Ni auteur invité ni simple lecteur, Matt Dunhill s’est rendu au festival des blogs BD. Rapport de mission en toute mauvaise foi(e), confirmant qu'il n'y a pas de BD sans bière et que l’ennui aime la compagnie.

Arts et Métiers, ligne 3. À même la rue, comme un jour de marché, a lieu la célébration du dernier grand chapitre de l’histoire de la bande dessinée – j’ai nommé l’âge des blogs et son perpétuel défilement de vie privée verticale. Soyons honnête, on doit beaucoup au Festiblog pour sa reconnaissance du média numérique. Si, si. Disons-le, sans lui il est bien possible que les éditeurs majors continueraient de défendre le pilon plutôt que le pixel mort.

Huit éditions de ce croquignolesque festoche plus tard, certains auteurs sont enfin reconnus (au hasard le A boire & à manger de Guillaume Long, et L’actu en patates de Martin Vidberg) et la tendinite du poignet droit gagne chaque année de nouveaux lecteurs. Revers de la médaille : Boulet est connu comme le mètre étalon des vendeurs de la Fnac. Au fil du temps, ce rassemblement parisien a pris des airs de copinage que nul ne renie, voire qui semble sous-tendre toute cette activité. À ma connaissance, aucun des auteurs « reconnus » ne vit correctement de son travail de blogueur, ce qui en dit long sur l’insertion de ce média dans la sacro-sainte chaîne du livre. Et, quand ils sont signés, c’est encore trop souvent pour publier le contenu pré-publié dudit blog. Conséquence évidente : les projets « indé » que font naître ces gens ressemblent à un inceste sans fin bien que très bien vécu des deux côtés de la chaîne. Qu’en serait-il entre les mains d’éditeurs fortunés ? Verrait-on naître un nouvel âge d’or des illustrés ? Blogueur, est-ce une vocation (comme prof) ou un pis-aller (comme Prof) ? À regarder le train de vie des auteurs, les réponses se trouvent au fond des verre de cantine… Quant au festival, il ne reste qu’un rassemblement de dédicaceurs bénévoles et de fans transis. We gonna need a bigger boat.

 

3 commentaires

  1. Tous les auteurs te le diront : sans bière pas de BD.

    Mais j’ai pas souvenir que chaque gratteux m’ait fait suer avec son tumblr et son blog… Enfin au moins depuis que myspace fait honte (et bandcamp reste discret dans les conversations).

  2. Merci pour ce compte-rendu sympathique.

    Cette année pas d’expo, mais il y en a eu de toutes sortes les éditions précédentes (30joursbd, café salé, expo live de boulet, etc.). Cette année il y avait des ateliers BD, des masters classes de dessin numérique, de 3D, de turbomedia, une rencontre avec le réalisateur du film d’animation Peter, sans compter les battles de dessin. Ce n’est peut-être pas du goût de chacun mais ça a le mérite d’être tout ouvert à tous et gratuit. Résumer le festiblog à un rassemblement de dédicaceurs bénévoles me paraît un peu réducteur même si la dédicace est le principe fondateur de l’évènement 🙂

    Pour le bar je serais le premier à voter pour, mais il n’appartient pas à tout le monde de vendre de l’alcool sur l’espace publique 🙂

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