Dix-sept moi après « The album Paranoia », le jeune quintet (qui n’était en réalité qu’un duo de Rhys) revient avec « Modern English Decoration » où les deux leaders délèguent un peu de leur pouvoir de création aux trois autres membres du groupe : Ben White, Callum Brown et Joseph Stone. Bien leur en pris puisque grâce à ça, l’album 100% fait maison (ne leur parlez pas de DIY, ils préfèrent en rester au collage) permet de se replonger dans le rock psyché, le grunge et le shoegaze des années 80-90. En gros.
Si l’entretien Skype commence en retard, décalage horaire oblige, je ne m’attendais pas à taper le carton avec un sosie de Kurt Cobain aux cheveux mal décolorés, tranquillement posé dans son canapé à plus de 341 km de ma tanière. Qu’à cela ne tienne, une fois les problèmes de connexion définitivement mis hors de cause, l’interview peut commencer. Moi qui avais peur de tomber sur un ex-contrôle freak aux allures de musicien un peu perché, j’en aurai pour mon argent. Face à mes questions très terre-à-terre, Rhys Edwards, guitariste, chanteur et accessoirement un des leaders du groupe, s’envole je ne sais où avec, on doit bien le reconnaître, une certaine élégance.
Vous faites parti des révélations de 2016 avec « The Album Paranoia », mais vous avez déjà 12 ans de carrière derrière vous. Ça ne vous gêne pas qu’on vous considère toujours comme un jeune groupe ?
R.E : C’est vrai que quelqu’un a dit un jour qu’on avait juste changé le nom du groupe et que grosso modo ce qu’on faisait c’était la même chose que lorsqu’on était dans Tripwires. Sauf qu’aujourd’hui ce projet est complètement différent, on a évolué et il y a aussi de nouveaux membres. Je peux même te dire que je me sens beaucoup plus heureux maintenant que je ne l’ai jamais été car je peux vraiment m’exprimer, que ce soit au travers des paroles ou de la guitare. Et ça, ça fait du bien. On est arrivés à un âge où on sent que c’est vraiment le bon moment pour nous de faire de la musique selon moi.
Pourquoi ce titre « Modern English Decoration » ? Vous avez un partenariat avec une enseigne d’ameublement ?
R.E : Je ne sais plus quand est-ce que j’ai vu ces mots écrits dans un truc de design mais le nom m’est venu comme ça. J’aime la façon dont ces trois mots sont mis les uns à côté des autres. On était en train de plaisanter sur le fait que parfois dans les magazines de déco, l’organisation des photos peut être un peu bordélique et ça nous a rappelé notre mode de collage. Il y a aussi le fait que l’album se caractérise par le travail des guitares qui sont dans un sens « décoratives », c’est-à-dire qui décorent le son, qui l’embellissent. J’adore aussi la façon dont on peut couper ces trois mots pour créer de nouveaux espaces, voire de nouvelles choses et ce que ça donne sur la pochette de « Modern English Decoration ». On l’a enregistré chez nous, dans l’ancienne galerie d’art « KEN », mais ce qui change vraiment c’est que cette fois-ci, on a inclus tous les membres du groupe.
Il paraît que le collage c’est votre truc, ça se voit notamment avec le premier visuel du titre Mimi Pretend. Avec cet album, comment ça va se traduire ?
R.E : J’aime le collage dans sa forme artistique. C’est quelque chose que tout le monde peut faire, il suffit juste de découper et d’assembler à nouveau mais selon nos envies. Dans un certain sens, c’est exactement ce que nous faisons quand on fait de la musique : on prend des idées à droite à gauche, qu’on mélange ensemble et on voit si ça marche ou pas. C’est aussi important pour nous que l’esthétique de l’album ressemble et traduise ce qu’il y a dedans. Tout l’artwork a été réalisé en même temps que nous réalisions l’album.
En trois mots, comment qualifierais-tu « Modern English Decoration » ?
R.E : Oh… c’est compliqué pour moi. Est-ce que je peux y réfléchir un petit peu et te dire ça d’ici la fin de l’interview ?
Ouais. C’est vrai que ta voix ressemble beaucoup à celle de Thom Yorke de Radiohead mais en écoutant Mimi Pretend, j’ai cru entendre aussi du.. Moby.
R.E : Ah, j’ai jamais écouté, il faut que je découvre ça. Mais tu sais, je trouve ça intéressant quand les gens disent que ça ressemble à du Thom Yorke. J’aime beaucoup ce chanteur, mais ça reste un peu bizarre quand quelqu’un essaye d’imiter la voix et le style. C’est amusant mais j’ai toujours eu l’impression de chanter comme moi en fait, et personne d’autre. Ça vient peut-être du fait que jeune j’écoutais Radiohead et que je monte parfois dans les aiguës comme lui. Après, Neil Young fait partie de ceux qui m’ont fait réaliser que chanter le plus haut possible donne plus d’émotions que simplement chanter avec un ton « confortable ».
Ulrika Spacek, ça veut dire quoi ?
R.E : Quand on a décidé de former le groupe, on a eu une conversation juste deux heures avant au sujet de certaines idées de noms ennuyeux et on plaisantait à propos de choses comme Ulrika ou encore Sissy Spacek. On a collé les deux ensemble, et on s’est dit « pourquoi pas ? Ça le fait ». Au final on aime beaucoup le côté féminin de ce nom et l’idée qu’en fait ça pourrait être un artiste solo alors qu’en réalité nous sommes un groupe. C’est comme un alter égo pour nous. Et c’est pareil pour nos deux premiers albums, on a voulu les présenter comme une paire, un frère et une sœur.
Bon, tu as enfin pu trouver les mots pour décrire ce deuxième album ?
R.E : Oui, je dirais que c’est moderne, anglais et décoratif. Ou alors pour changer un peu : aliénation, expérimentale, rock.
Ulrika Spacek// Modern English Decoration // Tough Love Records sortie le 2 juin
ulrikaspacek.com
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