Comme un amour de jeunesse ne s'oublie jamais, le punk rock des Howler et le label Rough Trade permettent de revivre les bonnes vieilles good vibes. Avec eux, je repars explorer les souvenirs enfouis dans les bandes magnétiques usées de K7 interdites à la vente. Puis je prends un rendez-vous obligatoire, comme fasciné et, l'espace d'un disque, requinqué.

Tirer Howler du grand chapeau des nouveautés consacrées relève, à première vue, de la facilité. Labellisé « next big thing » fin 2011 par le NME, le jeune groupe a déjà cloué sur le bitume un tapis rouge increvable, qui s’étale à perte de vue sous leurs Converse noircies par l’asphalte de Minneapolis. Faut dire que les newbies, tirés par leur leader et chanteur de 19 ans, Jordan Gatesmith, font ressurgir du passé un excellent punk rock garage qui aurait appris à surfer sur les bonnes vibrations de Beach Boys surgonflés au Red Bull. Mais il n’y a pas que ça dans leur « America give up », qui n’est finalement pas si différent de ce qu’on a déjà connu par le passé. Je retrouve aussi les guitares aussi rageuses que détendues du string des Ramones, la batterie qui claque sur la voix de Joe Strummer des Clash, des mélodies que l’on aurait même pu, bizarrement, attribuer à des Housemartins à qui on aurait enfin greffé des bollocks (America). Bref, je n’entends que du bon dans cet album dont les 11 tracks défilent avec une parfaite cohérence punk rock que je n’avais pas connue depuis les Ramones.

Lorsqu’en plus j’apprends qu’ils sont sur le label Rough Trade pour l’Europe, le palpitant cogne encore un peu plus fort. 

D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, Howler est en train de jouer devant quelques Londoniens à Rough Trade East. Oh ! Lucky guys ! Faut dire qu’entre Rough Trade et moi, c’est encore une vieille histoire d’amour et de compile improbable qui se joue. Un amour de jeunesse qui ne s’oublie jamais, et qui fait ressurgir ses symptômes à chacune de ses évocations, même furtives. Je me souviens de cette compile « Interdite à la vente » obtenue en écrivant à Best, qui venait de publier un article de présentation du label en 1981. Cette cassette-là, au doux titre de « Le quartier réservé de la musique », était déjà collector et renfermait dans son boîtier des petits bijoux comme Magnificent dreams des TV Personalities, Blue Boy d’Orange Juice, Pretty de Mark Beer ou l’excellent Strange Fruit de Robert Wyatt. Je n’étais pas l’auteur de la lettre, mais je l’avais reçue d’un pote comme un cadeau du ciel quelques années plus tard. Entre les compiles Rough Trade, Indie Top 20 et celles des Inrockuptibles (les premières étaient excellentes), j’avais les portes du temple pop rock définitivement ouvertes. J’ai dû écouter ces K7 jusqu’à ce qu’elles s’effacent graduellement et qu’il ne reste plus qu’une particule de dioxyde de chrome sur leurs bandes effilées. Pour en revenir à Rough Trade, le label était à l’époque un curieux mélange de groupes aux influences punk, punk rock puis post-punk et reggae. Après trente ans d’existence et de multiples rachats, je vois avec un bonheur non dissimulé qu’il est de nouveau libre de ses choix. Un retour aux sources bienfaiteur pour des types comme moi, toujours à la recherche du meilleur dealer de zic.

Howler sera à la Flèche d’Or en compagnie de Man Made et The Static Jacks le 8 février. Entre le punk rock et Rough Trade, c’est un amour de jeunesse qui ne demande qu’à refleurir. Il faudra vraiment que j’y sois, fier et droit dans mes Doc Martins, comme un vieux rough boy survolté.

Howler // America give up // Rough Trade 
http://www.howlerband.com/

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