Après une formation musicale classique et un bref détour par l’armée israélienne, Tamar Aphek s’est petit à petit imposée sur la scène alternative de Tel-Aviv. Depuis deux ans, elle gagne une certaine reconnaissance internationale amplement méritée avec son album « All Bets Are Off », paru chez EXAG Records. De quoi attendre le nouvel album prévu pour 2023 avec impatience. Portrait.

La musique a toujours été présente dans la vie de Tamar Aphek. Mais pas nécessairement celle que l’on pourrait supposer, compte tenu de la couleur actuelle de ses compositions : la culture de Tamar se fonde d’abord sur l’apprentissage classique du piano, puis par le chant au sein de chorales locales. C’est sur le tard, en approchant la vingtaine, que la jeune musicienne s’émancipe de cet héritage en découvrant une foule de nouveaux horizons, du jazz au bebop en passant par le rock psychédélique : ses nouvelles idoles sont Slint, Fugazi, Sonic Youth et le Velvet Underground.

Entre temps, Tamar a effectué son service militaire, obligatoire en Israël. Un dernier passage par la discipline imposée, la hiérarchie et les cadres stricts, qui achèveront de la diriger sur cette nouvelle route dont elle dessine elle-même les contours. C’est pendant qu’elle porte l’uniforme et les armes qu’elle découvre la guitare électrique : aujourd’hui, la presse israélienne lui a conféré le statut légitime de déesse de la six-cordes.

All Bets Are Off – Kill Rock Stars

Tamar Aphek autoproduit son premier EP « Collision » en 2014. Très vite, sa singularité et sa virtuosité lui ont ouvert les bonnes portes, notamment celles du studio de Daptone, à New York, fréquenté notamment par feu Amy Winehouse et les hyperactifs de King Gizzard & The Lizard Wizard. Elle signera son album de 2020 « All Bets Are Off » sur le label bruxellois EXAG Records, album qu’elle défendra notamment en première partie des Black Angels au cours de l’hiver dernier.

« All Bets Are Off » marque par son caractère. En mêlant ses premières influences à une atmosphère surannée, empreinte d’onirisme américain et d’une sauvagerie sourde, peinant à être retenue, Tamar Aphek construit tout un paysage où l’étrange côtoie l’élégance, où les héritages rockabilly et bebop se mêlent à un krautrock dégoulinant de psychédélisme. Avec un faux air de Nico sur Russian Winter, des échos de Saâda Bonaire colorent Show Me Your Pretty Side et rencontrant ceux d’un bouge lynchien sur Beautiful Confusion ou Drive. Et dans le décor, entre une énième couche de reverb ou de tremolo, la trace d’un fantôme du passé, monstre d’élégance : Charlie Megira, génie israélien du mambo chic mort prématurément à l’apogée de son mystère. L’album se clôture sur une réinterprétation simple et intimiste du classique As Time Goes By, ponctuant ainsi « All Bets Are Off » par un clin d’œil symbolique au raffinement du Casablanca de 1942. « All Bets Are Off », comme une incantation lancée à l’incertitude du destin et ses jeux aléatoires : une main de virtuose pour remporter le jackpot, bien mérité.

Tamar Aphek // All Bets Are Off // EXARG Records, paru le 1er décembre 2020
https://tamaraphek.bandcamp.com/album/all-bets-are-off

Tamar Aphek sera en Gonzaï Night le 6 mai à la Maroquinerie avec Meule et Miët, les places sont à réserver ici

4 commentaires

Répondre à faux pas me la faire! Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages