Avis aux tricoteurs de chroniques fatigués par l’exercice ou l’angoisse de la page blanche, cet Anna ne te barbera pas. Jeune bricoleur fou de garage artisanal repéré grâce au formidable ‘’I love noise’’, il revient chez Howlin Banana – what else ? – avec des morceaux à tiroirs qui en font l’un des trublions les plus intéressants à suivre.

L’univers d’Anna est trop riche pour tenter de le résumer ou le comprendre en quelques lignes. On pourrait évidemment écrire des kilomètres sur la ressemblance de tel ou tel morceau avec ceux de Ty Segall, comme sur la magnifique Orient Fog, sur la fougue en mode Bass Drum of Death des premières heures sur la stoogienne Talk, ou encore sur le génie bizarre de chansons-ovnis comme Spectral Feelings qui invoquent autant l’esprit des Pussywarmers que de JC Satan sous hélium. On n’aurait pourtant pas dit grand chose.

Se permettre de commencer un tel album par une intro insensée aux banjos dissonants et le clôturer par une ritournelle japonisante à l’orgue casio ne sont que quelques facéties noyées dans un océan d’idées géniales. Il est ainsi compliqué de décrypter « la méthode » de ce farfadet ou de résumer son style en quelques mots. On pourrait simplement tenter une expression un peu fourre-tout pas forcément heureuse : Anna c’est du « bricolo weird folk psyché garage pop », comme l’évoque Tom du label Howlin Banana chez qui sort « WAE ». WTF ?

Rien que le nom de l’album résume l’ambition d’Anna : brouiller totalement les pistes pour mieux entraîner l’auditeur la tête la première dans son bateau Playmobil garage-rock voguant sur les mers bleutées du rétro-futurisme. La production super lo-fi que l’on doit à la patte de Paul Rannaud de Volage, groupe dont fait aussi partie le frère de Martin (aka Anna) est aussi pour beaucoup dans la réussite de « WAE ». On pense également à la production glam 80’s très agréable que peut proposer Matthew Melton avec Warm Soda, en particulier dans la chanson Sister Inna, et il devient délicat de ne pas abuser du name-dropping pour décrire l’album tant il est riche en influences des noms importants du garage actuel ; à commencer par Marietta sur The Sea, avec ces notes de clavier aux effets grindy et son intro pop au banjo déconcertante.

Le disque d’Anna n’est pas seulement une fantaisie garage-pop parmi tant d’autres. C’est aussi et surtout le premier album d’un poète maudit qu’on imagine redécouvert par nos successeurs à l’horizon 2030. Si vous aimez l’anticonformisme et l’artisanat, n’attendez pas : cet album anti-carcans est pour vous .

ANNA // WAE // Howlin Banana Records
Sortie le 24 octobre

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