C’est un disque de pleureuse, et même 22 ans après, rares sont les téméraires à souligner à quel point ce double album a pu marquer la pop contemporaine. Tout de suite, ladies and gentlemen, l’histoire d’« History ».

S’avancer à la barre pour défendre le cas « History », et toutes proportions gardées parce que le tortionnaire ci-après n’a jamais composé We are the world, c’est un peu comme tenter de défendre Klaus Barbie. On arrêtera là le point Godwin, mais il y a a priori dans ce double album à trois dimensions (« Past, Present and Future », c’est marqué sur la pochette) assez d’atrocités pour empêcher quiconque de s’y frotter pour les vingt prochaines années. Sauf qu’une fois passée la première barricade du bon goût, il est peut-être temps de faire un poil de révisionnisme.

De la gloire aux procès

Sorti le 16 juin 1995, « History » vient briser un long silence de quatre années pendant lesquelles Bambi s’en est pris plein la gueule. Le wagon du grunge lui a roulé dessus avec un jean troué, les ventes de « Dangerous » (entre 35 et 40 millions d’exemplaires) ont été inversement proportionnelles à la qualité du disque en question ; et c’est sans compter sur tous les procès qui pointent le bout de leur nez, au début des années 90. La réponse de MJ ? Elle tient en un mot. Enfin, en deux, selon qu’on considère « History » dans son intégralité ou comme une scission sémantique clairement indiquée dans le titre (His story »). Pendant toute l’année 1994, Jackson affute la vieille silhouette qui, dix ans plus tôt, faisait danser l’Amérique. Puis sort, euh, un best-of. Enfin bon, comme on parle d’un musicien qui, selon la légende (jamais confirmée) dormirait depuis 1986 dans un caisson à oxygène, c’est forcément un peu plus compliqué que ça.

Le Jackson des années 90 n’est plus aussi fringuant que celui de la décennie précédente, c’est un fait. Le Moonwalker est rouillé, tous les musiciens de l’époque « Thriller » partis, c’est fini, foutu ; la momie déambule dans son studio tel Christophe dans ses Paradis perdus, l’air un peu morose dans sa veste de soie rose. Et c’est vrai que ça s’entend. Missionnés pour sauver le soldat Jackson, les affreux Babyface, R. Kelly, Notorious B.I.G., et même Shaquille O’Neal (?!) se succèdent sur le tracklisting des chansons originales. Ah oui, pardon, on avait oublié de vous dire. L’album est double, à l’image du créateur, et introduit par ce qu’il a fait de mieux dans les années 80 ; le tout agrémenté de nouvelles compositions des années 90 dont on ne sait pas trop comment elles pourront rivaliser avec leurs aînées. Si le pari est évidemment perdu d’avance, « History » n’en reste pas moins un disque immense.

Souviens-toi l’époque

Immense, déjà, de par la taille. Trente chansons au total, si l’on additionne passé et présent. En remettant les choses dans leur contexte, difficile d’imaginer quel artiste pourrait aujourd’hui, à l’heure où chaque single est versé à l’unité dans l’arrosoir Youtube, publier tel objet sans susciter l’hilarité générale. Immense, ensuite, de par la symbolique.

Un grand disque, c’est souvent un bon visuel. Celui de « History » est du genre mastoque, en béton armé, littéralement. Ne refusant devant rien, comme à son habitude, Bambi a cette fois décidé de dévisser la Statue de la Liberté pour y installer son portrait ; et mieux même, y construire un panthéon à sa gloire, et dans lequel il pourra s’enfermer pour l’éternité. Le fait que le double album (triple en édition vinyle) soit introduit par un CD rétrospective de sa carrière (ne dite pas « best-of ») corrobore cette idée même selon laquelle Jackson, alors à l’après-apogée de sa carrière, souhaite se momifier, s’embellir, pour mieux exister après lui-même. Quoi de mieux qu’un cercueil, finalement, pour ranger toutes ces chansons-doudou qu’on a tant aimé ?

Ne reculant devant rien, et certainement pas devant la raison, Jackson a donc décidé pour « History » de sortir le grand jeu : une campagne marketing à de 30 millions de dollars, un des clips les plus chers de l’histoire (Scream, en feat avec sa sœur) et un mini film publicitaire tourné en Hongrie où MJ apparaît tel un Staline futuriste à côté duquel même Kim Jong Un ressemblerait à un Playmobil hémiplégique. Dans un final mémorable à mi-chemin entre Independance Day et King Kong, la statue gé(n)ante du gourou sans nez apparaît pour ravir le monde de par sa grandeur immobile. Quelque part, c’est rassurant de se dire que Michael Jackson n’a jamais eu de bombe H entre les mains.

Si cet « History » de Jackson est immense, enfin, c’est grâce à la colère qui l’habite – sans jeu de mots, hein. « History », c’est le récit des grandes batailles napoléoniennes par un gamin de la Motown qui a tout perdu. Son nez tout d’abord, son producteur ensuite (Quincy Jones a dit stop après « Bad ») et son honneur enfin. Il suffit pour s’en convaincre de réécouter les paroles de Scream et They don’t care about us, dédiées à la presse à scandale qui a eu le malheur de révéler ses névroses (réelles) au grand public, mais aussi à la famille Chandler qui l’a fait chanter (sic) moyennant un arrangement à 20 millions de dollars (le père du jeune Jordan s’est suicidé en 2009, Ndr). Moyennant quoi, le Jackson circa 1995 a les boules – et pas forcément là où on pense. Finie les amourettes fictives avec Diana Ross ou Brooke Shields, MJ est désormais mariée avec la fille d’Elvis (y’a-t-il un psychiatre dans la salle ?) et, pour se consoler de ce transfert freudien comme de son image ternie, se gave de médocs – comme Elvis. Valium, Xanax, tranquillisants, anorexie, clinique, tout y passe. A priori, plus personne n’a envie de miser sur ce cheval dont on n’arrive même plus vraiment à dire la couleur.

Au pied du mur, comme sur le croquis dessiné pour expliquer son enfance, Jackson va se relever une dernière fois. Pour « History », il signe la majorité des compositions, s’impose comme producteur sur la majorité des titres, prend les choses en main, se livre, peut-être comme jamais, et raconte ces errances dans ce monde rempli de fantômes, de hits et de procureurs.

Vocalement, la douceur des 80’s a cédé la place à une colère, gutturale, qu’on entend clairement sur This time around. Musicalement, MJ est partout. Les crédits parlent de contribution au piano, au synthés, à la guitare ; sans compter toutes les mélodies entendues dans sa tête, et qu’il récite aux musiciens de séance, comme à son habitude. Tout cela est bien beau mais le MJ cuvée 1995, comme dans l’une des plus pénibles chansons de « History », est alone. C’est dur à dire, mais l’histoire, la vraie, a prouvé qu’il est statistiquement plus facile de faire pondre un chef d’œuvre à un musicien accablé qu’à un artiste repu et satisfait. Dans le cas de Bambi cabossé, ce sera le cinquième single Stranger In Moscow, précurseur dans l’utilisation des beatbox, mais surtout révélateur de l’état mental du musicien. Autant le dire clairement, ça va pas fort.

Le titre, qui comme tout le reste de l’album studio a mal vieilli; il a été enregistré en 93, en Russie, à l’arrivée des premières plaintes pour abus sexuels. Comme on s’en doute, le titre ne raconte pas la beauté du Kremlin au mois de décembre, mais le sentiment de solitude qui s’est emparé du petit prince de la pop, désormais enfermé dans sa cellule à 24 carats. Le testament a beau se finir sur une conclusion positiviste, à l’Américaine quoi, avec Smile, personne n’est dupe. C’est l’achèvement d’un artiste en direct, l’équivalent du shot de JFK avec, dans le rôle du meurtrier, la victime elle-même. La suite ne sera qu’une longue descente en enfer, des albums de seconde zone (cf le très fragile « Invincible ») aux images accablantes de l’homme entrant et sortant de tribunaux protégé par un parasol géant masquant sa déchéance comme sa culpabilité.

A ce jour, « History » s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. Immense, on disait. Pas forcément musicalement, on l’a dit, mais un double album à écouter comme la résolution d’un Thriller dont l’écriture avait commencé 13 ans plus tôt. Parfois la vérité n’a pas de visage ; seulement 30 chansons laissées par l’auteur comme autant de pièces à convictions.

22 commentaires

  1. Et sinon à part donner son propre avis, la personne qui a écris cet article nous offre-t-il quelque chose de constructif ? Je comprends le titre mais l’article, c’est pas encore ça. Il est très difficile de déchiffré l’ironie des paroles dans un article. Je suis d’accords sur beaucoup de choses, les meilleures années de MJ ne sont pas dans les années 90. Mais qui peut encore prétendre qu’après toutes les accusations (fausses ou vraies on est pas des juges pour en dire quoi que ce soit) on peut vendre 20 Millions d’albums ? Malgré toutes les erreurs de sa vie ou de sa carrière on ne peut pas lui enlever le génie, le talent.

    1. Je ne dirais qu’un mot angy, Merci et bravo !
      Quelle méchanceté dans cette bafouille que l’on aurait l’impression qu’elle sorte d’une de ses plumes infamantes qui n’ont fait aucune enquête et regroupements de tous les éléments dont il retient des faits, mais ceux interprétés depuis longtemps par ces rapaces langues de p…. qui se prétendent tout savoir, sans avoir rien suivi, sans connaître sur leurs sièges dézingués de ronds de cuir à la cervelle et esprit à ragots de concierge de bas étage ! Michael a été complètement non coupable que tous l’avaient vendu en titre à scandale pour le chaland de leurs torchons et pour combler le vide de leur inspiration et leur page blanche !

  2. Quelle agressivité, quel dénigrement … Le ton est moqueur et pédant. C’est toujours plus facile de lyncher les plus grands quand nous ne sommes pas à leur niveau. Pathétique, encore un pseudo journaliste qui ne nous apprend rien et qui donne son avis inintéressant.

    1. ? ?? Exactement,
      entièrement d’accord avec vous Lucile . Ce gribouilleur, si il pouvait être le «has ben», comme il le prétend, déjà à la période History, ce fut le plus grand «has been» car qui a été plus important, incontournable et un phénomène unique comme l’a été durant la décennie des années 80 . Quel mépris, qui est cet illustre inconnu aux crachats qui lui servent d’encre ! Pour avoir vu les trois grandes tournées mondiales solo de Michael, et être aller à sept concerts en 1997, en Europe, au History World Tour, je lui souhaite d’être un «has been», alors comme ça pour se rendre compte que ç’était toujours le délire pour Michael Jackson, et même malgré les allégations qui ne tiennent pas debout pour quiconque a suivi l’ensemble de l’affaire Chandlerde 1993 ! Il avalerait son édito pamphlétaire tout de suite le gribouilleur !

  3. Au début je me dit cool, une critique constructive sur un album méconnu .
    A la fin je suis bien en peine de savoir quel est l’avis de l’auteur sur les chansons qui composent cet album…

  4. Encore et encore une personne qui s’est rangé bien sagement du côté des braves médias. Bien-sûr, il faut aller dans le sens du vent, sinon c’est pan-pan cucul.
    Comme d’habitude, dès qu’il s’agit de Jackson, c’est nul. Et ceci bien avant ne serait-ce qu’ avant d’écouter l’album.

  5. Ouahou, pourquoi, comment ce déversement de haine?

    Tu as pourtant un réel talent d’écriture, il est dommage de l’utiliser pour attaquer à ce point et pour porter des accusations aussi fantaisistes que détestables !

    Par quoi commencer?

    MJ a été déclaré non-coupable de + de 10 chefs d’accusations en 2005, suite à un procès.
    Dans le cas de l’affaire Chandler c’est la famille qui a décidé de laisser les choses telles qu’elles étaient plutôt que de partir au pénal;
    de +, la clause de confidentialité signée par les 2 parties, par MJ et par la famille Chandler stipulait que MJ n’était en aucun cas responsable de quelque mauvais traitement que ce soit sur enfant.
    C’est donc bel et bien l’inverse qui s’est produit, il s’agit d’un « aveu » d’innocence, et pas de culpabilité.

    D’où tiens-tu l’information selon laquelle il n’aurait plus de nez?

    De +, les sonorités de l’album HIStory n’ont certainement pas vieilli !
    En particulier en ce qui concerne des titres comme They don’t care about us ou Come together (composé par les Beatles mais réinterprété par MJ).
    On y trouve également certaines des chansons les + belles et les – connues (ou les – commerciales) de MJ : Little Susie et Smile pour ne citer qu’elles.
    Smile, pour information, est un hommage à Charlie Chaplin, à la base, et elle n’est pas si « rose » que ça, il s’agit de surmonter la tristesse, la peine pour continuer à sourire, à faire bonne figure, ce n’est pas ce que j’appellerais du positif ou du happy ending à la nord-américaine !

    Little Susie est d’une émotion rare, d’une sensibilité impressionnante et d’une sincérité incroyable, il s’agit d’une jeune fille qui est morte et dont MJ chante l’histoire, certain-e-s y ont même vu la dénonciation par MJ des mauvais traitements dans l’industrie du divertissement (musique + cinéma) donc c’est très loin d’être anodin ou banal. Et ce scandale des mauvais traitements existe encore de nos jours ! Il en informait déjà les gens il y a + de 20 ans !

    On peut également citer Childhood, là encore une chanson très émouvante, magnifiquement interprétée, où MJ confie la quête perpétuelle de son enfance car il ne l’a jamais connue (chanson qui a été utilisée comme générique final pour le film Sauver Willy).

    HIStory ne propose pas seulement une rétrospective à caractère mégalomaniaque de MJ, elle propose également une rétrospective complète des faits marquants de l’Histoire des USA de ces dernières décennies : le premier pas sur la Lune, des morceaux de discours de Luther King ou encore de JFK, avec aussi (c’est vrai) des phrases que MJ a prononcées quand il était fort jeune, lors de certaines entrevues.

    Album qui contient également une déclaration d’amour à sa femme de l’époque, Lisa-Marie Presley (le titre c’est You are not alone) [ce n’est pas mon truc mais ça reste quand même sans doute l’une des meilleures chansons d’amour qu’il ait pu chanter].

    MJ peut effectivement apparaître usé, notamment sur des titres, là aussi, personnels comme DS ou Tabloid Junkie.
    DS est une dénonciation d’un comportement acharné de la part du procureur Tom Sneddon, qui de toute façon, voulait faire chuter MJ, alors même qu’il n’y JAMAIS EU un SEUL ELEMENT COMPROMETTANT à son égard; MJ a décidé de « contre-attaquer » avec cette chanson (DS sont les initiales du personnage visé dans la chanson et ce n’est autre qu’une déformation volontaire des initiales de Tom Sneddon, pour ne pas être accusé de diffamation etc).

    Ce sont les expériences de vie, les rencontres etc qui font qu’il a évolué comme il l’a fait. On ne peut pas lui reprocher d’avoir perdu en naïveté ou en foi de l’humanité (pour citer de grands concepts) après avoir été traîné dans la boue, descendu en flèche dans les journaux, jugé coupable avant la tenue du procès etc.

    Entre les années 80 et les années 90, c’est sûr, il avait d’autres choses à dire et c’est normal, non?

    Tu citais également l’échec commercial relatif / subjectif de l’album Invincible de 2001, déjà, ce n’est pas échec commercial en soi, c’est même un album qui s’est plutôt bien vendu, beaucoup d’artistes d’aujourd’hui aimeraient atteindre les chiffres d’Invincible mais ce qui est sûr c’est que si on compare avec Thriller / Bad / Dangerous (même pris indépendamment), ça reste nettement en-dessous de ces chiffres-là.
    Personne ne peut rester n°1, en tout point, pendant 45 ans !

    1. Bien résumé et dit!!!!!
      « l’homme entrant et sortant de tribunaux protégé par un parasol géant masquant sa déchéance comme sa culpabilité. » Si seulement l’auteur de l’article le savait c’était pour le protéger du soleil à cause des brûlures et du lupus très sensible au soleil.

  6. Autre précision, cet article met en lumière le dessin de cet enfant, en fait, il s’agit d’un dessin tracé par MJ lui-même. Beaucoup de gens l’ignorent mais il excellait notamment dans le dessin (comme vous pouvez en juger par cette image). Peu de gens peuvent se targuer de rendre aussi captivant ou vivant un portrait, n’est-ce pas? Etait-ce un auto-portrait? Peut-être, on ne le saura jamais.
    Quoi qu’il en soit, le texte qui est mis à gauche du dessin n’est autre qu’un extrait de la chanson Childhood.

  7. Franchement , j ai lu 3 minutes à peine tellement c était épuisant ?
    A part jouer les détracteurs , vous avez un métier ??????

  8. Mince , j avais oublié ??

    mais où ai-je la tête ????‍♀️?‍♀️?‍♀️

    Recevez toutes mes salutations
    ????????????

    MJ forever ❤❤❤

  9. C’est michael jackson qui a quitté quincy jones ce dernier voulant faire de lui son boys friend d’après les rumeurs MJ refusant il coupera tout les liens. Ensuite MJ ne se gavait pas de médicaments mais était atteint de lupus érythémateux aigu disséminé,vitiligo,brûlure de la peau du crâne,cheveux (qui n’a jamais guérit Nawelle Madani ayant vécut pareil mais en moins invasive est bien placé pour en parler) lors de la campagne pepsi,son nez cassé lors d’entrainement de danse. Pour le lupus, j’ai une amie qui a cette maladie je ne vous parle même pas des douleurs articulaires qui en résulte et des anti-douleurs,des insomnies,des problèmes de peau butterfly masque,cardiaques,autres organes….une personne normale non soumis au stress d’une super star comme MJ souffre énormément alors lui no comment au vu des affaires judiciaires de « pédophilie infondées ».

  10. « Dangerous, dont les ventes sont inversement proportionnelles à la qualité du disque  »

    Dès que j’ai lu ça j’ai arrêté…

  11. Un joli torchon avec un nombre presque incalculable de fautes d’orthographe, de problèmes de syntaxe et j’en passe… Gros niveau Gonzaï !

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