Derrière cette mauvaise foi envoyée avec les sabots bien en avant (si vous souhaitiez un simple copié-collé de communiqué presse on vous renvoie chez la concurrence), et sans qu’on veuille opposer les Transmusicales (36 éditions au compteur) à leur petit frère des Bars en Trans, on a tendance à préférer le deuxième. D’une part parce tous les concerts s’y pratiquent à taille humaine dans le centre ville, de deux parce qu’on peut y découvrir des dizaines de groupes pour trois fois rien (de 0 à 10€). Et pas forcément les pires du reste.
Et si Transmusicales et Bars en Trans pourraient de prime abord s’avérer concurrentiels (mêmes dates, même villes), à la fin chacun retrouve ses petits. Au premier le luxe de pouvoir programmer les coups de cœur obscurs [1] de Jean-Louis Brossard (dit le « Belphégor des backstage » dans le milieu, ou encore le « cochon truffier à poil gris ») dans des conditions plus qu’honorables, au second le loisir de mettre un pied à l’étrier de ce qu’on appellera manque de place les « groupes en développement ». Vous savez, ces groupes français que vous adorez écouter gratuitement sur Deezer pour vous la péter mais dont vous ne possédez aucun disque à la maison parce que la Fnac ne les vend plus ? Bon ben voilà. Du 4 au 6 décembre, la majorité d’entre eux – on exagère à peine – seront dispatchés dans tous les bars partenaires de la capitale bretonne tels des parachutistes sur les plages de Normandie.
Si vous passez pas là, et que l’odeur de la sueur collée sur le vêtement vous inspire plus que le vomi des navettes de fin de nuit, on ne saurait que trop vous conseiller un arrêt au stand de cette nouvelle édition où tout s’organise souvent avec trois Francs six sous pour des résultats rocambolesques. Outre un focus sur la scène belge (Madensuyu, Great Mountain Fire, Leaf House ou Joy), il y aura là encore à boire, à manger et à entendre. Petite sélection subjective des groupes sélectionnés cette année.
Ponctuation (à l’Artiste Assoiffé) : un duo garage venu du Québec dont le dernier album (« 27 Club ») fait parfois penser au premier album des Kills, avant que les deux ne décident de virer dans le rock pour défilés de mode.
Oiseaux Tempête (au Mondo Bizarro) : on a déjà dit tout le bien qu’on pensait de ce groupe français plus free jazz que post-rock et malgré tout suffisamment poétique pour évoquer autre chose que la remise des tickets restos le vendredi. A découvrir dans les conditions roots du Mondo Bizarro, graffitis sur les murs et groupies au comptoir.
Juan Trip (au Chantier) : Enfant terrible à pupilles dilatées de la scène psycho-droguée française, frère illégitime d’Anton Newcombe et étalon XXL de chez Pan European, Juan Trip délivrera à Rennes un « message techno-mental à base de feuilles de coca », avec à ses côtés les poulains du label précité, Flavien Berger et Buvette. Franchement là, on peut pas faire mieux que le communiqué de presse.
Baston (au Chantier) : Mandales 100% made in France pour un groupe du coin avec du riff saturé. Seul bémol : on regrette que le groupe n’ai pas été programmé le même soir que Bagarre. Ca nous aurait donné une bonne soirée Street Fighter…
Singe Chromés (à la Trinquette) : Du Bashung cold-wave qui rappelle autant Grand Blanc (ou l’inverse, plus probablement) que les grandes gueules cassées du rock français (Hubert-Felix Thiéfaine en tête). Mantras novo à l’horizon et lumière des hauts fourneaux.
Bar en Trans : les 4, 5 et 6 décembre à Rennes
http://www.barsentrans.com
[1] On vous met au défi de connaître plus de 5 groupes de l’édition 2014 : http://lestrans.com/download/programme-papier-2014.pdf