On a coutume d'associer la Belgique aux frites, à la poésie surréaliste, à l'humour bière pression au douzième degré et tout un tas d'autres conneries qui ne changent rien au fait que c'est aussi un pays de pédophiles adeptes des chansons traditionnelles en Flamand. Pour oublier l'espace d'une soirée que les parisiens ne valent pas mieux et que Jacques Brel est mort avant d'avoir une page Myspace, le Nouvel An Belge propose ce samedi de faire la fête sans faire la gueule partout dans le 18ième arrondissement de Paris.

affichenab2014L’humour est un sujet grave. Dit comme ça c’est un peu solennel, mais avouez que pour parvenir à fédérer plus de 15.000 personnes à Paris autour d’un nouvel an belge au mois de septembre, ça relève de l’imposture sérieuse et du canular professionnalisé. Après une année de break en 2013 pour cause d’année bisextilo-commerciale, Gilles Vanneste, à la tête du projet plus freak tu meurs qu’est le NAB, revient ce WE à Montmartre pour imposer le plat pays à une ville – Paris – un peu raplapla.

« Cette année c’est un nouveau challenge avec une programmation plus resserrée (plus défricheuse dira-t-on) que les années précédentes » dit Gilles – par ailleurs un ami de longue date donc traquez pas la collusion journalistique, elle est réelle et sérieuse. Dans un esprit 100% n’importe quoi, son événement blague qui n’aurait du durer qu’une saison revient pour une fois encore avec un mélange de groupes belges off the radar (Dans Dans, The Loved Drones, la clique de Teenage Menopause) et de confirmations (Ivan Smagghe ou The Neon Judgement) qui donneront à ce samedi un gout de salade belge où tout se mélange.

Au programme : des concerts dans tout le 18ième arrondissement avec dès 16H00 un défilé avec fanfare, majorettes, et reproductions géantes du roi et de la reine belge. Esprit carnaval. « Y’a ceux qui viennent pour la kermesse, ceux qui viennent pour la musique, ceux qui viennent pour boire et faire la fête ». Bon en vrai, Gilles Vanneste ne sait pas trop à quoi ressemble le public type du Nouvel An Belge, ni combien de gens feront encore le déplacement cette année. Après tout, c’est même pas le sujet car avant tout, le Nouvel An Belge est une blague sérieuse : « Et c’est le cas depuis le départ, c’est exactement ce que je voulais faire ; forcément plus les années passent et plus tu te professionnalises, mais moi ça me fait chier ! Je refuse de rentrer dans un système efficace à tout prix ». Autant dire que le Nouvel An Belge n’a pas la grosse tête, et même pas vraiment de tête d’affiche du tout ; la vérité est ailleurs, notamment à la Boule Noire où les Loved Drones de Freaksville croiseront Burgalat, Dans Dans et Condor Gruppe, groupe perché psyché à écouter avec une pastille au fond du larynx.

Amateurisme éclairé

En tentant de mettre à l’honneur ce si petit territoire qu’est la Belgique au royaume des snobs (Paris), Vanneste fait rouler son rocher de Sisyphe sans tomber dans le carriérisme à tout va ; les années vont et viennent, lui continue de marrer et c’est son moteur, un peu comme la première fois où je l’ai vu débarquer dans mon salon. C’était en 2008, il avait amené un dossier de présentation de son projet farfelu, c’était à la fois courageux et absurde cette idée de nouvel an belge à Paris. Six ans plus tard, alors qu’on taille le bout de gras dans un bar de Bruxelles pour cette interview, force est d’admettre qu’il avait vu juste. Chapeau bas. « Est-ce que j’ai l’impression d’avoir fait le tour des groupes belges ? Si, complètement, on se fait actuellement un peu chier même si ça reprend un peu depuis 1 an ou 2. Bon après faut pas oublier que la Belgique c’est l’équivalent de la Bretagne, à peine une région de France, tu peux pas avoir des dEUS à tous les coins de rue… la scène belge elle existe toujours, mais pas de manière professionnelle, du coup ça me fait plus marrer d’offrir une grosse visibilité à un groupe comme Anal+ qu’à un groupe comme, euh… BRNS ». Faire en sorte que l’événement soit professionnel mais sans se prendre au sérieux, voilà toute l’ambition d’un événement qui ramena près de 15.000 personnes dans Montmartre en 2012. Cette année, le programme est encore gavé ras la gueule de choses à entendre pour pas cher, du Bus Palladium à la Machine du Moulin Rouge en passant par tous les bars de quartier, où l’on pourra notamment découvrir des groupes What the Fuck nommés Regal ou Charnier, programmés par Elzo Durt au Lautrec.

Just do it

Au manifeste auto-centré-pleurnichard consistant à penser que « Paris se meurt la nuit », aux votes pipeautés de « Maire de la nuit » piloté par le lobby des lieux installés, Vanneste répond donc par une soirée annuelle qui n’a pas d’autre objectif que de servir une cause quasi militante : faire n’importe quoi, mais le faire bien. Apparemment, une vocation chez le fondateur du NAB : « avant de lancer cet événement j’ai été oisif pendant très longtemps – les plus belles années de ma vie au passage – et avant ça encore, j’ai été employé de bureau dans le web pendant 2 ans – les deux pires années de ma vie. Sur le Nouvel An Belge, j’ai appris à tout faire tout seul par la force des choses, la programmation j’y connais rien, pareil pour le démarchage des sponsors, et ainsi de suite ». Chez Gonzaï, parce qu’on sait à quel point monter des soirées et gérer les emmerdes peut s’avérer compliqué, on applaudit des deux mains pour l’initiative. L’espace d’une soirée, ça nous changera des soirées culs serrés entre érudits, ce que les Belges, fondamentalement, combattent sans s’en rendre compte tous les jours de l’année.

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Mais aussi la première édition de la Tournée Générale de Gaule à Bruxelles dans les bars de Bruxelles avec We Are Enfant Terrible, 69, Flavien Berger, etc.

4 commentaires

  1. Paris raplapla ? Ce soir par exemple vous avez le choix entre Jeff Mills, Richie Hawtin ou Ricardo Villalobos (!). Merde y a pire comme prorgramme !

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