Le critique musicale se prend parfois pour un généalogiste, palliant sa difficulté à décrire par des mots ce qui est vibration éphémère par la convocation de noms glorieux et de lignées prestigieuses. Ne rechignant pas, souvent avec quelque mauvaise foi, à évoquer des hybridations étranges pour décrire tel son nouveau - du Tri Yan stoogien joué par Moroder par exemple - un peu rétif à la classification. Il arrivera cependant qu’un disque, parfois, résiste à toutes ces tentatives : "State of War", troisième disque de Poni Hoax que nous avons écouté en avance, est l’un de ceux là.

Le critique musicale se prend parfois pour un généalogiste, palliant sa difficulté à décrire par des mots ce qui est vibration éphémère par la convocation de noms glorieux et de lignées prestigieuses. Ne rechignant pas, souvent avec quelque mauvaise foi, à évoquer des hybridations étranges pour décrire tel son nouveau – du Tri Yan stoogien joué par Moroder par exemple – un peu rétif à la classification. Il arrivera cependant qu’un disque, parfois, résiste à toutes ces tentatives : « State of War », troisième disque de Poni Hoax que nous avons écouté en avance, est l’un de ceux là.

Poni Hoax, groupe d’electro-rock parisien. Vraiment ? Nicolas Ker, le leader, a deux idoles: Gene Vincent et Jim Morrison. Au début du groupe, il a été embauché pour remplacer une chanteuse – Olga Kouklaki – que l’on peut entendre sur le titre Budapest. Nous avons juste à côté de lui Laurent Bardainne, qui vient du jazz, du conservatoire, et compose tous les titres. Et derrière, l’histrion – Vincent Taeger – qui tape comme un sourd mais avec une maestria qui le fait demander aux côtés des plus grands noms du cirque rock’n’roll; il est celui que nous évoquerons sous le terme de “batteur de Calogéro”, une bête de studio. Ou encore…
Pour retrouver une telle hétérogénéité dans une association il faut en revenir aux Doors. Un poète chanteur indien accompagné de Robby Krieger, pianiste de Flamenco, bassiste de la main droite de Manzarek et pianiste, de la gauche, et enfin de Densmore, batteur de jazz. L’ensemble formant le plus grand groupe de rock de tous les temps même s’il ne faut pas se formaliser de cette dénomination. Car en musique comme en boxe professionnel, il y a des ceintures de champion pour tout le monde.

Nous remarquons d’ores et déjà que les Doors et Poni Hoax partagent la particularité de ne pas avoir de bassiste, ce qui leur a permis jusque là d’éviter l’écueil – souvent fatal – , de la basse slappée. Elle restera donc sage et synthétique, d’un groove délicat et maîtrisé. Peut-on alors parler de Poni Hoax comme de la réincarnation des Doors mais avec un saxophone, autrement dit de dignes disciples de Wham! ? D’un certain point de vue oui, néanmoins cela ne saurait épuisé la totalité de ce qu’est Poni Hoax, et de la même manière qu’il est hasardeux de parler de branche pour désigner un arbre, nous aurons tout autant de mal à nous contenter d’expressions telles que Fleetwood Mac funky, de punk progressif avec des chœurs féminins ou de Phil Collins sous speed. Il serait alors tentant d’abattre notre joker pour d’évoquer tout ça à la fois sous le vocable de best of de David Bowie. Ou d’admettre, que si l’écoute évoque tant de classiques sans jamais se réduire ni à la copie d’un seul ni au mélange de plusieurs, que nous avons affaire là, et de manière stupéfiante, à un nouveau classique.

Rien de ce que nous pourrions évoquer de glorieuses lignées, de haut patronages ou de chevaleries artistiques ne nous permet d’épuiser de façon satisfaisante cette ouverture de « State of War ». J’hésite pour le choix des mots. Il y a comme souvent lorsque le lyrisme embrase une vaste réverbération, la métaphore galactique, et nous aurions alors un vaisseau spatial nommé le “Poni Hoax”, courant les vents solaires, chevauchant des torrents de diamants scintillants tournoyant autour de fontaines blanches, à la recherche de la dame adorée. Nous pourrions tout aussi bien y voir Simba le roi lion devenu grand, galopant avec ses amis à travers la savane, sur un rythme tribale et majestueux, résonnant à travers les plaines d’Afrique, voir plus prosaïquement une vidéo de gnous fuyant de sauvages félins carnassiers d’un documentaire animalier d’une chaîne câblé, tard dans la nuit; et peut être est-ce cela qui est évoqué à travers ces paroles : “To find and kill your first enemy / The desert is the place to be, / And the wind sweeps the shadows through the cities of the red dust.” A moins qu’il ne s’agisse ici de la guerre, de l’état de guerre, de la guerre qui court à travers les âges et les zones du globe, éternellement. Prologue dans le ciel que ce Cities of Red dust, dans sa forme courte, percutante et fugace, présentant le contraste savoureux d’un rock épique, bande son idéale d’une scène de bataille muette d’un péplum hollywoodien des années 20, et d’une sérénade pour piano bar, en fin de partie, seule face à son verre de whisky.

Les daddy-rockers se font coppacabana

Le deuxième titre ramènera l’amateur dans des contrées moins exotiques, pensera t-il initialement. Un piano ramené à son essence princeps – la percussion – frappant le rythme mécaniquement, dans lequel vient se glisser une guitare funky virevoltante. La batterie fait pompe, et il nous semble entendre Michel Berger prêt à s’endiabler pour sa belle, mais ce n’est pas France Gall que nous accueillerons ici mais bien notre Nicolas Ker national. Et cette scansion qui d’un certain côté pourrait paraître étrangement putassière, réminiscence d’un Daniel Balavoine en version dance écouté à l’arrière d’une R14 sur un trajet Paris-Nantes dans les années 80, c’est elle qui porte ces mots dans la chanson There’s nothing left for you here. Nous comprenons alors que tout ceci n’est que le paravent d’une folie en suspens, hymne de l’inquiétante étrangeté, insupportable sentiment. Les instruments sont à contre emploi, c’est banal et effrayant à la fois, et soudain tout se dissout dans une cadence magnifique – “Once there was a river / You saw your face into its stream” – évoquant les beautés de Waiting for the Sun des Doors, mais davantage comme une coda que comme une mauvaise copie, comme un prolongement plutôt qu’une imitation. Nous sommes toujours près de la rivière et Suzanne t’y tends toujours son miroir, mais comme posé en opposition à l’amour simple et spirituel chanté par Leonard Cohen. Voici la drogue et les partenaires interchangeables, il n’y a pas ici d’enfants s’éveillant le matin. Ni foi, ni amour, nous retrouvons là les images de Sigrid, la perte de soi, les gueules de bois, les corps sans visages, la perte du sien, le miroir qui ne capture plus rien.

Il ne faudra pas demander à « State of War « de choisir son camp, si ce n’est le sien. Celui d’un classicisme exacerbé, un style si racoleur, si excessif dans son optique de pur entertainment, si proche de la danse, qu’il en fera bouger les foules; avec sa volonté de s’inscrire dans l’histoire sentimentale de nos sociétés à travers la sono mp3 d’un auto proclamé disc jokey de soirée entre amis. Une ambition si anachronique – celle d’une musique mainstream au delà de tout concept de courants et de tribus – que le résultat, même lorsqu’il fait résonner un saxophone à la Careless Whisper de George Michael sur Blood and Soda reste d’une élégance folle.

Pour une raison que j’ignore, l’hébreu est la langue de la bible, le grec celle de la philosophie et l’anglais celle de la musique rock. Au moins trois de ces assertions pourraient néanmoins se discuter longuement – et elles l’ont été – mais il faut l’entendre cette langue claquée sèchement sur Serpent Street, cette rue “who will die one day and fade away”. Comment comprendre ce “fade away”, cette rue va-t-elle bêtement disparaître sous le coup des bulldozers? Ou va-t-elle s’éteindre dans l’indifférence, telle la lumière d’un réverbère au matin? Ou alors s’évanouir comme la musique d’un concert s’achevant au loin. Rien que par la polysémie de “fade”, nous voyons cette rue comme lieu, puis lueur, et enfin mélodie, Poni Hoax la fait vivre dans toutes les dimensions.
Histoires de rue sur une disco de mort, chaloupée comme un tube d’Elton John et racontant des freaks sinistres, Street Hassle dansant, on croit entendre les Dum Dum Boys reprenant en choeur I can’t stand it. Il n’y a pas 36 chanteurs capables sur la place de Paris d’écrire une chanson pareille. Revendeur de Picasso, string de diamant, garçon-femme de l’enfer, ta belle-mère, pour une scène de rue – celle du serpent – voué à disparaître, comme faubourg Saint Germain édentée. En attendant, il l’attend, tout au bout de la rue du serpent – dont on ne voit jamais la fin- , il semble ivre, elle ne vient pas, nous avons tous connu ça. Alors en attendant, on regarde les freaks défilés, les scènes de rues d’un opéra kitsch rock orchestré par Michel Berger.

“And you’ll never be on time
There’s something else on your mind
And I’m not down on my luck
It’s just that you don’t give a fuck”

There is no home

Il peut paraître étonnant de découvrir un album s’intitulant « State of War » par les images du clip de Life in a new motion; images de soap américain évoquant, le couple, l’amour et le mariage dans une lumière éthérée. Les premiers titres abordaient déjà davantage les désillusions amoureuses que les horreurs de la guerre. Mais qu’est-ce que la guerre, et que fut cette guerre, celle du Cambodge, que l’on peut qualifier de génocide ? Réponse:  la mort ou l’exil. Et que peut-on se souvenir d’un pays que l’on a connu qu’enfant, comme Nicolas Ker, et dont on aura oublié la langue même. Projeté dans une nouvelle vie, “life in a new motion”, de la guerre nous n’entendrons que des échos glaçants à travers des histoires de beuveries ou de romances avortées : “This is no home”, “there’s nothing left for you here”, “This street will die one day”, “You can count on hell for some kind of geometry”.

La perte, l’attente infinie, la rue qui défile mais rien qui nous attend, la ville brisée et les enfants qui deviennent fous et tout qui prend finalement sens dans cette chanson, Life in new motion. C’est à dire tenter de redonner un mouvement à cette vie lorsqu’il n’y a même plus de lit pour accueillir le couple, plus aucun abri, et que c’est le commencement d’un mouvement qui deviendra permanent. La perte et l’exil, en espérant que nous puissions partager au moins cette solitude “Who’s left to trust, there’s only you and me my love” sur des orgues à la Badalamenti – la première image évoque d’ailleurs Laura Palmer morte bleuie dans son sac à cadavre. Visages sublimes dans la lumière blanche, il semble si loin ce lisse bonheur que nulle nuage ne vient obscurcir, mais il est ce à quoi nous aspirons. Voiles blancs, mariages, enfants, regards confiants, et jamais la voix n’aura semblé si brisé qu’en entonnant ce “Everything passed”. Tout passe, il faut bien s’en convaincre.

Propulsé dans la vie, nous oscillons au mieux entre l’enthousiasme et le découragement, au pire entre l’apathie et la mort. “We’re leaving hom again”, chanté pour se donner du courage, en attendant de la refonder à nouveau cette maison, qu’il soit possible de s’échapper en un lieu façonné de ses mains. Après un long voyage, et peut être même au cours de celui ci, et peut-être bien après être retourné chez soi, nous aspirons au doux foyer, tout en ignorant la forme qu’il prendra. Et celui ci pourrait être une église, une rue, le souvenir d’un écrivain fréquenté par ses ouvrages, quelques notes d’une mélodie ou un dialogue, un lieu imaginaire ou palpable, dont on peut emmener la substance ou le souvenir où que l’on soit, en disant: ceci est ma patrie.
Cette patrie, sera-t-elle Amérique rêvée, celle de Young Americans évoquant fortement celui de David Bowie, mais du point de vue d’une salle des fêtes d’un village sur la côte basque, celle où notre jeune héros romantique s’était réfugié, souvenez vous à la fin de Leaving home again. Il la prend dans ses bras et c’est l’Amérique, le “All right, we’re all americans my friends” résonnant en écho du “All night, she wants the young americans”, l’Amérique capable de surgir partout où il y a un bal et un peu de musique, ou alors plus simplement St Jean de Luz, escale terminale de l’héroïne du rayon vert. Souvenons nous de cette jeune femme errant le temps d’un été, entre le Havre, Paris et la Plagne, avant d’échouer à Biarritz, d’où elle ne pourra plus fuir sans retourner sur ses pas, c’est à dire Paris. Elle se laisse guider par les signes, des cartes posés sur le sol, rien que des prétextes pour fuir, elle lit L’idiot de Dostoïevski lorsqu’elle est abordé, et c’est aussi aussi un signe forcément, tandis que Nicolas Ker chante : “The only signals from the start, Were those lying in your heart”. C’est ce titre qu’elle écoute à ce moment même : “j’ai gâché mes vacances » dit elle au jeune homme, tandis que celui-ci répond “ah bon, il faisait pas beau ?”. L’idiot c’est dangereux, c’est de la littérature, et la littérature russe en été sur la plage, c’est la tristesse, la dépression et la solitude. Continuons à écouter Summer Falls : “And then sadness started to call / Raining down the summerfalls”. Il n’y a plus rien à attendre de là bas, du Cambodge, d’une famille assassinée et pourtant la vie a continué, ailleurs.

I’m not going anywhere, anymore, nowhere.

Ce devait être donc un disque sur la guerre mais je ne peux m’empêcher de penser à Nicolas Ker en boots à élastique noires, jean noir sur la plage de St Jean de Luz, torse nu en héros cocotte baudelarien:  “Ah ! Que le temps vienne. Où les coeurs s’éprennent!”. Éternel personnage rohmérien, dont la topographie des voyages sentimentaux sont comme autant de contes chevaleresques. Qu’il s’agisse d’une obsession infernale autour d’un pivot fixe – « We were strong so we got lost » d’Aladdin -, ou au contraire du flou, de l’oubli des visages fantômes de “Sigrid”. Vous dessinez ça sur une feuille, ça donne un tourbillon autour d’un trou noir.

Ne voyez jamais un film dont vous a parlé ce monsieur Ker, n’écoutez jamais une chanson dont il vous aura dit le plus grand bien, ce dément serait capable d’enchanter pour vous une pierre, de vous en parler si bien que vous aurez envie de la manger comme si c’était un poulet. Et il viendra le partager avec vous. A moins que son rôle ne soit au contraire de briser l’envoûtement qui vous empêche de voir que l’auberge est en réalité un château, et Slipknot le dernier groupe existentialiste sartrien en activité (People=shit, l’enfer c’est les autres). Ses talents d’enchanteurs feront de vous des fans absolus de Steely Dan, du moins jusqu’à ce que vous en écoutiez. Une façon de montrer, un moyen d’apprendre à voir la beauté, où elle se trouve par delà les apparences, et peu importe si dans le fond il ne s’agit que d’un désert de cailloux, que le château soit en carton pâte et le ciel une toile peinte. Et ceux qui après ça prétendent encore vivre dans un monde où une pierre est une pierre, que cette pierre est laide et muette, et qu’elle ne se mange pas ; grand bien leur fasse.

Poni Hoax // State of War // Sortie en février chez Pan European
EP Down on serpent street / Life in new motion – sorti le 10 décembre »

21 commentaires

  1. C’est marrant, parce qu’autant le fait de comparer Poni Hoax aux Doors, bon à la limite c’est drôle et teinté d’une relative vérité, autant le single – et l’album – me donne l’impression d’entendre un camion de pompiers traversant la Bavière.
    Ton papier résume très honnêtement le changement de direction du groupe; toute mutation drainant son lot de nouveaux adeptes et de fans déçus, je dois certainement faire parti du deuxième wagon. Vivement le prochain disque de Paris.

  2. C’est tellement hardcore dans le genre mainstream que ça en devient incroyable, ça plus le reste. Bester, tu y viendras aussi, Fleetwood Mac à fond dans le monospace à 130 sur l’A13 vers Deauville en famille.

  3. L’important c’est d’avoir un lecteur un peu chiant qui à l’oreille musicale et qui intervient pour discuter Rimbaud, Baudelaire, Poni Hoax….

    Vive Tigersushi !

  4. Sinon, pour être plus proche de la vérité: cet article nous a fait tous deux pleurer Laurent Bardainne et moi car SB a tout compris (mieux que nous) sauf quelque part où il a fait un contre-sens par rapport à une intention de départ de notre part mais nous ne lui dirons jamais où car le sens appartient à tous, et certainement pas qu’à nous.

  5. Article et musique photographiant l’identité d’une génération qui doit bien se faire chier dans la vie. Heureusement qu’il y a l’alcool.

  6. Désolé j’ai pas écouté l’album en entier, je suis un connard mais j’assume. Moi je me rappelerai toujours votre concert à hoxton Square en novembre 2008, c’était autre chose. Bye!

  7. C’était certainement autre chose. Ecoute le LP en entier et si tu ne l’aimes pas, c’est ton droit inaliénable, Dieu merci. Je l’ai toujours dit à Bester: nous nous connaissons un minimum, cela demeure vital pour moi qu’il dise toujours clairement ce qu’il pense d’un des LPs auxquels j’ai participé, surtout s’il n’a pas aimé. Sinon on est dans la chienlit de la connivence et la critique (qui est un genre littéraire qui me semble noble) ne sert plus à rien et autant alors faire pousser des radis ou poncer des tables à la place, ce qui serait plus utile.

  8. Il me semble que Sigismund (qui un de mes vieux amis, je le précise) n’aimait que moyennement les deux premiers Poni Hoax et adore celui-là. Mais les premiers échos que j’ai eu disent en grande majorité qu’il n’y a pas non plus de schisme énorme entre les deux premiers et le troisième. Vous verrez bien quand il sortira en février ou quand vous mettrez la main dessus avant par des moyens inavouables 😉 Personnellement je le cautionne à 100%.

  9. En voyant à nouveau le seigneur des anneaux, je me suis dit, oui il doit bien s’agir de ça, d’une quête de l’ennui. Comme un Star Wars où il n’y aura que des clones pénibles de Luke Skywalker.

  10. J’en ai l’eau à la bouche, ça risque d’être compliqué d’attendre février !
    Une bonne occasion de réécouter en boucle les deux premiers LP et de redécouvrir à chaque fois les morceaux.

    D’ailleurs une petite question aux membres de Poni Hoax : c’est possible de trouver des versions vinyles de vos LP (celui-là y compris) quelque part ?

  11. @Mazeltov… Ah ben ouais, on comprend l’impatience… c’est pas comme si tu n’avais plus rien à découvrir ou redécouvrir dans les 2 premiers… 😉

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