Avec La Luz, on a affaire à de jeunes femmes érudites dans leur genre qui savent user de leur charme et de leur classe naturelle pour transporter le public dans une histoire charmante en une dizaine d’actes, allant d’une pop à chœurs à des mélodies romantiques en passant par un rock’n’roll plus percutant, condensé de panache surf-rock et de réverbérations orbisoniennes.
La ténébreuse Shana Cleveland entraîne le groupe dans un tourbillon de riffs de guitare assénés comme des coups d’épées et captive le public par sa prestance, son côté Elvis au féminin avec un type latino bien prononcé, à moins qu’il soit indien, mais de toute façon le fruit d’un melting pot réussi. Elle fascine, diffuse des ondes mystiques en mode femme fatale, parfois plus mélancoliques mais assurera un set impeccable en terme de maîtrise technique et de dynamisme avec un groupe parfaitement en place. Avec des chansons planantes comme Call me in the Day ou des météorites pop aux riffs fuzzy comme Brainwash ou Sure as Spring , les quatre prêtresses de la west coast imposent un surf-rock cosmique aux mélodies contagieuses.
On ne pourra jamais les intégrer de manière hasardeuse dans ces articles sur la déferlante des groupes girly, comme certains magazines ont tendance à le faire, avec une méconnaissance proportionnelle au salaire du pigiste exploité à cet effet pour rédiger une chronique censée donner un côté « pittoresque » au canard servant bien souvent de support publi-rédactionnel aux marques de cosmétiques qui lui permettent de survivre.
La Luz est bien à part dans la galaxie rock avec comme seule filiation possible les Vivian Girls, pour le côté chœurs, guitares saturées et mélodies romantiques envoûtantes, ce qui est déjà beaucoup.
Ce soir La Luz a brillé comme un feu de la Saint-Jean. Ce soir, au Point Ephémère, elles ont délicatement saisi le public par la corde sensible avant de le retourner et de le faire twister, organisant même entre deux morceaux un wall of love, pendant dansant du wall of death, séparant le public en deux blocs avant de faire sautiller ou danser des couples dans l’allée centrale.
Peu avant la pop lo-fi exotique des Calypso avait gentiment donné le ton, sans trop remplir son job consistant à chauffer le public ; délivrant un set honnête à base de claviers, de voix féminines, de percussions synthétiques et de robes à paillettes, mais sans grande implication. Les sirènes de Calypso ont bel et bien été détrônées par les fougueuses midinettes à la classe indéniable et au réel pouvoir d’envoûtement.
On se rappellera en tous cas de ces jeunes filles qui prennent les guitares pour faire la démonstration d’un garage efficace mélodiquement et pas désagréable à regarder. Pas encore le nirvana mais de la bonne came de Seattle.