Dans un monde ou Google a (presque) tout dévoré sur son passage virtuel, chacun cherche à (re)bondir : la presse, le disque, les voyages, les fabricants d'automobile...Madame gratuit

Dans un monde ou Google a (presque) tout dévoré sur son passage virtuel, chacun cherche à (re)bondir : la presse, le disque, les voyages, les fabricants d’automobile…Madame gratuité s’est généralisée et en juillet 2009, un essai a tenté de tracer une piste noire pour développer de nouveaux modèles autour de la gratuité : Free, ou comment sauver certains paquebots du Titanic économique.

Après La théorie de la longue Traine, son premier chef d’œuvre, Anderson confirmait dans Free que la gratuité transpirait par tous les pores de notre porte monnaie. Pas un artefact hein, plutôt un gigafact, le genre qui pénètre la plupart des secteurs numériques et technologiques.  Allez les mecs, détachez vos saintures, vous pourrez bientôt atteindre le sens du monde « Free », plafond d’altitude zéro, espaces sans fins ou sans faim.

Pour comprendre la gratuité, il vous faut feindre l’amitié, compulser la racine anglo-saxone du mot free, qui signifie à la fois libre et gratuit du vieil anglais freon, freogan. Maintenant, vous êtes libre, vous pouvez aimer, entrez en contact métaphysique hypraérien avec l’univers de velours financier et  l’économie des bits, l’ère du gratuit. Mieux : en vous procurant du gratuit, l’excitation dépasse votre première visite sur Youporn (pour les garçons) ou votre première vision de Robert Redford dans Out Of Africa (pour les filles). Et tout devient donc gratis fichtre? La science physique devient ici science du bit, du tétraoctet, la déesse quantique mue en princesse bit. Le quanta a un prix, le bit aucun. Moore (pas Michael, mais Gordon) est passé par là et sa théorie anéantit les hommes politiques avec sa loi : si des produits sont faits d’idées plus que de matière alors ils seront plus vite bon marché…Tout roule vers le gratuit.

Au 19ème siècle, les saloons offraient aux cowboys des repas gratuits. Depuis 1930 la radio vous offre vos musiques préférées gratuitement, des magasins vous offrent tout gratuitement (Sample Lab), votre voiture est désormais en location gratuite (Better Place), Google et Linux vous offre aussi tous vos logiciels librement, Wikipedia remplace Universalis à l’œil, chaque jour en prenant votre métro chéri vous prenez conscience des horribles bonnes nouvelles du monde gratuitement dans votre journal et elles semblent plus douces…Le Page Rank (algorithme de Google) est devenu l’étalon or de la réputation.  Le web est un marché d’abondance, il invente de nouveaux modèles, un né-haut-deal. Il tire les prix vers le prix radical : zéro.

Est-ce la fin de la rareté, la fin de l’histoire de ce satané capitalisme? Vous flottez dans le coton, le meilleur des mondes, au pays d’Alice et ses merveilles, à volonté le pain et le vin de Jesus?

Le rêve était trop beau. Les hackers eux même ont posé en 1984 la première pierre de l’économie marchande du gratuit: l’information abondante veut être gratuite, l’information rare veut être couteuse, en clair vous pouvez downloader le livre Free de Chris Anderson, par contre si vous voulez une personnal conference afin de développer des nouveaux modèles stratégiques pour votre entreprise, il faudra passer à la caisse. Quelqu’un paye toujours, tôt ou tard. Même vous, peut-être, mais vous ne le savez peut être pas. En économie guère de place pour la morale. Les pigeons doivent mettre la main à la patte.

D’autres ont laissé le chaland décider de se vider la panse ou de garder ses bourses pleines: Radiohead, Nine Inch Nails ont funambulé sur le fil du libre price avec succès. Avec Free, Anderson pervertit le lecteur et pousse à imaginer l’abondance, ses références culturelles et littéraires réveillent notre « ça » gavé de bassesse. Comme dans The Machine Stops de E.M Forster, nouvelle publiée en 1909, où l’humanité vit retirée sous terre et où la machine se charge alors de tout : nourriture, divertissement, protection ; comme Corry Doctorow dans la Dans la dèche au royaume enchanté qui incite à la toxicomanie puisqu’on peut cultiver ses clones et jeter son vieux corps usé.

Atterrissage, fin du voyage (gratuit d’EasyJet). Prenons peur ou la porte du paradis : plus de travail à fournir et des ressources illimitées, avoir plus ou moins de temps? Une nouvelle abondance créé une nouvelle rareté : l’offre d’information illimitée créé la rareté de l’attention, notre Rédacteur en chef pourra monétiser ses trop rares minutes de disponibilité. Hadopi souhaite embastiller les pirates, mais leurs bateaux sont déjà loin. Patrick Zelnick propose intelligement de taxer Google mais la mise en place semble impossible. Free : future of business ou no future?

Blog de Chris Anderson : http://www.thelongtail.com/

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