Balancer du destop dans sa timeline qui dégueule du top 2013 à tour de scroll et tout miser sur des mecs à guitares électriques. Refuser une bonne fois pour toutes de regarder le doigt au prétexte que la Lune ne vend plus un seul disque. Les mecs s’appellent White Denim et leur « Corsicana Lemonade » est un parfait testament pour enterrer une année qui sentait salement l’arnaque musicale.

La classe from Texas, again. Pour twister sur son parquet plutôt que de scroller sans fin et claquer des doigts au lieu de cliquer ad nauseam. Régler le rétroviseur sur 2009 plutôt que 2013, se souvenir de « Fits », fusée à réaction à s’en retourner les tripes et les semelles de ses baskets, V8 s’essuyant les enjoliveurs sur ta route 66, folie exténuante carburant à la sueur ; bref, du rock, du vrai.

Depuis, les Texans avaient levé le pied. On s’emmerdait un peu en regardant le paysage tandis qu’ils enchaînaient les disques dans l’indifférence générale.

Jouissons, voulez-vous

WHITE-DENIM-CORSICANA-LEMONADEMais, ô joie simple, plaisir fou et bassin qui se déhanche, les petits gars ont remis la main sur leur mojo il y a deux mois. Bon, entre-temps, deux Français avec un casque sur la tête avaient menti à la terre entière en faisant croire qu’ils étaient capables de voyager dans le futur. Et une bande de Canadiens était sur le point d’arriver à faire passer une coquille vide boursouflée pour une corne d’abondance alors que Véronique et Davina n’en auraient pas voulu pour travailler leurs fessiers. Mais ça n’est pas parce qu’en 2013, la stratégie du désir avait pris le pas sur la jouissance, qu’on allait bouder son plaisir.

Plaisir qui fut long à venir, soyons-honnête. White Denim, avant de gaver leurs guitares d’aspartam pour des raisons inconnues, m’avait mis le feu jusqu’aux cheveux. Leurs dernières livraisons au style pompier manquant d’incendie, il m’aura fallu arriver à la troisième écoute de « Corsicana Lemonade » pour que la sirène retentisse. A partir de là,  ça a été un sacré bordel. Je vous le livre tel quel.

Led Zeppelin, Jamie Lidell et Jeff Beck sont sur un bateau, personne ne veut tomber à l’eau, qu’est-ce qu’on fait ? « Eh, on pourrait pas rajouter un p’tit son de laptop dégueulasse ? » Non.

On va quand même pas faire nos danseuses parce que les mecs connaissent leur solfège et jouent à la triple croche comme ils respirent, hein ? Non ? Non.

Dès fois, le rock à la sauce crooner, c’est pas mal du tout, nom de dieu.

Avec un disque pareil, on se souvient pourquoi, ados, on tripait sur les Etats-Unis. Ici, le « l’important, c’est le rythme » de Keith Richards prend tout son sens.

Bientôt trois mois que Cheer Up  / Blues Ending me rend cinglé. Il y a tout, dans ce morceau : le riff galvanisant, cet espèce de groove de Blanc nourri à la musique noire, l’outro syncopé malin, la voix qui rumine des cailloux et tes genoux qui s’entrechoquent dans un twist bizarre parce qu’ils viennent de chopper la fièvre.

J’arrête ici le bla bla bla. En 2013, White Denim m’a tout simplement donné envie de remettre les doigts dans la prise. J’envisage même de m’offrir du pento à Noël.

White Denim // Corsicana Lemonade // Downtown Records
http://whitedenimmusic.com/

2 commentaires

  1. Terrible ce petit papier, et les références à Jeff Beck et Led Zepp (et les groovers blancs) sont les bonnes. Il va falloir pour ma part que je passe à la 3e écoute, je n’ai pas encore décollé après les claques de Fits et D…

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