Gourou actif dans les caves de la capitale girondine de manière irrégulière, Yohan Pecost aka Eòin Ó Coast est enfin de retour avec le clip de Cathedral, un titre goth-indus-catholique au parfum d’éternité qui annonce la sortie d’un disque du même bois attendu depuis des plombes.

Personnage sombre et mystique vivant dans les caves de Bordeaux, et accessoirement leader du groupe au nom pas vraiment correct grammaticalement Yyellow quand il en a envie, Yohan Pecoste aka Eòin Ó Coast pour les intimes a décidé de relancer son affaire. A la manière de Anton Newcombe mais en pire, Eoin change de musiciens comme de chemise, au gré de ses sensations, d’un concert à un disque, et d’un disque à un concert. Formé en 2017 dans les tréfonds de la capitale girondine, Yyellow a des temps de vie, et des temps de mort. Un premier disque en 2017 où il fusionne plutôt bien le romantisme torturé de Radiohead et l’énergie nonchalante de Oasis, un album expérimental en 2018 au doux nom de «Henry» qui mixe trip synthétique lunaire, Jeff Buckley en mode flippé et 80’s beat en mode lo-fi, et puis plus rien. Enfin presque. Membre de la galaxie des branleurs hyperactifs de Flippin’ Freaks, qui dirige d’une main de fer l’underground-indie-rock bordelais, il est rapidement aidé par deux membres de Cosmopaark – le meilleur groupe de shoegaze du pays – pour relancer son projet aux fondations instables, voire inexistantes. Quelques concerts dans des bars moisis, et ça repart : Yohan s’enferme toute l’année 2018 pour finir son troisième disque, et il ne le sait pas encore, mais la galère commence à peine, car le disque en question  n’est pas encore sorti, et comme vous pouvez le voir sur l’horloge de votre laptop, quelques années ont passé depuis.

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Enregistré entre 2019 et 2021, dans les sous-sols crados de l’agglomération girondine et dans sa chambre à l’odeur de renfermé, l’album est envoyé non-mixé à la team Flippin Freaks, qui le connaît bien, mais lui renvoie d’abord (gentiment) une porte dans la gueule. Déjà à bout de nerfs avec son putain de disque qu’il porte en lui tel un bébé depuis des dizaines et des dizaines de mois, notre gourou aux cheveux gras et lunettes fumées pense à tout arrêter, une fois de plus. Un ange va en décider autrement: arrivé dans les environs de la ville en 2018, le petit génie asocial Hugo Carmouze qui a découvert une vraie famille avec les Flippin’ Freaks, vient tout juste de lancer son label Nothing Is Mine avec le projet à l’odeur de mort Noize Kollectif. Et quand il reçoit les onze titres de Pecost, le môme tombe de sa chaise, convaincu d’avoir de la bombe entre les mains. Il donne alors une grande tape sur l’épaule au grand chef de Yyellow, qui s’enferme encore deux ans dans sa piaule, entre 2021 et 2022, pour mixer ce putain d’album qui n’en finit plus de crier dans son ventre pour sortir.

 

Clippé durant 2 ans à cause du Covid, le premier single de ce troisième bébé à la deadline interminable vient enfin d’arriver entre nos oreilles, après un long chemin de croix. Et croyez-nous si vous le voulez bien, mais il s’appelle «Cathedral». Prière en clair-obscur synthétique de cinq minutes, rythmé par un beat sorti d’une usine de métallurgie au BPM de dépressif profond, cet Ovn qui ressemble à du Marylin Manson sous MDMA, en duo avec le roi du feedback Jim Jarmusch déjà naturellement défoncé, nous projette dans un décor surréaliste. Moitié croyant, moitié païen, son trip 100% perché est déchiré par une nappe aussi froide que religieuse à l’intensité divine, autour de laquelle Eoin et sa voix de nouveau romantique désabusé tente de se frayer un chemin, à travers de fines mais inquiétantes vapeurs électriques qui jaillissent de son lagon noir, industriel et numérique.

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En proie à la violence intérieure, il lâche des paroles poétiques à la profondeur cosmique, évoquant sa condition misérable d’être humain errant dans les sables mouvants de l’existence. Et au bout du tunnel, il y a la Cathédrale, sa grandeur, et son silence purificateur, semble vouloir dire Yohan, qui a justement tourné ce clip avec Clément Pelofy dans l’église Sainte Eulalie, dans la crypte de l’église saint-Augustin mais aussi dans un cimetière, oui oui. Présenté par Hugo Carmouze comme un «putain de grand disque», ce troisième album qui devrait donc respirer la magie indus-goth-catholique et les expériences para-normales sortira en novembre grâce à Nothing is Mine et Flippin’ Freaks, qui a depuis revu son jugement dernier. On a hâte.

Yyellow // m // Sortie en novembre 2023 chez Nothing is Mine & Flippin’Freaks

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