clodo, il voulait absolument qu’on lui achète un pack de bière sinon il tournait pas, il avait une énorme crête bleue, ça passait bien dans le clip. Du coup on lui a payé son pack.

Marrant putain. Du coup gros coup de projecteur qui fait plaisir ensuite avec la programmation à « Levitation Angers », le plus gros festival psyché du pays. 

Jack: On était simplement le groupe local qui ouvrait, y’en a un tous les ans. C’était assez dingue, on ouvrait le premier jour à 19h, et nos potes qui avaient joué les autres années à notre place nous avaient dit « ouais c’est cool par contre y’aura personne, trop tôt ». En fait pas du tout, ça s’est rempli en deux minutes, la salle était pleine à craquer, en plus c’était BJM en tête d’affiche : on était refait !

Après ça, vous sortez début 2019 votre deuxième EP « Wanker’s Juice » : vous dites adieu au psyché, bonjour le garage bien violent. J’ai lu que l’enregistrement s’est déroulé non-stop durant plusieurs jours/nuits sans dormir.

Josic : Ouais c’était au Love Island Studio à Angers avec Eliott Achard et François Baron. On glandait pas mal durant la journée en fait, on arrivait pas vraiment à se concentrer. On faisait la plupart des prises la nuit en fait. Un soir François nous a acheté une bouteille de whisky pour qu’on se mette dedans, avec des petites lumières, c’était trop bien. Depuis on a gardé ce truc là, on n’enregistre que la nuit.

« Les morceaux, on les écrit sobres, on les enregistre et on les joue pas forcément sobres ».

Un paquet d’artistes composent ou enregistrent la nuit, comme Bob Marley, Christophe.. Faut croire que c’est propice à la création, à l’inspiration. La tournée qui suit, vous défoncez pas mal de scènes aux quatre coins de la Gaule. C’était où la meilleure ambiance ?

Josic : Ben… pas en France. Je me souviens surtout d’une date qu’on a fait en Suisse, y’avait personne mais c’était une soirée vraiment cool, on avait tout le bar pour nous.

Josic : Nos meilleurs souvenirs c’est dans les plus petits rades. Comme en Suisse c’était génial.

Mais qu’est-ce que vous êtes allés foutre en Suisse ? 

Jack : Ouais, c’était surtout pour fumer du CBD. On avait trouvé un paquet par terre, mais on avait pas trop kiffé, aucun goût.. Je pense qu’il vaut mieux se fumer un bon gros pilon, on va pas tourner autour du pot..

Ahaha. Rassurez-moi vous êtes plutôt sobres quand vous composez ?

Jack : Les morceaux, on les écrit sobres, on les enregistre et on les joue pas forcément sobres.

Ouais je vois, ça vous va bien. Vous faites de la musique assez violente en plus, ça marche plutôt bien en live. Du coup depuis un an c’est un peu le calme plat, non ?

Jack : Ouais c’est un peu relou. On trouve des alternatives. On joue sur la compil’ Sick Sad World qui vient de sortir. On va essayer de faire des feats avec d’autres groupes. On va aussi commencer à bosser sur notre premier album, on est pas du tout pressé en fait..

L’EP devait sortir à l’été 2020, vous avez du attendre hyper longtemps, ce qui n’est pas dans vos habitudes.

Jack : C’est clair. On a du repousser, repousser, repousser, pi à un moment on s’est dit « fuck, covid ou pas, il faut le sortir, sinon il va commencer à rouiller ». On a enregistré ça avec Elliot Achard avec qui on avait déjà taffé sur « Wanker’s Juice » à Angers, on a fait mixer ça par Michel Toledo à La Rochelle et on l’a fait masterisé à New York par Dan Coutant du Sad Room qui bosse pas mal avec la scène garage/punk, un gars des Thugs nous l’avait conseillé.

Peut être une image de 2 personnes, personnes debout et texte qui dit ’lake 0 W’

Le disque est bien, mais je trouve que c’est un poil’ moins punk que vos concerts.

Jack : Non t’as raison, on joue les morceaux un peu moins vites sur l’album. On cherchait pas l’énergie en premier, on essayait surtout de bien rentrer les morceaux, mais ouais, c’est un peu plus doux que le live, t’as vu juste. Ce truc de la violence on nous le dit souvent, on y pense pas tant que ça finalement.. Mais ouais on est vraiment fermés à aucun style, rien ne dit que dans dix piges on fasse pas un album de reggae. Pareil pour notre premier LP à venir, y’aura peut-être des trucs électroniques, des violons.. C’est ça qu’est cool avec ce groupe, on se poser aucune limite, on fait le truc comme il vient.

A part ça, il arrive quand, ce fameux premier disque long-format ?

Josic : Le plus vite possible, en espérant qu’on puisse le défendre en tournant quoi. Récemment on a retourné Shut Up and Let Me Go des Ting Tings pour la compil’ « Sick Sad World Volume 2 », on l’a refait en mode cold wave. Pour la suite, on attend la reprise des concerts, on bosse à côté dans les vignes, Jack il est barman au « Garage » à Angers (un bar à bières bien cool qui fait scène ouverte, Nndr) il touche le chômage partiel, et moi je fais de la photo et de la vidéo en freelance…

Yes ben j’ai fait un papier sur ton mini-film pour Scuffles.

Josic : C’est le vrai premier clip que j’ai fait. J’ai enchaîné ensuite sur les deux derniers clips de Wild Fox, j’en ai fait pour d’autres groupes aussi.. On va en sortir un nouveau bientôt, là je suis sur le montage, ça sera plus simple, un truc années 80, avec nos gueules face cam. C’est un hommage à notre local qui va être détruit à cause de la Mairie, «La Cerclère ». Ils installent des logements sociaux à la place de l’énorme terrain vague qui jouxtait notre salle de répét’, on dégage pour éviter le tapage sonore à côté des habitations…

Damn. Bon, moralité vous continuez à tout faire vous-mêmes. 

Josic : Ouais c’est cool. On compose, on enregistre, on met des images sur nos sons.. On gère absolument tout, de l’écriture à la publication du bordel.

Wild Fox // EP « Night Has Come » //Auto-produit en 2021

Pour les traquer sur les internets, c’est par ici. Pour les écouter religieusement, c’est par là.

 

 

 

 

 

 

 

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