Depuis 10 ans, il chante des comptines perverses et sexuelles sur des rythmes tantôt funèbres, tantôt disco, avec un talent tel qu’on croit parfois qu’il est le fils adoptif de Gainsbourg et Moroder. Mais n’en déplaise à tous les faux héritiers de la rive gauche, Bernardino Femminielli n’est même pas français; il est canadien. Au prix d’une course poursuite avec des fantômes et des banquiers, il a finalement quitté sa cabane de Montréal pour s’installer à Paris et poser les bases de « L’exil », un disque où le crooner apatride étale tout son talent sensuel, mais pas sans suite.

De la rancoeur, du sublime, de la poésie et comme une odeur connue, la trace d’un parfum lointain, c’est le résumé de « L’exil », nouvelle livraison de Femminielli; peut-être le dernier véritable artiste underground que le Canada ait enfanté malgré lui. Pourquoi malgré lui ? Parce que pour la carte d’identité, c’est un peu le bordel : Bernardino, d’origine salvadorienne, a grandi à Montréal, mais sans jamais s’y sentir complètement à sa place. Coincé entre la culture américaine et l’envie de marcher dans les pas d’un certain Serge, il a pendant dix ans poncé son rocher de Sisyphe, passant des prémisses disco chantés en espagnol (« Double Invitation », 2012) au très gainsbourien « Plaisirs américains » (2015), le tout en gérant parallèlement un  restaurant à Montréal aux allures d’auberge espagnole où il finira par se perdre complètement. Rincé, ruiné, exit le Canada. A la fin des années 2010, l’homme qui venait de nulle part décide finalement de faire tapis en s’enfuyant à Paris pour effacer l’ardoise et se réinventer, avec sa douce, un destin on the run à la Bonnie Parker et Clyde Barrow.

A la fois performer, crooner et acteur de sa propre vie conçue comme un long-métrage sans fin, Bernardino Femminielli semble en avoir encore sous la pédale : outre ce long « Exil » composé de quatre titres dont deux dépassent sans forcer les 10 minutes, deux albums inédits patientent à la cave, prêts à éclabousser le public comme on éjaculerait dans les plus beaux pornos romantiques. C’est qu’il y a également du Alain Kan chez ce garçon timide mais capable, à la nuit tombée, de se transformer en bête de scène aux culottes en cuir, éventées sur le verso. Une espèce de docteur Jekyll, mister Hyde à l’accent à couper au couteau et qui, avec sa voix de serial lover, parviendrait à éventrer les coeurs les plus impénétrables.

La plupart des chanteurs racontent des histoires fictives ? Ils sont une majorité décevante. D’autres chantent leurs vies sublimées, repassées en couleurs à force d’avoir chialer dessus, avec tout ce que cela comporte de pathétique, puis de grandiose. Comme Christophe, Femminielli joue dans cette cour là et sa chance, en 2020, c’est qu’il y a une place à prendre puisqu’il n’y a plus personne. Avec ses apôtres (Asaël Robitaille de Bataille Solaire, Pierre Guerineau d’Essaie Pas et le mystérieux Dominic Vanchesteing, Jesse Osborne-Lanthier), cet homme pas prophète en son pays essaie désormais d’en coloniser un autre.L’exil est une espèce de longue insomnie » disait Victor Hugo. Chez Femminielli, c’est toujours un peu minuit. C’est à peu près l’heure à laquelle on s’est quittés, le soir de cette rencontre.

Bernardino Femminielli // L’Exil // Sortie chez Les Éditions Appærent
https://editionsappaerent.bandcamp.com/album/lexil

10 commentaires

  1. trikard o kanada il est dry celui _çi aussi come les kitty-yo katalogue ????? rien a cirer de ces ‘berceuses’ c du faux dans le 19éme arrondissement sur un balcon…….

  2. J’ai bien aimé les premiers de Bernardino Femminielli, mais la vraiment le chant en Frenchy c’est pas son truc, les textes me font penser à du Sébastien tellier période pepito bleu, en clair des textes proche du néant,

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