Quel est le point commun entre un oiseau adepte de synthés, une immense tour japonaise plantée à Bruxelles et une somptueuse maison familiale méditerranéenne ? Réponse : Moli del tro, nouveau label belge sur lequel sont déjà attendues deux excellentes sorties : « A Story of Global Disease » de Naomie Klaus et « 3-4 » de Heron Cendré.

Moli del tro n’est pas seulement le nom d’une charmante villa familiale de la côte méditerranéenne espagnole. Dans nos contrées, le nom désigne surtout le duo composé par Laurence Creyf et Gilles Vanneste (le propriétaire de ladite maison, « moulin du tonnerre » en Valencien). Jusque là, les deux acolytes sévissaient principalement entre Bruxelles et Paris, où ils organisent déjà soirées, festivals et concerts fort appréciés du public. Dorénavant, moli del tro sera aussi le nom d’un label.

Gilles Vanneste est une figure récurrente du paysage musical franco-belge depuis une dizaine d’années. Il est notamment l’instigateur du Nouvel An Belge, une grande célébration au cours de laquelle le plat pays marchait sur la ville lumière, dans une avalanche de bières fortes et de moules-frites. La cinquième édition fut le théâtre du « plus petit feu d’artifice jamais vu au monde », qui n’est pas sans rappeler « la plus petite tempête de neige jamais recensée » de Richard Brautigan, dans Tokyo-Montana Express (récit de deux flocons de neige tombant lentement du ciel devant l’œil éberlué du poète). Enfin, on lui doit aussi les soirées Actionnaires, toujours entre Paris et Bruxelles, où se sont rencontrées les scènes franco-belges autour d’artistes comme La Femme, Chris Imler, Succhiamo, Valentina Magaletti ou encore Société Etrange.

C’est par la rencontre de Gilles Vanneste et Laurence Creyf que moli del tro est né. Le duo est actuellement résident des radios LYL et Kiosk (où il est aussi connu comme La Souris et l’Éléphant) et s’empare régulièrement de la programmation de LaVallée, à Bruxelles. Cet été, le duo y a notamment organisé la quatrième édition du Zorro Festival, qui proposait sonorités électroniques, rythmes quasi tribaux et une ribambelle d’influences orientales et espagnoles.

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La création du label forme donc une nouvelle tête pour l’hydre moli del tro, qui annonce déjà deux sorties très prometteuses. Fin septembre, ce sera d’abord le LP de Naomie Klaus « A Story of Global Disease », en collaboration avec Teenage Menopause RDS et BFE Records. Le projet est issu d’une commande du Beursschouwburg (centre d’art multidisciplinaire bruxellois) au milieu de la pandémie covid (vous vous souvenez?).
« A Story of Global Disease » est un album labyrinthique. Les rythmes saccadés accompagnent quelques voix psalmodiées, comme une étrange réunion de lubriques personnages enturbannés à la Eyes Wide Shut. Mais l’inspiration de l’artiste est ailleurs : un dialogue autour de la mondialisation, du libre-échange, du tourisme occidental et particulièrement d’une lubie du roi Léopold II de Belgique. Celui-ci, au tournant du XXe siècle, décida en effet de construire une immense Tour japonaise au milieu de somptueux jardins pour accueillir de fastes banquets. Anecdote, le projet initial du Beursschouwburg proposait d’ailleurs une « marche musicale » autour de la Tour japonaise pour découvrir l’album de Naomie Klaus, en pestant ou en s’émerveillant de la folie d’un roi qui voulut construire le Japon dans son jardin. L’album est déjà disponible à l’écoute et en précommande sur le bandcamp flambant neuf de moli del tro.

Novembre sera aussi l’occasion d’entendre le fantastique album « 3 et 4 » de Heron Cendré. Celui-ci est une prouesse de pureté, minimal, chaotique, sacré, cosmique, tendre, tout à la fois et plus encore, entre musique de film et signal spatial, un nouveau langage à lui tout seul. Une bonne centaine d’adjectifs complexes et sujets à interprétations ne suffiraient pas à le décrire, car c’est simplement excellent. Et puisque la musique vaut bien des mots, voici en exclu un morceau dudit album avant sa sortie automnale, sobrement baptisé 3-2, cryptique et énigmatique (promis, c’est fini pour les adjectifs).

L’oiseau est un curieux spécimen, que l’on peut découvrir ici à l’œuvre sur une live session d’une intensité remarquable. Observez la maîtrise de la thérémine et la gestuelle syncopée, le Heron Cendré a le diable au corps et produit une musique absolument divine.
Vous l’aurez donc compris, si le label vient tout juste de se créer, il résulte d’une longue amitié franco-belge et d’une recherche musicale pointue des artistes émergents des deux côtés de la frontière. Même s’il est encore jeune, il n’est donc pas trop tard pour aimer trop ce moli del tro.

Plus d’infos par ici ou sur le Bandcamp.

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