On vous prévient de suite, enfouie dans les prochaines lignes de ce papier vous trouverez les noms de Metronomy, Rihanna, Madonna et Ariana Grande… Là, vous venez de relever les yeux d’une vingtaine de centimètres histoire de vérifier que vous étiez bien sur Gonzaï. Et c’est le cas ! Si nous citons ces artistes, ce n’est évidemment pas pour vous inciter à remplir l’espace commentaires — même si, avouons-le, vous savez y faire. Plutôt, parce que tous, sont sortis de la bouche de Poppy Hankin, l’un des trois visages du groupe Girl Ray, qui vient juste de publier « Girl », un deuxième album qui montre une mutation (pas si radicale) de sa musique.
Vous êtes toujours avec nous ? Bien, commençons. Si aujourd’hui nous vous parlons de Girl Ray, ce trio d’amies de longue date tout droit venu de Londres et composé de Poppy Hankin, Iris McConnell et Sophie Moss, c’est pour la simple et bonne raison que leur musique, découverte grâce à un premier album, « Earl Grey », paru en août 2017, a littéralement fait craquer. C’est ce que l’un d’entre nous écrivait déjà au moment de sa sortie sur un média plus aseptisé. De ce disque introductif, s’échappait une sensation purement indie, des vrombissements de guitares, un songwritting intime et délicat, pour un résultat au moins autant inspiré par la musique galloise — Gorky’s Zygotic Mynci et Cate Le Bon —, que par la fougue d’un Mac DeMarco maltraité pour les besoins de cette couverture. Avec ce disque confectionné en totale indépendance et piloté par le label Moshi Moshi, les filles se sont fait une place de choix dans le petit monde « snobinard » de la communauté indie londonienne — comme l’analyse Poppy, unique représentante du groupe lors l’interview qui suit.
« Earl Grey » a clairement ouvert des portes à Girl Ray. En deux années, il s’est imposé comme disque de chevet d’un public en perpétuelle croissance : « quand tu lis les articles sur notre nouvel album, tous parlent du précédent d’une façon très positive. Les médias le décrivent comme quelque chose à laquelle les gens se sont vraiment attachés », affirme la jeune femme sans trouver de mots précis pour expliquer ce phénomène. Si elles ont adoré défendre « Earl Grey » et continuent de le faire en assurant quelques premières parties de Metronomy, une certaine usure s’est installée avec le temps et la répétition de tous ces concerts, d’où cette nécessité de créer de la nouvelle musique. L’été dernier, Poppy & Co posent donc les premiers jalons de « Girl », avec comme fil conducteur l’envie toute identifiée de composer des morceaux « plus amusants à jouer en live ». Suite à cette affirmation, que la tête du prochain journaliste qui titra son papier « “Girl” just want to have fun » soit scalpée sur-le-champ !
Virage pop assumé, sans se travestir
Si leur premier album est né d’une digestion de la pop seventies que les filles écoutaient pendant sa réalisation, « Girl » aura lui été marqué par toute sa mouvance actuelle et mainstream, symbolisée par ses papesses « Ariana Grande, Rihanna et Madonna ». De cette musique largement diffusée, Poppy cible un aspect spécifique : « elle n’est pas du tout exclusive, comparée à l’indie. Tout le monde peut l’aimer. C’est une discipline plus riche que ce que l’on pense ». Comme rapide vérification à ce qu’avance la chanteuse, suffit de regarder le compte Instagram de « l’inspirante » Ariana Grande. Les chiffres sont gargantuesques (167 millions de followers), et confirment sans mal cet aspect « universel » susdit. Persuadé de vouloir lorgner sur ce genre, Girl Ray s’est entouré de collaborateurs adéquats. Les filles ont donc reconduit leur alliance avec Moshi Moshi, structure dirigée par Stephen Bass, dont l’autre emploi consiste à manager… Metronomy ! Encore, « Girl », a été enregistré et arrangé par le producteur Ash Workman, un homme très proche de… Metronomy (Christine & The Queens aussi) !
Même si une filiation à la musique de Joseph Mount s’esquisse, ce deuxième album renvoie à des familiarités façonnées sur leur premier. Histoire d’illustrer le propos, évoquons ici Like the Stars, ultime ballade du disque — qui ramène à l’expérimental « Earl Grey » (Stuck in a Groove) du premier album —, ou encore l’ambiance de Go to the Top, avec sa ritournelle jouée au piano.
Et le R&B dans tout ça ?
Disons-le tout de suite et sans filtre, la couleur R&B de « Girl » n’est pas criarde ; contrairement à ce que l’on a pu entendre jusqu’ici… Le seul flirt avéré avec le genre peut se sentir pour la chanson Takes Time, un featuring avec la rimeuse PSwuave ; une artiste qui pour le coup, s’inscrit, elle, totalement dans cette mouvance rap/R&B so british. À propos de cette chanson : « je n’arrivais pas à trouver les mélodies pour les couplets, donc j’ai imaginé qu’un rap pourrait bien aller. On a pensé à PSwuave, dont le manager est proche de l’un de nos amis. Elle a accepté, et posé sa partie qui est vraiment très cool ». Comme seul le détail compte, Poppy avouera que l’influence de cette musique tenait du fait que le groupe en écoutait « tous les jours en arrivant au studio ». Elle conclura en nous expliquant que cette volonté de s’immiscer pleinement sur les terres du R&B, « n’était pas quelque chose que nous voulions nécessairement pousser au max ». Le débat est clos.
En laissant un peu brumeuse cette question de style pour se concentrer sur une idée plus conceptuelle, avouons simplement que « Girl » est un bijou de pop music, si on accorde à ce terme la définition que Gus Lord des Stroppies nous soufflait. On pourra aussi conclure que ce deuxième disque est probablement ce que vous pourrez trouver de mieux cette année, selon ce paradigme musical. Affirmons également, qu’écouter Ariana Grande, Madonna et consœurs, ainsi que faire de la bonne musique, n’est pas forcément contradictoire. À Bon Entendeur salut !
Girl Ray // Girl // Moshi Moshi
Le groupe sera de passage à La Boule Noire de Paris le 10 mars 2020.
3 commentaires
Las Chinas mucjo better!
Soyez AUSMUTEANTS pour L Fesses , sinon craquées!
Virgins sucettes ?