On pourrait croire que les envolées à la Bowie ne font plus recette, mais à l’écoute du troisième album de l’Américain Kyle Craft, on se dit que quand un disque est bon, tout cela n’a vraiment aucune importance.
La vie, c’est comme une boîte de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et en 2019, entendre 11 morceaux aussi plaisants que ceux de Kyle Craft était totalement inattendu. Surtout que depuis la mort à petit feu de Foxygen, les délires rock opéra des Lemon Twigs et l’horrible King Tuff, l’esprit des 70’s dans le paysage musical actuel ne fait plus bander. Une demi-molle, au mieux. Mais ça, c’était avant « Showboat Honey », le troisième album d’un songwriter américain de 30 ans qui fait plus d’effet qu’une boîte de Viagra avalée d’une traite. Entre le magnifique Deathwish Blue écrit pour sa copine (elle ne voulait pas qu’il fasse une chanson sur elle, mais après l’avoir entendue, elle a changé d’avis), le grandiloquent Blackhole / Joyride et le psychédélique Broken Mirror Pose, Kyle Craft va arriver à ses fins : « J’espère que les gens entendront un artiste et non un genre de musique avec cet album ». La réponse est oui, Kyle.
Au-delà de lui astiquer le manche juste pour le plaisir, sachez que c’est justifié. Le bouquet est bien garni, les mélodies sont belles, la voix assumée, le style pas trop racoleur et l’ambiance oscille entre la nostalgie et l’envie d’apporter sa propre vision créative. Mieux, il redonne de l’espoir à un esprit (le rock) qui se perd et devient de plus en plus fade si l’on ne regarde pas au bon endroit. Car Kyle possède toutes les caractéristiques de l’artiste « mainstream » (belle gueule, bon album, des tubes taillés pour la radio) sans être un cliché sur pattes sans saveur. Et « Showboat Honey » aurait été encore meilleur sans les trois derniers morceaux qui n’apportent pas grand chose au disque, surtout Sunday Driver et She’s Lily Riptide et son intro à la Rolling Stone époque « Beggars Banquet ». Mais les huit autres chansons avant elles compensent. Dans une interview pour Billboard, Kyle explique qu’il a supprimé la moitié de l’album avant de réécrire d’autres morceaux. Il était, pour lui, trop fragmenté. Deux semaines d’écriture intense pour accoucher les nouvelles compositions et le problème était réglé.
Pour que les gens entendent l’artiste et non un genre, Kyle se livre à quelques beaux moments où il se lâche, tant sur le plan vocal que dans les arrangements. BlackHole/Joyride et Deathwish Blue en sont deux très bons exemples. La première est une belle ballade folklorique qui mélange plusieurs ambiances et la deuxième prouve que les meilleurs morceaux viennent du cœur. Car écrire une bonne chanson d’amour en 2019 est un défi que seuls les plus doués (ou amoureux) arrivent à relever. Avec un piano-voix et des arrangements subtiles, Kyle crie son amour.
À l’instar du Canadien Michael Rault, Kyle fait partie de la caste des artistes qui se bonifient avec le temps, en gagnant en maturité, mais aussi en optant pour le lâcher-prise. Les deux premiers albums de l’Américain avait un arrière-goût de déjà entendu, le genre de disque difficile à acheter (et écouter) car beaucoup trop proche des influences (Dylan en l’occurrence). Mais « ShowBoat Honey » se détache des grands noms qui ont inspiré Kyle à gratter les cordes d’une acoustique. Et là, on peut parler.
Ce qu’il y a de plaisant avec ce disque, c’est qu’il est totalement assumé. Il ose le glam rock alors que la plupart des jeunes font du mauvais post-punk ou de l’indie qui flotte dans un cocktails amer et sans glaçons de Pavement et Mac DeMarco. L’équivalent d’un Aperol Spirtz commandé dans un Flunch loin de la mer. Mais rien de tout ça dans « Showboat Honey », qui prouve que l’on peut sortir un bon disque de rock, tout simplement, sans donner envie à l’auditeur de filer à la Fnac pour acheter le dernier album de Tyler, The Creator.
Kyle Craft // Showboat Honey // Sub Pop.
3 commentaires
je prefere encore ecouté l’album glam rock de TY SEEGAL que cette merde en barre 78 carats de Kyle Craft ,et dieu seul sait que je deteste a 4000 pour cent la musique de TY SEEGAL ,
Kile Craft est tombé dans un bac de Cornets de glace à moitié fondues
Ziggy en carton pour attrape-couillons
Indie, Post-Punk, Lo-Fi, Power Pop,…. toutes ces petites cases bricolé par la critique
La Rock-Star aujourd’hui c’est plus un déguisement, comme pompier ou Cow-boys
Boris aime Igor ou Igor aime Boris c pas la même ‘chose’