Lùlù (prononcez Loulou) a des vertus rajeunissantes comme l’acide hyaluronique. “Pugni in tasca”, leur dernier clip avant l’album à paraître chez Howlin’ Banana, Taken by Surprise et Dangerhouse Skylab le 6 juin prochain ne promet pas le retour de l’être aimé comme un mauvais marabout mais bien fougue et jeunesse éternelle. Le tout dans la langue de Dante et d’Adriano Celentano.
La recette est simple mais un tel résultat exige du savoir-faire, comme de délicieuses cacio e peppe préparées à partir d’ingrédients soigneusement choisis. Deux-trois accords ou à peine plus, quelques mots en italien, un goût aussi prononcé que celui de Joey Ramone pour la vitesse et les girl groups des sixties avec leurs harmonies vocales doucement désuètes.
Derrière ce titre probablement inspiré d’un vieux film italien de Marco Bellocchio centré sur une famille bourgeoise décadente et incestueuse se cache le nouveau morceau faussement naïf de Lùlù. Le titre signifie “Les poings dans les poches” d’après Reverso (ne m’en demandez pas plus, j’ai choisi chinois en LV3). On suit les aventures d’une bande ou d’un groupe errant dans des rues anonymes en Espagne, sans trop savoir s’ils cherchent à s’amuser ou à se bastonner.

Le son résolument rétro du Lùlù nous transporte à l’époque des flippers dans les bistrots. La jeunesse est mise à l’honneur, entre révolte et premiers émois. Je ne sais pas si c’est le poids de l’héritage paternel mais je songe à Bijou (c’est de famille) ou à Starshooter, groupe originaire de Lyon comme une partie des membres de Lùlù. On ne sait pas trop si c’est du lard ou de la cochonnaille, du punk-rock, de la power-pop ou quoi que ce soit à base de popopopop, mais on se prend à taper du pied et à hocher la tête quand le batteur martèle la sonnaille presque sans sonner kitsch. On peut ranger Lùlù non loin des La’s ou de Teenage Fanclub parmi les héritiers des compilations Nuggets branchés saturation et refrains entêtants, et pourquoi pas faire résonner leur musique avec celle que célèbre Rosario Ligammari, qui a beaucoup écrit pour Gonzaï, dans son livre Buongiorno pop paru chez Le Mot et le Reste.
Il reste, justement, à saluer la ténacité de Tom Picton qui continue dans sa sainte chapelle d’Howlin’ Banana à louer mordicus le rock à guitares – ici avec quelques fervents collègues – alors que l’église brûle. Et c’est très bien comme ça.
TITANIQUE!2NITE!