Un jour, je suis tombée par hasard sur Plus Belle La Vie. Dans un décor ringard, deux actrices qui

Un jour, je suis tombée par hasard sur Plus Belle La Vie. Dans un décor ringard, deux actrices qui semblaient sorties d’un film de Vecchialli débitaient du Rohmer sans avoir l’air d’y toucher. Ca a été le début d’une longue addiction à une série qui par son audace scénaristique, son rythme bizarre, ses dialogues incroyables entre Le Grand Détournement, Rozier, et Wikipedia n’avaient rien à voir, non décidément avec tout ce que j’avais pu voir sur un écran de télé, surtout en France !

J’ai fini par me lasser des séries américaines, trop référencées, trop construites et donc la soit disant audace ou ambition s’est diluée très vite, mais je regarde toujours Plus Belle La Vie. Chaque soir devant un viol coincé entre une histoire de frigo en panne et un dialogue absurde sur l’URSS des années 80, je me demande ce que prennent les scénaristes. Frédéric Chansel, aux commandes de cinquante personnages, trois décors, et six millions de téléspecteurs captifs raconte, entre deux relectures de l’interview par le politburo décisionnel (France 3), la vie belle des scénaristes du peuple.

Gonzai : Depuis combien de temps travaille-tu sur Plus Belle La Vie? Tu as quelle expérience scénaristique ?

Frédéric Chansel : Ca fait un peu plus de trois ans, trois ans et demi. Avant, j’avais fait une école de cinéma, j’ai ensuite pas mal galéré comme tous les jeunes scénaristes, je passais mon temps à écrire et à travailler mais sans vraiment gagner ma vie.

Gonzai : Et tu regardais la série quand tu avais été recruté ?

Frédéric Chansel : Non. Mais pour autant je n’avais pas d’idée préconçue dessus.

Gonzai : Comment l’écriture s’organise-t-elle alors ? Quel est le rythme d’écriture par rapport à la diffusion ? Quels sont vos degrés de liberté ?

Frédéric Chansel : On est répartis en deux groupes d’une dizaine de personnes chacun. Le premier groupe, auquel j’appartiens s’occupe de ce qu’on appelle les séquenciers : générer les histoires et les structurer. Nous partons de presque rien. Juste des semaines précédentes, mais en dehors de ça on dispose de très peu de pré-matériau écrit. Puis il y a une équipe de dialoguistes, qui à partir des idées et des pistes qui leurs sont données nourrissent tout ça avec la chair des dialogues. L’ensemble est encadré par notre directeur de collection Georges Desmouceaux, qui est notamment chargé de maintenir une cohérence globale sur la série. Il est aussi la « mémoire » de Plus belle la vie.

Avec 5 jours de tournage pour 5 épisodes par semaine, 80 % de tournage en plateau, le tout dans les studios de la Friche de la Belle de mai à Marseille, vous carburez à quoi exactement pour tenir le rythme?

Notre rythme de travail est très normé tu sais… car il y a en effet chaque semaine 5 épisodes de 26 minutes à écrire, tous systématiquement diffusés trois mois plus tard. L’écriture est organisée de façon hebdomadaire : notre semaine commence le jeudi. Le jeudi et le vendredi sont consacrés à déterminer et développer les différentes intrigues qui vont occuper cette semaine. Toute nouvelle intrigue est rapidement structurée en jours, elle va le plus souvent se dérouler sur deux à quatre jours de la semaine. Ces « jours », qui sont autant d’unités dramatiques, sont à leur tour découpés en un certain nombre de « points », des scènes à l’état encore embryonnaires. Chaque groupe d’auteurs doit ensuite raconter ces points aux autres scénaristes et c’est effectivement un moment intense où l’on échange beaucoup d’idées, et où l’on subit beaucoup de critiques qui doivent nous aider à améliorer nos intrigues, dans un temps très court. Cela occasionne pas mal de prises de bec, notamment parce que chaque scénariste à sa propre vision de ce qu’est le vraisemblable ou le réel, et que ces visions viennent s’entrechoquer avec celles des autres. En fait, lorsque l’on est en phase d’écriture à titre individuelle, on n’adopte du tout la posture de l’auteur devant sa vieille Underwood et son verre de whisky, qui cherche l’inspiration, seul face à la nuit… On est surtout confronté à des problèmes de cohérence ou de compréhension sur des intrigues ou des points qui ont été développés par d’autres, et sur lesquels notre maîtrise est moindre. C’est pour cela qu’on essaie de parler beaucoup entre nous en atelier, pour que justement il y ait un minimum de décisions à prendre et d’idées à trouver au moment de la rédaction, ce qui n’est pas perçu comme une contrainte entre nous.

Gonzai : Vous n’avez pas ce phénomène que connaissent les séries américaines où des blogs de fans complètement hystériques pointent du doigt les moindres incohérences des scénaristes ?

Frédéric Chansel : Ces blogs existent, certains sont effectivement très actifs, et très attentifs à la cohérence de la série… parfois presque plus que nous. Certains auteurs y jettent un oeil de temps en temps… A titre personnel, je ne les lis jamais, j’avance mieux avec des oeillères.

Gonzai : Est-ce que la chaîne influence l’écriture ? Vous sentez que l’audimat est une contrainte forte ?

Frédéric Chansel : Au sein de l’atelier les auteurs sont en tous cas très protégés. On a le sentiment de rester très libre dans notre travail, et on n’a aucun contact direct avec des représentants de la chaîne. C’est le directeur de collection qui est en relation plus régulière avec la chaîne, et avec la prod de façon constante. Il nous retransmet ceci sous forme d’instructions générales, et on ne sait pas toujours quelles indications viennent de la chaîne, où sont tout simplement ses propres intentions. En tous cas sur les questions d’audimat, on est vraiment très protégés, peut-être aussi parce que l’on n’a pas eu de crise majeure depuis le début que la série a pris son envol. Il faut rappeler que comme on a trois mois d’avance sur la diffusion, c’est difficile pour nous d’être très réactifs. Dans le cas où se produirait une chute de l’audimat, on ne pourrait absolument pas corriger le tir de façon immédiate.

Gonzai : Dans l’évolution de la série certains thèmes sont plus présents que d’autres, je pense à l’homosexualité par exemple, vous avez fait des choses qui n’ont pas été faites avant dans la télé française.

Frédéric Chansel : Honnêtement, je n’ai pas l’impression que le caractère militant de l’écriture soit si fort que ça. Bon c’est vrai qu’avec le fameux baiser à 20h10, il y a eu une prise de risque, mais je préfère parler d’un militantisme narratif plutôt. Pour nous il s’agit surtout de dire : cette intrigue marchera mieux si les personnages s’embrassent, il faut qu’ils passent à l’action et qu’on le montre. Puisque l’on voit ça depuis longtemps à la télé américaine, pourquoi on se l’interdirait plus longtemps ? On s’est aperçu presque après coup que c’était la première fois qu’on montrait deux hommes en train de s’embrasser en prime time en France, et c’est un peu devenu un argument marketing de la série, on disait « vous avez vu cette série a été la première à montrer ça devant les familles françaises qui mangent leur dîner ». Mais sincèrement je ne pense pas que nous l’ayons fait dans une démarche militante.

Gonzai : C’est quand même une grande force de la série de traiter justement tous ces « sujets de sociétés » (j’emploie exprès les guillemets) qui sont en général traités dans la télé française sous l’angle pas du tout subtil de « on va donner une leçon » et dans Plus Belle La Vie c’est traité de manière très plate, presque sans y faire attention…

Frédéric Chansel : Les rythmes de diffusion et d’écriture sont tellement intenses que si chaque scène était prétexte à faire passer un message ou à faire de l’affirmative action ce serait incroyablement lassant… pour nous en premier lieu. En ce qui concerne la question de la drogue par exemple, on peut voir dans notre traitement l’influence de la télé américaine : on a tous vu énormément de séries US où un personnage va fumer un joint « en passant », sans que ce soit l’enjeu de la scène, sans que la scène soit « un commentaire du fait que le personnage fume un joint ». Si le personnage fume, c’est parce que c’est un élément de sa caractérisation, et cela n’en fait pas pour autant un paria, puisqu’il évolue dans une société où de nombreuses personnes se roulent un joint dans l’intimité. La série US que je n’aime pas, c’est Seventh Heaven, où chaque scène est un débat de société, où lorsqu’un personnage mâche un chewing-gum ça donne lieu à « peut on manger du chewing-gum, faut-il ? avec ou sans sucre ? Et Dieu dans tout ça, est-ce qu’il est d’accord?

Gonzai : En tous cas vous avez un point commun avec Seventh Heaven, c’est le code musical qui donne le ton aux séquences et permet d’identifier facilement si on est dans une scène légère humoristique ou au contraire dramatique…

Frédéric Chansel : Les scénaristes n’ont aucune influence là dessus. Faut dire qu’on travaille sur un format qu’on n’a pas inventé, la série quotidienne proche du soap : la plupart des programmes de ce type ont un habillage musical spécifique. C’est en particulier lié à la durée et au rythme : quand on travaille sur 250 épisodes par an, mieux vaut ne pas avoir à composer une musique spécifique à chaque fois mais avoir des sortes de jingles qui permettent de souligner la tonalité émotionnelle.

Gonzai : Parlant des influences, vous regardez tous beaucoup de séries américaines ?

Frédéric Chansel : Il n’y a pas d’influence revendiquée ou assumée commune, personne ne nous dit « vous devez tous regarder cette série et on en reparle. Mais notre point commun c’est que nous sommes tous de gros consommateurs de télé. Même si certains parmi nous ne regardent que très peu de séries françaises. Il faut bien admettre que nos références sont le plus souvent américaines. Personnellement, une série que j’admire énormément et qui m’influence, c’est Six Feet Under. Même si la série n’a rien à voir avec Plus Belle La Vie de part son mode de diffusion, son rythme, son mode d’écriture, son ambition, elle reste la référence que je mets le plus en avant lors des discussions avec les autres scénaristes. Elle me paraît exemplaire dans sa manière de traiter d’un sujet ou d’une situation en profondeur et jusqu’au bout. Rien n’y est effleuré, les auteurs y vont « à fond » et ne s’interdisent aucune possibilité dramatique, aucune scène. Six Feet Under est pour moi un modèle dans le traitement des relations familiales ou la gestion du trash. Souvent ça me pousse à aller plus loin dans le trash, à chercher des scènes plus crues, plus cinglées, tout simplement plus surprenantes. Mais il faut avouer que l’on est tout de même rattrapé par l’horaire de diffusion, ce n’est pas du tout la même façon de travailler que dans une série comme Six Feet Under, dont l’horaire de diffusion et la grille de public diffèrent totalement des nôtres, et qui peut donc se permettre plus d’audaces.

Gonzai : Pour un prime time vous allez tout de même assez loin…

Frédéric Chansel : C’est parce qu’entre scénaristes on oublie facilement cette notion de prime time quand on cherche à raconter la meilleure histoire possible, et à la dramatiser correctement. C’est peut être plus dans des étapes ultérieures qu’on peut se faire rappeler à l’ordre…

Gonzai : Vous êtes censurés ?

Frédéric Chansel : Non, pas vraiment. Dans les premières étapes de développement d’une intrigue, il arrive qu’on se lâche nettement plus, mais le plus souvent on se rend compte par nous-mêmes qu’on aboutit à des choses difficilement montrables et également plus difficiles à jouer pour les acteurs : il faut avoir conscience qu’ils n’ont qu’un temps très court pour répéter et se plonger dans l’atmosphère d’une scène. C’est surtout un mécanisme d’autocensure qui est à l’oeuvre, la prod et la chaîne nous laissent beaucoup de libertés. On intègre tous le fait qu’on travaille sur un horaire où des enfants de 10 ans se trouvent potentiellement devant l’écran, même si parfois on trouve que certaines histoires seraient plus fortes, plus ambitieuses, avec plus de trash, d’érotisme ou de violence.

Gonzai : La série rappelle énormément Melrose place à cause de l’unité de lieu, et aussi d’un phénomène de mémoire glissante, peu importe ce qui s’est passé il y a six mois : tous les personnages peuvent à un moment ou un autre former des couples.

Frédéric Chansel : J’évoque plus souvent Beverly Hills en fait, je n’ai jamais trop regardé Melrose. Moi j’ai plutôt eu l’expérience des Feux de l’amour qu’il m’arrive encore de regarder. Evidemment il y a énormément de choses qui ne sont pas assimilables entre les deux séries, mais il y a des points communs notamment dans l’idée globale que tout le monde finira par coucher avec tout le monde, et pourra vivre mille événements traumatiques et pourtant toujours se relever pour en vivre un mille et unième, sans avoir l’air blasé. Mais surtout, les Feux de l’Amour est un programme d’une extraordinaire longévité. Même si on peut toujours s’en moquer, les scénaristes de ce soap trouvent toujours, de loin en loin, des trucs pour se renouveler, et c’est quelque chose qui m’apaise, je me dis : « Ah tiens, ils ont tenté ça, ils ne sont pas morts… ». Et bon, il ne faut pas croire, ils osent aussi beaucoup, c’est plus dur à discerner car leur rythme narratif est beaucoup plus lent. Certes, ils exploitent des figures dramatiques extrêmement balisées, qu’il répètent à l’envie, mais de temps en temps ils trouvent de nouveaux axes, ils tournent une scène inattendue en extérieur, ils font intervenir un peu de fantastique ou d’horreur… Tout comme nous ils ont besoin de se renouveler.

Gonzai : Par rapport aux Feux de l’amour, le rythme est quand même beaucoup plus rapide dans Plus Belle La Vie, et ce rythme, c’est d’ailleurs une des forces de la série.

Frédéric Chansel : Là, je ne peux que rendre hommage aux gens qui ont mis en place la série. Si on me demande ce qui me rend heureux dans cette série, c’est justement la gestion du rythme, du dynamisme, ce qui pour moi fait que la série n’est pas assimilable à un soap. Même si les intrigues peuvent apparaître à certains comme lentes ou chiantes, pour nous elles ne le sont pas : on s’interdit des scènes purement répétitives ou de commentaires sur l’action, et on est dans cette obligation parfois un peu vertigineuse que tout doit constamment avancer.

Gonzai : C’est presque du 24h chrono !

Frédéric Chansel : Quand même pas, même si on peut faire un clin d’oeil à cette série dans notre respect de l’unité de temps. C’est pour moi une bizarrerie absolue de se dire que chaque épisode de Plus Belle La Vie s’étend sur une journée, portant la date de son jour de diffusion. Quand on écrit nos séquenciers, on commence systématiquement un matin, puis on passe au midi, à l’aprèm, et on finit systématiquement par quelques scènes se déroulant le soir. C’est pour cela que lorsque nous créons des intrigues, beaucoup de scènes de dîners entre personnages deviennent… des déjeuners ! Si elles surviennent en milieu d’épisode, c’est qu’il est midi, un point c’est tout ! Le format de la série est plus fort que nous. Et le soir on finit en général sur l’intrigue principale, avec l’obligation de terminer sur un cliffhanger, ce qui contraint pas mal l’écriture.

Gonzai : Aujourd’hui parmi les grands show américains ou français, est ce qu’il y a des choses que tu trouve intéressantes ?

Frédéric Chansel : Je suis assez en retard….en ce moment je suis dans The Shield, Battle Star Galactica, et Weeds que je trouve assez riche. Eux, ils vont toujours plus loin que ce qu’on peut se permettre, c’est donc une grosse source d’inspiration.

Gonzai : Et sur les programmes français ? Il n’y a rien qui trouve grâce à tes yeux ?

Frédéric Chansel : Je les regarde peu car je passe tellement de temps sur Plus Belle La Vie que quand j’en sors j’essaie de regarder autre chose. J’ai énormément aimé les trois premiers épisodes de La commune chez Canal Plus, pourtant ça a été un four total. J’avais trouvé ça brillant , à la première vision je me suis dit : « Ca y est, on y est, on a des dialogues pêchus, des situations vraisemblables, ça a vraiment l’air de se passer en France, et dans la France d’aujourd’hui pour ne rien gâcher… » J’aurais aimé qu’il y ait d’autres saisons…

Gonzai : Dernière question, Plus Belle La Vie souffre d’un manque total de reconnaissance, tu en penses quoi ?

Frédéric Chansel : Honnêtement c’est quelque chose que je comprends. La série est pas mal inspirée des formats anglais type Neighbours ou East-Enders, qui sont des séries sur le quotidien, avec des personnages « près de chez vous ». Et aucune de ces séries dans le monde : telenovellas, soap quotidien ou Plus Belle La Vie, n’est reconnue par la critique, ce qui me paraît assez normal. Même si Plus Belle La Vie est un peu différent pour son rythme, son mélange comédie dramatique, romance et action policière. Encore une fois, c’est surtout lié à une question de format et de rythme de diffusion. Quand tu écris pour du 26 minutes diffusé tous les jours, c’est une contrainte vraiment forte, ce n’est pas la même chose que de faire en un an une série de 13 ou 22 épisodes de 52 minutes : là, le rythme d’écriture est mille fois plus étendu, il y a le temps de faire de la recherche en amont, pendant parfois plusieurs années avant de commencer à écrire la première ligne du premier épisode. Je pense que notre format et notre rythme de diffusion empêchent par essence la notion de chef d’œuvre. On écrit vite, on est pressés, on sait qu’on sera moins bon de temps en temps, que parfois nos intrigues souffriront des temps morts, des passages un peu chiants, mais on n’a pas le temps de faire une pause pour reprendre notre souffle ou reconsidérer trop longtemps notre travail. On ne peut pas se dire : « je vais prendre du recul, partir en week-end, et à mon retour j’aurai peut-être une meilleure idée pour débloquer ce problème dramatique… Et sinon, tant pis, j’y mettrai le temps qu’il faudra » Lorsque tu écris Rocambole, c’est impossible de faire du Shakespeare. Donc rien d’étonnant à ce que la critique ne nous encense pas. En revanche, notre longévité même, notre capacité à résister à ce rouleau compresseur du rythme d’écriture tout en parvenant à nous renouveler, c’est peut être ça qui fera dire à un improbable thésard du XXIIème siècle que c’était génial, parce que malgré les contraintes, ça a duré 20 ans, cinq jours par semaine, 52 semaines par an, sans trop s’essouffler, en gardant une petite spécificité franco-française, en restant en phase avec les évolutions de la société, et qu’en plus la vingtième saison est arrivée avec une nouvelle idée, un truc tout neuf qui n’avait pas encore été fait. On ne dira pas que c’était du Proust mais on reconnaîtra peut-être qu’on a au moins réussi ça…

http://plus-belle-la-vie.france3.fr/

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