Ils viennent de Newcastle, ils sont parfaitement inconnus au bataillon et ils sont bien partis pour le rester encore un moment. Entre rythmes krautrock, instruments folkloriques et énergie black metal, Smote plonge avec son nouvel album « Genog » dans un univers médiéval fait de dégénérescence, de violence et d’un réalisme crasse.
Développer son art dans une atmosphère médiévale, c’est avant tout faire le choix d’une grille de lecture particulière. De l’absurde des Monty Python à l’époque de Braveheart, en passant par les bâtisseurs de cathédrales des Piliers de la Terre, le Moyen-Âge se raconte au travers d’un prisme, tantôt valorisant, romantique, sombre ou torturé. Avec « Genog », c’est vers ces dernières pistes que Smote se dirige. Et la couleur est donnée dès la pochette, intemporelle et austère. Uun art que l’on retrouve seulement sur les artworks d’albums pressés à moins de 10 exemplaires, ou sur les non moins confidentielles expositions sur les moulins à vent des municipalités auvergnates de moins de 1000 habitants.
Au milieu de quelques instruments traditionnels (comme les envolées de flûte de Fenhop et le quasi-dansant Hlaf), d’une lourdeur doom et d’un rythme krautrock type Amon Düül de la première heure, son esprit chtonien et viscéralement organique fait de « Genog » un album aux lointains échos black metal. D’ailleurs, si « Genog » tire plus vers le black ambient de Burzum que la frénésie de Venom, Smote partage avec ces derniers les mêmes origines de Newcastle. Cet esprit se mêle à un certain renouveau des musiques folkloriques, réinterprétées et redessinées plus ou moins librement, comme ce peut être le cas avec les Français de La Tène ou La Nòvia. Les deux dernières pistes Lof et Banhus en sont les parfaites incarnations, entre avalanches électriques et chœurs menaçants, pour finir en beauté cet album magnifiant la crasse d’une mémoire collective tantôt fantasmée, tantôt abhorrée.
Au rythme d’un bourdon lent, lourd et solennel, le groupe s’aventure tels les pèlerins du « Dopesmoker » de Sleep dans une longue épopée, lessivée mais implacable. Autour d’un riff, d’un rythme, d’une boucle entêtante, se construit alors une fresque évocatrice d’un Moyen-Âge suant de toute sa crasse, sa dégénérescence, sa souffrance et sa violence impitoyable.
Pour cet album, le groupe tire sa principale influence (outre le folklore celtique, l’univers fantastique au sens large, le drone et l’underground prog des 70s) de Hard To Be A God, film russe de 2013 dépeignant une planète médiévale profondément violente et désabusée dans une esthétique monochrome d’un fort symbolisme. Partant de là, on pouvait se douter que le projet ressemblerait plutôt à un mélange entre Jodorowsky et Pasolini qu’à une relecture hasardeuse des Visiteurs.
Smote // Genog // Rocket Recordings, sorti le 10 mars
https://smote.bandcamp.com/album/genog
3 commentaires
c g t cé jeté l’etendard sanglant est levé…
paris brule t’il ?
la brave m au rapport!