Au top de leur forme après deux albums qui ont très manifestement rencontré leurs publics, IDLES revient sur le devant de la scène (ou presque) avec un troisième disque intitulé « Ultra Mono ». Pour creuser un peu le sujet de cette nouvelle bombe, j’ai discuté avec Joe Talbot, le chanteur du groupe, par téléphones cellulaires interposés. COVID oblige.
Ils avaient déjà fait sensation avec leur premier album, « Brutalism« , sorti en 2017, mais ils ont vraiment explosé avec « Joy as an Act of Resistance » sorti en 2018. La suite, on la connait. Des tournées systématiquement sold-out un peu partout dans le monde, une communauté de fans impresionnante réunis sous l’étendart AF GANG, un concert à l’énergie brute enregistré au Bataclan (et visible sur YouTube), de gros éloges de la part de la presse musicale britannique ; sans parler de la démultiplication du nombre de personnes portant des t-shirts à l’effigie du groupe dans les salles de concerts et les festivals, etc. La machine IDLES s’est bien rôdée avec le temps, et leur succès n’est que grandissant. Indéniablement.
Rencontré il y a deux ans avant la sortie de « Joy as an Act of Resistance », j’avais pu parlé avec Joe Talbot et il était surprenant de noter la sagesse de ses propos, et le fait de voir un groupe manifestement punk (même si le groupe se défend de cette appellation, préférant parler de groupe humaniste) tatoué de la tête au pied et manifestement révolté, avec des paroles aussi hippie tournant autour de l’amour, de la sensibilité et de la tolérance à différents niveaux. Et si IDLES était le groupe rock le plus gender-fluid du moment ? Pourquoi choisir entre l’amour et la haine ? La tendresse et l’intensité ? Faire du rock de gros bourrin et être vulnérable comme tout un chacun ? Les gens semblent s’y reconnaître en tout cas. A tel point que les concerts de leur tournée annoncée au printemps 2021 en Angleterre et en Europe sont pour la plupart déjà sold-out, étant même obligés de rajouter une deuxième voire une troisième date selon les villes vu la demande ; pour des concerts ayant lieu dans plus de six mois, et dont on ne sait même pas encore s’ils pourront avoir lieu. On en est là.
Au-delà de leur musique, ils ont réussi à fédérer les gens autour des valeurs qu’ils défendent dans leurs morceaux. L’unité, l’acceptation de soi, la vulnérabilité, l’amour de soi-même et des autres […] ainsi qu’une bonne critique de la société post-moderne. Un discours qui fait du bien à entendre en ces temps un peu troublés et qui fait directement échos à des sujets de société (l’immigration, le consentement, le travail, l’anxiété, etc.) ; à tel point de titiller la sensibilité de Lias Saoudi, leader de Fat White Family, dans une tribune, visiblement tiqué par le succès et la visibilité du groupe et son manque de profondeur politique, selon lui. Chacun jugera sur qui est le plus punk des groupes britanniques, mais c’est plutôt signe d’une scène musicale en bonne santé. Le rock anglais n’a pas fini de faire parler de lui.
L’occasion étant trop belle de ne pas lui poser de question à propos de ce nouvel album, qui est clairement plus frontal que le précédent et sur lequel il y a clairement matière à discuter, j’ai choppé le numéro de Joe et lui ai passé un coup de fil sur WhatsApp, histoire de ne pas payer la tarification outre-Manche avec mon forfait Free à deux balles.
Salut Joe, ça roule ? Tu peux nous expliquer le concept du nom de l’album, « Ultra Mono » ? Autant pour le précédent, « Joy as an Act of Resistance » ça semblait un peu limpide, mais là un peu moins.
Le nom est la première chose qui est arrivée dans la conception de l’album, et on a fonctionné autour de cette thématique qu’on venait de définir. C’est autour de l’idée de l’acceptation de soi et de l’assurance en soi-même. « Ultra Mono » a aussi été écrit en réponse à « Joy as an Act of Resistance » dans le sens où nous étions dans une démarche où on avait une certaine pression autour de ce second album et qu’on voulait tout faire pour plaire malgré les critiques. On s’est un peu oublié dans l’histoire. L’idée de « Ultra Mono », c’était de se re-concentrer sur nous-même dans le but de progresser et de développer cette confiance en nous, notre assurance et notre propre acceptation de nous-mêmes et nos actions. Avec ce mantra répété le long de l’album, I AM I, l’idée c’est de s’imaginer soi-même dans l’instant présent, en excluant le passé et le futur. D’être dans le moment, véritablement. La musique a d’abord été élaboré en instrumental autour de cette idée d’instantanéité, et les paroles sont arrivées dans un second temps derrière en fonction de l’intensité du morceau. War sonne comme un conflit, Anxiety comme l’anxiété, etc. J’écrivais les paroles dans la cabine d’enregistrement au dernier moment.
Vous présentez cet album comme le meilleur que vous ayez jamais fait. En quoi ?
Je pense que cet album est le plus précis et le plus fluide qu’on ait fait. Je l’aime, je crois en lui, je suis excité par le futur et à l’idée qu’il se diffuse.
« Le plus dur, c’est d’ignorer le bruit, les critiques, et le chaos massif d’Internet ».
Tu parlais de la pression et des critiques que vous avez reçu. Dans certaines chansons dont « The Lover » (une des meilleurs NdlR), on dirait que tu t’en prends directement aux personnes qui ne vous apprécient pas. Haters d’internet, médias, membres d’autres groupes, etc. Pourquoi leur répondre ?
Je m’adresse plutôt à moi en fait. C’est pour accepter l’idée que tout le monde n’appréciera pas ce que tu fais, ou ce en quoi tu crois. Ce n’est pas important au final. L’important c’est de rester vrai et d’acquérir une maturité émotionnelle par rapport à tout ça. En acceptant les autres personnes telles qu’elles sont, tu ne peux pas contrôler leurs émotions ou leurs opinions. Mais tu peux contrôler ce que tu fais toi, et comment tu te sens en fonction de comment tu agis. Cette chanson c’est plutôt un ravissement et une célébration pour soi-même, pour se donner la force d’accepter ces critiques justement.
Comment vous dealez avec le succès et l’exposition ? Les médias anglais vous ont consacré meilleur groupe du moment, on voit déjà des 10/10 sur votre nouvel album, et vous jouez dans des salles de plus en plus grandes, alors que c’était très différent pour vous à vos débuts, avant tout ça.
On continue simplement à faire ce qu’on fait et à se concentrer sur notre art et nos réalisations, tout en essayant de rester vrai. Mais le plus dur à faire dans tout ça c’est d’ignorer le bruit, les critiques, et le chaos massif d’Internet.
Est-ce que le monde se découpe en 2 catégories de gens : ceux qui vous ont déjà vu en concert et ceux qui ne vous ont pas (encore) vu ?
Le monde se découpe en beaucoup plus de catégories que ça, tu sais. Des gens qui ne nous ont pas vu nous comprennent et croient en nous, c’est plutôt une histoire de sensibilité. On veut être dans la discussion, autant que possible. On invite tout le monde.
Vous avez un titre en français, Ne Touche Pas Moi , avec Jenny Beth des Savages qui chante sur le refrain. C’est une référence à Nicolas Sarkozy ?
Ca aurait pu, mais non. Je voulais écrire une chanson percutante, sur le consentement, pour encourager à créer un espace de sécurité dans la foule de nos concerts ; pour inciter davantage au respect, car pas mal de personnes peuvent ne pas se sentir en sécurité face à l’énergie des gens pendant nos concerts. Je pense par exemple au concert qu’on a donné à l’Alexandra Palace à Londres où des gens nous ont fait savoir qu’ils avaient eu un peu peur. Ce ne sont que quelques personnes, une minorité, mais c’est déjà de trop. On voulait du coup écrire un hymne sur ça.
En parlant de pogos, ça ne vous fait pas trop bizarre cette pause momentanée de concerts ?
Forcément. Mais je ne me plains pas de ne pas jouer. Je me sens très reconnaissant et chanceux d’être là aujourd’hui dans ce groupe, et d’être entouré des personnes importantes autour de moi. Nous ne sommes pas les plus à plaindre. J’essaie de rester optimiste, c’est tout ce que je peux faire pour le moment. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous pouvons être reconnaissants.
J’essayais de me projeter visuellement à un de vos concerts en écoutant ce nouvel album, et il a clairement un haut potentiel fédérateur. Vous avez prévu une tournée pour le printemps 2021. Un concert d’IDLES assis, c’est possible ?
… Non. On n’est pas ce genre de groupes, on n’a pas envie de se faire d’argent comme ça. On veut proposer la meilleure expérience possible, et ça ne se produira pas si ça doit se faire assis. On espère qu’il y aura du progrès d’ici là. On essaie d’être optimiste, de rester positif, et de voir ce qu’il est possible de faire. On verra bien.
Dans ta chanson An Hymn, plutôt émouvante, tu parles de vouloir être aimé, et de honte. C’est une honte de vouloir être aimé ?
Non, je pense que les gens se sentent honteux quand ils admettent vouloir être aimé. Il n’y a pas de quoi avoir honte. Les gens agissent de telle manière à ce qu’ils oublient leur propre bonheur et leur propre santé en voulant être aimé des autres. Et le concept de l’album tourne autour de ça justement. Sur l’idée d’aller au-delà de plaire à tout le monde, et d’être soi-même et de se plaire à soi-même.
« Nos T-shirts ? Je les designe moi-même ».
Vous avez pas mal innové niveau production sonore sur cet album, en puisant des sons dans le hip-hop et l’electro. C’est aussi ça, l’Ultra Mono ?
On a puisé pas mal d’inspirations dans la house, la techno, particulièrement du côté de chez Ed Banger avec les premiers albums de Daft Punk, mais aussi « Yeezus » de Kanye West pour le côté hip-hop. Vraiment des choses bien amenées et bien produites. On voulait avoir un son solide et qui a un impact direct quand tu l’entends. On a enregistré l’album avec cette image de son en tête, afin de lui donner le meilleur espace et le meilleur impact possible, et Kenny Beats à la production (Vince Staples, JPEGMafia, Slowthai, FKA Twigs en autres) a permis ce résultat.
Vous vendez énooooormément de t-shirts, avec différents designs selon les périodes, les albums etc. Impossible de ne pas faire un concert ou un festival aujourd’hui sans croiser un mec avec un t-shirt IDLES. Ca fait quoi d’avoir détrôné Joy Division et Nirvana dans la catégorie de la sape ?
C’est marrant. Je les designe moi-même. C’est cool de voir ça. Et ça nous aide, on paie nos factures avec. Tout le monde télécharge la musique maintenant. Nos seuls revenus, ça vient des concerts et du merch’, donc on est très reconnaissants, c’est magnifique à voir. J’ai grandi avec la culture hip-hop, avec les t-shirts et les casquettes qui allaient bien et te faisaient parâitre plus grand. C’est un super moyen de s’exprimer, le t-shirt est un bon langage. Ca va au-delà du simple vêtement.
La bonne surprise aussi, c’est sur Model Village, avec ce clip réalisé par Michel Gondry. Vous faites partie désormais du club VIP des artistes musicaux avec qui il a travaillé (Daft Punk, White Stripes, Chemical Brothers…). Ça s’est produit comment ?
On lui a demandé s’il voulait bien faire une vidéo, car c’est un génie. Et il a suffisamment été gentil pour nous dire oui. Ca été dealé avec WeTransfer aussi. Ca ne pouvait être que lui. J’adore tout ce qu’il fait, et les animations qu’ils produit et arrive à faire vivre à partir de rien. J’aime comment il s’exprime et comment son cerveau fonctionne. Sur la réalisation, c’était son idée de A à Z, et on savait que le résultat allait être génial. La chanson est une métaphore à propos de l’Angleterre. J’ai détesté grandir dans une petite ville, Exeter, qui était vraiment une ville fermée. C’est plutôt par rapport au fait que la mentalité de village devienne une position politique dans notre pays, et qu’elle promeuve la xénophobie, le racisme et l’aveuglement de manière réactionnaire. Je suis parti de cette ville dès que j’ai pu, pensant résoudre le problème, pour me rendre compte qu’en fait… cette mentalité-là tu la retrouves un peu partout.
« Kill Them With Kindness » it is the new « The best way to scare a Tory is to read and get rich » ?
Ca vient d’une expression. Tuer quelqu’un avec gentillesse, c’est le déstabiliser en étant sympa avec lui plutôt que de l’insulter. C’est une manière détournée de l’atteindre. Tu n’éteins pas un feu avec du feu, mais avec de l’eau. Si tu te fais agresser par quelqu’un, d’une manière ou d’une autre, tu ne vas tenter pas de surenchérir de prime abord, tu vas d’abord tenter de calmer les choses.
Morceau de clôture, Danke, avec les leçons de l’album répété en boucle ?
Ce sont des paroles de Daniel Johnston. Il est mort le jour où on a enregistré ce morceau. C’était censé être instrumental, mais j’ai ajouté des paroles au final. Ces paroles, c’est de l’espoir, c’est cette capacité d’être vulnérable et de pouvoir se remettre en question pour pouvoir discuter entre nous et échanger, débattre, etc. On ne peut pas être dans la violence et l’agressivité en permanence, il faut s’écouter les uns les autres et montrer de la compassion les uns envers les autres pour pouvoir avancer.
Reigns, à propos du royalisme. C’est un peu le God Save The Queen version 2020 ?
Ca l’est, si tu décides que ça l’est. On voulait faire un morceau construit comme un morceau techno, avec un rythme rapide et une grosse basse tout en ayant un propos sombre autour de la famille royale.
On parle beaucoup du monde d’après ici en France, pour parler du faire de revenir au monde d’avant, sans restrictions. T’en penses quoi toi, de ce monde d’après ?
Hmmf. On essaie d’être optimiste, c’est tout ce qu’on peut faire dans l’état actuel des choses, espérer que la normalité des choses reviennent ; mais c’est un bon moment pour être plus tolèrent et plus conscient de l’environnement. On verra comment ça tourne hein.
Sur ces bonnes paroles, salut Joe. All the best.
IDLES / Ultra Mono / Partisan Records
Il reste encore des places pour les dates françaises. Si les salles de concerts existent encore d’ici là. Dépêchez-vous. www.idlesband.com
15 commentaires
Manque de diversité ces albums,manque de sonorités étrangères,on sent le renfermement sur soi même dans ces chansons,on sent le conservatisme,on sent le manque d’ouverture.Et puis ce chant,monotone,on sent la haine dans ce chant.On sent la frustration,on sent un mec frustré,on a envie de lui dire: mais sois heureux man,on sait la vie d’artiste sachant c’est dur,c’est dur de mentir,c’est dur de recycler,mais un jour viendra où ton paradis adviendra,les blancs racistes disparaitront.Ils auront été remplacés par des étrangers racistes.
Hombre, sors de chez toi, rencontre des gens, trouve toi une femme et/ou un travail et ça ira mieux ! Crois en toi !
Hombre qu’il dit.Tu dois ėtre bien malheureux pour troller qu’il pense. Hamburger qu’il bouffe.Cigarettes roulées qu’il fume.pinte à 8 euros qu’il sirote.aspergirls qu’il n’aura jamais.
Je suis un yes life et je peux dire que Idles c’est de la merde.
The Eighties Matchbox rigole.
Ecouter Idles quand j’ai les Teen Idles?
https://vonpariahs.bandcamp.com/track/communication
groupe de post punk comme il en existe des centaines depuis 20 ans au UK ,idles c’est du sous sous mais sous sous THE FALL .CLAIREMENT IDLES C’est de la merde en barre 78 carats .VOUS FERIEZ MIEUX DE RENDRE HOMMAGE A DAVEZ KUSWORTH ,SHAME ON YOU DE NE PAS AVOIR PARLE DE LUI
vivement l’ère du boycott de tout ce showbiz de merde
The best way to scare an idle is to listen to Naomi Punk and get rich
eat yr I_D!
je plussoie,trop plein le cul de ces têtes de cons
seldi the new supermarket in Holston! go there! & get nicked!
burn marketing discogs bureau, corporate sucks! kill the pantins! reveillez vous abrutis, records are in the streets …..
the best recordchoppe de France is not opens yet! but SOON!
plus possible de zieuter ce truc post pounque arrrgghhh et j’en passe des meilleures a la queue le le ouillle!!!!! allez vous faire repasser ahahahgrounkkkk