Batterie Faible vient de sortir son premier EP, « Fuck Shit ». Projet musical du photographe Nicolas Despis, qui a notamment réalisé des séries de portraits de stars de la chanson francophone, il se retrouve désormais lui-même sous les projecteurs.

 Jusqu’à présent totalement inconnu de la scène musicale, du moins pour ses compositions, Nicolas Despis fait pourtant partie de ces protagonistes de l’ombre. Artiste graphique et photographe, il a notamment travaillé sur la direction artistique de l’identité visuelle de Modern Light du duo synthpunk Moïse Turizer (clip, pochette et Tee-shirts sérigraphiés) ou dans le shooting de portraits du star system avec entre autres Biolay, Daho, Cassel ou Gims. 

Le souci semble être qu’à force de collaborer avec des célébrités pour leur tirer le portrait, et notamment avec de nombreux rappeurs francophones, l’envie de passer de l’autre côté des projecteurs est certainement devenue prégnante. Il faut dire que ce complexe qui n’a rien de nouveau a trait à de nombreux domaines artistiques. Comme le regretté Lester Bangs qui a lui-même collaboré avec The Delinquents et Birdland, le photographe de la scène mancunienne Kevin Cummins et le journaliste du NME Paul Morley (également cofondateur avec Trevor Horn du label ZTT Records) qui jouaient dans le groupe punk The Negatives, un certain nombre d’observateurs souhaitent aussi ressentir les émois de la vie de rockstar. Ainsi, Nicolas Despis a décidé de passer de l’autre côté de l’objectif en sortant un EP avec pour nom Batterie Faible, alias qui, selon le gérant de son label, n’aurait pas été emprunté au titre du premier album du rappeur belge Damso. 

De toute façon Nicolas Despis ne semble pas avoir la verve d’un poète de rue, il s’est orienté vers la production électronique comme support pour ses chansons minimalistes en anglais. Ses expériences professionnelles l’ont mené à collaborer depuis un certain temps avec Moïse Turizer, il a donc choisi le même chemin musical pour « Fuck Shit ». Les rôles se sont intervertis et c’est Antoine, membre du tandem de synthpunk, qui s’est attaché, en plus d’y jouer la basse et la guitare, à produire l’ensemble de l’EP qui se retrouve, sans étonnement, à sonner un peu comme « Modern Light ». Bien naturellement, c’est sur Lofish Records que ça paraît, label inextricablement associé à Moïse Turizer.

 

Cela étant dit, il faut noter que ce premier EP est plutôt bien ficelé. Les guitares et synthés restent plutôt basiques mais les pulsations rythmiques de nature électronique viennent construire la solide charpente de ces morceaux aux textes volontairement répétitifs et extravagants. C’est léger mais c’est cool, avec des expérimentations vrombissantes, bruitistes ou inattendues réussies comme Jump in the Fire qui se clôture sur une outro aux sonorités de flûte levantine ou Sorry Satisfaction dont le saxo peut de loin donner à rappeler James Chance and the Contortions. Dans l’ensemble, d’autres bonnes influences sont perceptibles comme vaguement héritées de D.A.F. ou Liaisons Dangereuses. Turn To Shit a une véritable approche à la Happy Mondays, surtout dans la diction des paroles, quant à I Could Be Right, I Could Be Wrong, elle aurait pu être mixée par WestBam, ça aurait sonné de la même manière.

https://lofishrecords.bandcamp.com/album/fuck-shit

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