Dans une nouvelle publiée en 1989 intitulée Dori Bangs, Bruce Sterling, l’un des papes de la science-fiction cyberpunk, imaginait ce qu’aurait pu être le reste de la vie de Lester Bangs s’il n’était pas mort quelques années plus tôt. Ce que Bruce Sterling ne savait pas, c’est que Lester Bangs est bien vivant : je l’ai rencontré.

Le 30 avril 1982, à la suite d’une indigestion d’opioïdes en apparence définitive et durable, Lester Bangs a été déclaré mort à seulement 33 ans, rejoignant Jésus Christ et Eva Braun au sein du très ambigu club des 33. Disparaissait alors le témoin tout aussi ambivalent d’une parenthèse enchantée de quelques années, entre la fin des années 60 et le milieu des années 70. Quand une espèce de hooligan du journalisme, aussi érudit qu’irrévérencieux, pouvait encore se faire le commentateur exalté des mouvements musicaux émergents. Et profaner au passage pas mal de statues de rock stars dressées à la va-vite par une presse stipendiée. Pour beaucoup, Lester Bangs a été ce plus ou moins sale type qui a transposé à la critique rock les préceptes du gonzo journalisme ; un neveu contrarié d’Hunter S. Thompson aussi fantasque et mégalo que l’aîné de la famille, mais sans doute plus ingénu et moins retors. Jusqu’à aujourd’hui, dans les quelques endroits où l’expression « rock critic » signifie encore quelque chose, on trouve des épigones se réclamant de son héritage contradictoire.

Car le personnage de Lester Bangs ne manquait pas d’ambiguïté : franc-tireur aussi vache avec ses confrères qu’il était dédaigneux envers les rédacteurs en chef, il est paradoxalement devenu le chef de file d’un véritable courant critique. Celui qui a longtemps préféré le jazz aux autres genres musicaux est aujourd’hui considéré comme la personnification la plus vertueuse de l’exégète du rock. Auteur de réquisitoires irrévocables contre certains artistes (Lou Reed, MC5), il leur adressera pourtant un peu plus tard des plaidoyers enthousiastes. Un punk à col bleu qui haïssait les intellectuels du rock, mais qui n’hésitait pas à conjuguer dans un même geste les injures de caniveau et les images les plus poétiques. Malgré toutes ces contradictions, ce qui reste aujourd’hui de Lester Bangs, c’est d’abord une foi destroy et radicale envers le rock’n’roll. Une piété qui l’a conduit, tel un savant maboul, à touiller dans une éprouvette crapoteuse la littérature beat, le jazz et une bonne dose de mauvaise foi, pour enfanter (presque) par accident un journalisme rock élevé à la noblesse d’un genre (presque) littéraire. Normalement, l’histoire aurait dû s’arrêter là et la légende prendre le relais. Normalement, ce sont les enfants qui jouent à être morts.

Alors, il faut se dire que Lester Bangs est un grand enfant : depuis plus de 35 ans, il est bien vivant mais il laisse tout le monde penser le contraire.

Mieux : il habite en France, dans une petite ville de province au beau milieu d’une rangée de pavillons résidentiels proprets : « Je déteste toujours autant les idéaux bourgeois de la classe moyenne, mais au moins je me repose un peu. Mes voisins ne sont pas très bruyants. » Il travaille au rayon Nature et Jardins d’une grande surface, conseillant ses clients avec beaucoup d’entrain dans un français presque parfait. On est assis à la cafeteria du centre commercial pendant sa pause méridienne. Lui devant un café noir sans sucre, moi avec un jus d’abricot très sucré. Toujours soigner sa glycémie quand on papote avec les fantômes.

Salut Lester. Ma première question est plutôt terre à terre : cette histoire d’overdose, c’est vrai ?

Pas vraiment, non. Une invention comme beaucoup d’autres. Je ne sais plus exactement comment c’est venu. Ça remonte à loin…

Pourquoi t’es-tu fait passer pour mort ?

Je ne sais pas, un coup de tête. Un jour, en me réveillant, j’ai eu envie d’autre chose. Je devenais une caricature de gros dégueulasse. Je pressentais quel genre d’alternative s’offrait à moi : mourir jeune ou devenir un vieux clown inoffensif. J’aurais vieilli un peu comme Hunter S. Thompson, tu vois, un pépé barjo qui sent le Chivas, les bourgeois t’adorent, on fait des films sur ta vie, etc. Je serais peut-être devenu copain avec un acteur qui cherche à s’encanailler un peu, qui sait. Aux États-Unis, la vraie bourgeoisie c’est Hollywood.

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Qu’as-tu fait au moment où tout le monde t’a cru mort ?

J’ai vécu quelque temps avec ma mère, dans la cave de sa maison qu’elle avait aménagée pour moi. Ensuite, vers 1983, je me suis installé du côté de Détroit. J’adorais vraiment cette ville à cette époque : la Motown, le garage, les voitures, tout ça c’était fini depuis longtemps. La ville se statufiait à vue d’œil, on aurait dit un musée à ciel ouvert. C’était parfait, je voulais vivre dans un endroit figé.

Il y avait quand même encore une scène musicale à Détroit à l’époque.

Oui, au début des années 80 il y avait un peu de hardcore, du punk, des choses comme ça. Mais la musique ne m’intéressait plus trop à ce moment-là.

Les reprises ou les remasterisations, ce n’est que du lifting, c’est tragique comme un cadavre embaumé.

Tu as fait quoi après ta « mort » ?

Avant de venir en France, j’ai bossé pendant 16 ans au rayon jardinage de chez Sears, une grande surface sinistre à 20 minutes de Détroit. Mon boss m’adorait, il me disait en se marrant : « Mec, t’as un enthousiasme presque flippant. Mais t’es pas méchant, on dirait un gosse quand tu parles des outils de jardin ! » Il trouvait que ma dinguerie convenait bien aux produits qu’on vendait. Et puis j’avais un côté bourru d’après lui, presque terroir – moi qui n’ai jamais foutu les pieds à la campagne…

Un morceau de rock, c’est un peu comme une plante ?

Rien à voir. Si t’es pas trop nul, tu peux faire repousser une plante : tu l’installes dans un terreau tout neuf, et hop ! ça repart. Le rock, une fois qu’il est enregistré, il se fane vite, c’est foutu. Un morceau est comme un organisme qui a besoin de circonstances très particulières pour s’épanouir. Tu ne peux pas remplacer le terreau dans lequel il a poussé la première fois – le contexte social, la situation politique, les guerres, les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, tout ce qui fait la sève du truc. Les reprises ou les remasterisations, ce n’est que du lifting, c’est tragique comme un cadavre embaumé. Et puis il y a tellement de malentendus sur les chansons, sur leur signification. Non vraiment, c’est très con comme comparaison, un morceau et une plante n’ont aucun rapport.

Ok, au temps pour moi… Mais quand même, beaucoup de disques et de morceaux traversent les générations et sont réinterprétés à d’autres époques. Ils gardent un sens vital pour les jeunes qui se les réapproprient, même si ce n’est pas exactement le même qu’à l’origine.

Justement, si le contexte social, politique, économique n’est plus le même, alors c’est fini, la vitalité originelle du morceau est perdue. À la base, tous les genres populaires sont l’expression d’un truc vivant, à la fois très local et universel. Mais le problème est que la musique est toujours pensée en cadres, avec des « gros concepts » – je crois que c’est Deleuze qui parlait de ça. Quand tu commences à faire des grandes catégories, des genres et des sous-genres, tu enlèves au rock ce qu’il a de corrosif. Et puis il ne faut pas attendre très longtemps pour que n’importe quel mouvement radical soit transformé en kitch, lequel n’est rien d’autre qu’une excroissance du capitalisme.

Pourquoi la France ? Parce que c’est le pays le moins rock’n’roll du monde !

Après Détroit, pourquoi avoir choisi de t’installer en France ?

Parce que c’est sans doute le pays le moins rock’n’roll du monde ! Chez vous, la greffe n’a jamais pris. Je ne crois pas que ce soit une question de langue ou ce genre de conneries, c’est plutôt que les Français n’ont pas besoin que la révolte passe par la musique, ils ont déjà pas mal de contre-pouvoirs solides – les syndicats, les mouvements étudiants, les juges. Aujourd’hui, le vrai rock’n’roll, tu le trouves en Thaïlande ou dans le golfe de Guinée, là où ça reste vital pour ceux qui l’écoutent et dangereux pour les autres. Aux États-Unis et en Angleterre, c’est encore autre chose, le rock était vivant au début, mais l’industrie et tout un tas d’autres choses ont finalement été trop puissants.

D’après toi, à partir de quel moment ça a commencé à changer ?

Très tôt, dès le milieu des années 70. Faut pas oublier que l’essentiel du rock était produit par des majors qui fonctionnaient exactement comme des industriels. Au moment de la crise pétrolière, toutes les industries ont stoppé les dépenses qui ne leur rapportaient pas assez de retours sur investissement. C’est pour ça que les majors ont arrêté de financer les groupes underground. Le problème ne date pas du numérique, il est bien plus vieux. À chaque fois qu’une crise ou une grosse mutation éclate, les maisons de disques s’adaptent en larguant les choses qui marchent le moins bien.

Dans les années 70, l’underground était quand même très vivant. Il y a eu le punk, les débuts de la new wave, le reggae, toute la nouvelle scène new-yorkaise.

Oui, mais les genres ont vite été uniformisés. Les groupes comme Television, les Talking Heads, les Ramones – tous ceux qui jouaient au CGBG – avaient quelque chose à dire, une identité forte. Certains étaient nihilistes, d’autres arty, d’autres carrément névrosés, ou bien ils jouaient les idiots pour mieux critiquer la culture américaine mais ils avaient une vraie consistance poétique. Ce n’était pas tellement une question de genre musical mais plutôt de registre, chacun avait le sien et on pouvait tout de suite le reconnaître. Entre la fin des années 60 et le milieu des années 70, en Amérique et en Angleterre, le rock repartait de zéro pour créer un truc à la fois artistique et « moral » – même si c’est un grand mot. Les Clash, c’était exactement ça, une musique presque existentielle. Les années 70 étaient tellement affreuses, ennuyeuses et moches que le rock était un challenge, il venait déranger quelque chose, comme dans les années 50. Mais les choses ont vite changé. Au milieu des années 70, tout le monde a commencé à s’inquiéter à cause du pétrole, aussi bien l’ado qui allait au concert que les maisons de disques : combien je dépense, combien ça me rapporte, est-ce que c’est vraiment indispensable dans mon budget, etc.

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Tu penses que le capitalisme a été la principale cause de cette évolution ?

En fait, l’influence négative ne venait pas forcément du système capitaliste, je pense que la cause se trouvait plutôt dans les outils marketing utilisés à partir des années 70 pour savoir ce que préférait telle ou telle catégorie démographique. Grâce à ces outils, les gros labels ont pu s’adapter au plus petit dénominateur commun pour plaire au plus grand nombre. Le public était complice, parce qu’il voulait quelque chose qui ne soit pas menaçant, un canevas blanc sur lequel il pouvait projeter n’importe quoi. En réalité, l’industrie s’adapte aux demandes du public plutôt qu’elle ne les dicte.

En gros, les gens voulaient s’éclater en écoutant une musique qui ne remette pas en question leurs valeurs fondamentales…

Ouais. Mais ce genre de choses n’était pas nouveau, c’était déjà arrivé avec les hippies ou les beatniks : ils représentaient quelque chose au début, et puis ils ont été nettoyés, aussi bien par les majors que par le public.

Progressivement, les gestionnaires en col blanc ont aussi pris le pouvoir dans les maisons de disques, au détriment des artistes.

C’est vrai, les comptables et les avocats sont devenus de plus en plus importants. Personnellement, je n’ai jamais été contre ces gens-là, les artistes avaient tout intérêt à avoir des requins à leur service, sinon ils se faisaient plumer. Mais l’industrie du disque, en devenant si grosse et en multipliant les intermédiaires, s’est isolée des vrais trucs qui se passaient dans la rue.

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Il existait pourtant encore des labels alternatifs et des mouvements marginaux…

Oui, mais eux aussi produisaient pas mal de trucs pourris. Souvent, leurs disques ne contestaient pas l’état des choses. Dans le rock alternatif, le message principal, c’était : « Allez vous faire foutre, je suis jeune et je veux m’éclater ! » Même dans le rock underground, personne n’appelait à la transvaluation nietzschéenne de toutes les valeurs. C’est dommage, ça aurait pu être marrant… Ceux qui, comme les punks, en appelaient à la destruction, faisaient en réalité référence à une destruction symbolique, métaphorique. C’était un défouloir. En fait, la musique révèle quelque chose, elle est comme un symptôme. Quand on regarde ce que les masses écoutent, on identifie ce qu’elles ressentent, ce qu’elles vivent, de quoi elles ont peur et de quoi elles ont envie.

En lisant tes articles, on a l’impression que tu cherchais à tout prix la nouveauté, mais pas forcément pour elle-même, surtout pour ce qu’elle exprimait comme alternative politique.

Oui, je regardais beaucoup à la marge. Foucault était très à la mode à l’époque – cette idée que la marge est faite d’autres espaces au sein même de la société, des contre-lieux où tout ce qui existe au centre se trouve contesté et inversé. C’est ce contre-discours du rock qui m’intéressait, la façon dont le rock, devenu obèse et rempli par la fatuité des powerchords, commençait à produire autour de lui des sous-genres qui remettaient en cause son hégémonie. À l’origine, le rock’n’roll venait de la marge, des noirs, des blancs, des latinos qui se mélangeaient et qui créaient un truc nouveau, hybride. C’était comme le brassage qu’on pouvait voir sur n’importe quel trottoir de n’importe quelle grande ville américaine. À chaque fois, c’est un mélange : Elvis qui a accouplé la country et le folklore noir, Mick Jagger et toutes ses reprises de Muddy Waters, les Clash avec Police and Thieves – un morceau de reggae. C’est cette combinaison de musique noire et blanche qui a donné quelque chose de nouveau et de dangereux. Mais avec la crise du pétrole, la ségrégation a fait son retour, on est revenu aux race records d’antan – les disques pour les blancs d’un côté, ceux pour les noirs de l’autre. Surtout pas de vague, fallait que les gens achètent. À partir du moment où le rock a abandonné son héritage noir, il a perdu quelque chose de vital.

Pourtant, même le rock blanc vient du blues ?

Non, à la base, le rock’n’roll ne vient pas du blues, c’est stupide de penser ça. Elvis ne connaissait rien au blues. Chuck Berry n’a jamais joué une seule note de blues, il a seulement pastiché le répertoire traditionnel pour se faire du fric. Chuck Berry, c’est le type qui n’a pas attendu de se faire arnaquer pour devenir cynique : il a fait du cynisme son fonds de commerce dès le départ. « Vous voulez un grand nègre dégingandé qui fait l’idiot sur de la pentatonique rigolote ? J’ai ce qu’il vous faut, écoutez ça ! » C’était rien d’autre que de la musique de bal pour les blancs…

Quels sont les albums qui t’ont marqué à cette époque ?

« Young Americans » de Bowie, « There’s a riot goin’on » de Sly and the Family Stone, « Tonight’s the night » de Neil Young. Des disques déprimés, perdus, malheureux. Des disques qui reflétaient l’état d’esprit général après Altamont, Charles Manson, la crise du pétrole. Mais dès la fin des années 70, une culture de la nostalgie a commencé à apparaître, avec des trucs génériques et sans saveur, des chanteurs pour rayons de yaourts comme James Taylor, ce genre de types. Le kitch avait pris le pouvoir.

Je doute que les fans des Clash comprenaient de quoi parlaient vraiment leurs textes.

En somme, au rock politique tu préférais le rock pessimiste. L’aspect social et contestataire hérité des années 60 n’était pas primordial pour toi…

Le postulat selon lequel la musique des années 60 était un mouvement politique m’a toujours semblé douteux. Même les drogues ne voulaient rien dire à l’époque, elles n’ont jamais été avant-gardistes ni subversives. Tout le monde fumait de l’herbe, de la secrétaire au PDG. Les gens qui étaient au pouvoir se foutaient pas mal de la drogue. Dans les années 70, tu avais des types comme David Crosby et toutes ces pop stars internationales qui critiquaient Nixon d’un air affecté, un joint au bout des doigts. C’était insupportable. Pour moi, les Clash étaient les plus intéressants : ils n’adhéraient à aucun parti, ils ne passaient pas des heures à te parler de politique, mais ils respectaient leurs fans ; ils n’étaient pas installés sur un piédestal, ils appliquaient concrètement des principes fraternels. Je faisais plus confiance à ceux qui ne prenaient pas position mais qui disaient les choses comme elles étaient.

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Le rock’n’roll a pourtant eu une portée sociale aux États-Unis et en Angleterre…

Oui et non. Le schéma de base n’a pas tellement changé : le jeune lambda veut baiser, boire, faire un tour en bagnole. C’est très rare – voire anormal – d’avoir du rock qui parle d’autre chose. Quand c’est le cas, les gens ne comprennent pas vraiment. Je doute que les fans des Clash comprenaient de quoi parlaient vraiment leurs textes. Tout le monde s’en fichait. Les gens allaient aux concerts pour se bourrer la gueule, discuter au bar, danser.

Tu ne crois donc pas que le rock incarne un esprit de rébellion ?

Non, la rébellion est un concept petit-bourgeois bon pour la classe moyenne. J’ai toujours préféré la subversion. Pour moi, la connexion entre musique et rébellion n’a jamais été qu’une astuce marketing. Les disques de quelqu’un comme Phil Spector étaient rebelles du point de vue formel, mais en même temps, ils laissaient les ados à leur place, ils ne bougeaient pas les lignes, ils n’avaient aucune radicalité. Fondamentalement, ça restait du capitalisme bourgeois.

Le début de la fin, ça a été quand Jon Landau a écrit que le futur du rock’n’roll s’appelait Bruce Springsteen.

Au milieu des années 70, il y a eu aussi tous ces groupes des années 60 qui sont devenus énormes, les Who, les Stones, Led Zeppelin. Ils n’avaient pas à proprement parler de « message », mais ils ne trouvaient pas non plus grâce à tes yeux…

C’est vrai, Led Zeppelin enflait comme une baudruche, les Who étaient déjà mégalos, les Stones commençaient à organiser des concerts géants pour se renflouer. Pour moi, le rock à message et les mégagroupes qui remplissent les stades, c’est les deux revers de la même médaille. Ça revient à gonfler le rock’n’roll d’un truc qu’il n’avait pas au départ. C’est comme la garniture qu’on met dans une dinde pour lui donner de la saveur.

Le punk arrivait aussi…

Ouais, les Sex Pistols ont réussi à faire peur à l’Angleterre, mais très vite, on s’est aperçu que c’était un tigre en papier. Le punk était précisément l’épingle qui a permis de dégonfler toutes les vanités héritées du rock des années 60. Mais à part cette fonction-là, le punk n’a jamais rien représenté en tant que tel – même si j’y ai cru au début, comme beaucoup de gens. En fait, ce qui m’intéressait avant tout, c’était la passion de quelqu’un qui avait quelque chose à dire, une vision. Ce qu’avaient les Doors, le Velvet, Patti Smith, Springsteen. Ils exprimaient un point de vue unique et individuel sur le monde, ils parlaient de quelque chose.

D’une certaine manière, le message était donc quand même important à tes yeux.

Non, pas le message, plutôt le propos. On peut très bien dire quelque chose sans avoir de message. Avec le temps, je me suis de moins en moins intéressé au sensationnel et au côté brut, quitte à ce que la musique soit un peu moins percutante. Je cherchais des artistes à trois dimensions, incarnés, qui disent quelque chose – et idéalement, qui le disent de façon originale. Le rock est un medium fantastique pour faire passer des idées, mais je ne me suis jamais fait duper pour autant, il ne peut pas entraîner de changements sociaux de grande échelle. Dans les années 60, il y aurait eu un mouvement anti-guerre si le rock n’avait pas existé. Les gens auraient quand même pris des drogues si le rock n’avait pas existé. Le mouvement des droits civiques a eu lieu indépendamment du rock, il a en réalité été accompagné et encouragé par les artistes folk.

À quoi sert le rock alors ?

Écoute, c’est comme n’importe quelle autre musique, ça nous donne un accès plus direct à l’essence des choses, c’est une voie plus immédiate vers la vérité. Je crois que c’est Schopenhauer qui parlait de ça. Le problème avec le rock, c’est que selon les conditions dans lesquelles il est produit, il peut se transformer en une sorte de lumière éblouissante qui sépare de la vérité au lieu d’être un instrument de dévoilement. Au départ, les meilleurs albums ont été faits sur la base de contraintes techniques qui ont permis de faire pousser des choses formidables. Mais à partir d’un moment, les techniques d’enregistrement se sont améliorées à une vitesse folle, ce qui a rendu les disques de plus en plus clairs, de plus en plus brillants. Plus la soi-disant qualité sonore des disques progressait, plus je les trouvais horribles, aveuglants.

À quel moment tu as senti un basculement ?

Vers 1974, quand Jon Landau a écrit que le futur du rock’n’roll s’appelait Bruce Springsteen, je me suis dit que ça commençait à sentir mauvais. Pourtant, j’aimais beaucoup « Greetings from Asbury Park, N.J. », mais j’ai compris que les rockers voulaient maintenant faire du Zola, du « plaisir de puer ». Le New Jersey devenait Germinal. C’était l’effet Dylan, mais avec 10 ans de retard parce que personne ne pouvait faire ce que faisait Dylan en 63 et 64, il a fallu du temps pour que ça soit digéré et assimilé. Heureusement, tout ça n’a pas duré longtemps : une fois que les rockers ont compris qu’ils étaient incapables de produire une pensée solide et une poésie digne de ce nom, ils se sont tournés vers le fric, les grosses tournées, et finalement le musée. C’était obscène mais au moins c’était clair. Jon Landau, il s’occupe du Rock’n’roll Hall of Fame maintenant…

Tu n’as jamais cru au retour d’un nouvel Elvis capable de revitaliser le rock ?

Certainement pas. Il ne faut plus attendre le renouveau du rock, aucun sauveur ne viendra. Dès 30 ans, je ne cherchais plus la nouveauté, j’écoutais les mêmes choses que quand j’étais jeune. C’est triste, mais c’est comme ça.

Que penses-tu du cliché selon lequel le rock manifeste, dans son essence, quelque chose qui est propre à l’adolescence ?

Ça m’a toujours gêné qu’on associe le rock à l’âge adolescent. Le Velvet écrivait des morceaux adultes pour des adultes, sur des sujets sérieux. Certains trucs de Van Morrison aussi étaient sérieux. Une amie à moi pensait que si le rock’n’roll a pu apparaître, c’est parce que la culture capitalistique a créé le concept de « teenagers », dont le pouvoir d’achat devait être exploité. C’est pourquoi le rock’n’roll a été inventé et géré par des adultes. Cette interprétation me semble un peu cynique, mais je pense qu’elle comporte une part de vérité. D’ailleurs, dès 1980, j’ai pensé que les Stones devaient continuer jusqu’à ce qu’ils deviennent séniles, jusqu’à ce qu’ils soient des vieillards qu’on installe sur la scène pour divertir un public middle-aged. Je n’imaginais pas que j’aurais raison à ce point…

J’ai pris le rock pour lui faire un enfant dans le dos, je l’enculais pour le faire accoucher d’un monstre dont j’étais le père.

Tu as aussi été le premier à dire que les rocks stars n’avaient rien de spécial, qu’il était ridicule de leur montrer autant d’estime. Tu ne penses pas qu’elles avaient, au moins dans les années 60 et 70, quelque chose à dire sur l’époque ?

Si les rock stars avaient quelque chose à dire, c’était bien malgré elles. En général, c’était des idiots sans aucune profondeur, des hédonistes assez imbéciles. Les rocks stars disent seulement quelque chose sur les crétins qui les idolâtrent, sur l’état de délabrement social et culturel d’un pays. J’ai toujours profondément détesté le star-system, la façon dont les stars du rock sont presque considérées comme des prophètes. Dès la fin des années 60, des types qui n’avaient rien de spécial ont été élevés au rang de stars – des mecs comme Joe Cocker, Robert Plant, ou le gars qui chante dans Aerosmith. À chaque fois, c’était soit des types sans aucune personnalité, soit des clones de Dylan, Jagger, plus tard de Springsteen.

On dirait que les artistes ne t’intéressaient plus quand leur succès commençait à les dépasser…

Non, je n’avais pas de problème avec le succès, ni même avec l’idée du mainstream. Ce qui m’a gêné, c’est quand on a transformé les rock stars en une sorte d’élite. À ce moment-là, forcément, elles ont commencé à regarder leur public de haut. C’est aussi pour ça que j’aimais Patti Smith ou les Talking Heads, ils ne se présentaient justement pas comme des rock stars. Au départ, n’importe qui avec une guitare pouvait se trouver une audience et gagner un peu de fric ; à l’origine, le rock n’était pas un système hiérarchique, c’était une démocratie pure. Mais à partir des années 70, il est devenu le fruit de la culture wahrolienne de la célébrité pour la célébrité, il a fusionné avec Hollywood. Progressivement, le culte de l’image a détruit la musique, les stars ont commencé à se comporter comme des parodies d’elles-mêmes. Elles sont toutes tombées dans le piège. Un type comme David Bowie, c’était d’abord une imagerie, une surface brillante sans rien en dessous. Il a pris des trucs à plein de monde, il les a mixés, et il en a fait quelque chose de marketé pour les masses et un peu moins menaçant que ses inspirations originales. Lou Reed était peut-être le plus proche de la source – et c’est pour ça qu’il était moins populaire.

« Greil Marcus se sert du rock comme d’une truelle pour fouiller le sol et déterrer une autre histoire des États-Unis. »

Que cherchais-tu à faire quand, dans tes articles, tu convoquais des disciplines comme la littérature ou la poésie ? Tu voulais affirmer que le rock était aussi noble que les autres formes artistiques ?

En quelque sorte, oui, mais ce n’était pas mon premier objectif. C’est vrai qu’il fallait montrer que le rock était une forme culturelle à part entière, et non pas un art inférieur pour les marginaux, les drogués, les satanistes. C’est pour ça que j’aimais bien m’inspirer des écrivains – Kerouac, Burroughs, tous ces gens-là. Mais je ne me suis jamais autorisé à prendre ces références littéraires totalement au sérieux. Mon père conduisait des camions et ma mère vénérait Jéhovah : la culture académique n’entrait pas dans leur maison, et la contre-culture encore moins.

C’est pour cette raison que tu n’as jamais beaucoup aimé la critique universitaire ?

Pas tout à fait. Mon problème était plutôt que les universitaires faisaient du rock un truc institutionnel, ils travaillaient comme des historiens ou des archéologues. Quelqu’un comme Greil Marcus se sert du rock comme d’une truelle pour fouiller le sol et déterrer une autre histoire des États-Unis, un truc dans le genre. Il a parfaitement appliqué la grille de lecture de Barthes en posant que le rock est un intertexte comme un autre, que n’importe quelle chanson comporte des fragments cachés de textes antérieurs. Alors forcément, il va chercher dans l’histoire, la littérature, la philosophie, les grands mythes. C’est très bien, c’est malin, c’est tout ce que tu veux. Le problème, c’est que si tu appliques au rock les mêmes outils d’analyse qu’à l’histoire ou à la littérature, alors il devient un objet d’étude académique qui n’a plus rien de subversif. Dans le fond, Greil Marcus et tous ces types de Berkeley se foutent pas mal de la musique en tant que telle, elle n’est qu’une pièce parmi d’autres dans un puzzle beaucoup plus grand. Pour eux, le rock n’a aucune primauté pour dire l’époque. Moi je pensais exactement l’inverse : je considérais le rock comme un surgissement radical, un pur événement, un machin unique et irréductible aux autres champs culturels.

Au même moment, tu condamnais aussi sévèrement la dérive publicitaire des critiques, qui obéissaient de plus en plus aux impératifs commerciaux et aux pressions des maisons de disques.

Ouais, dès les années 70, la plupart des articles étaient des publicités plus ou moins assumées pour les artistes. On ne pouvait déjà plus faire de critique libre, on se faisait censurer. Quand j’étais chez Creem, le type de la pub nous demandait régulièrement de faire un papier sur tel ou tel disque parce que la maison de disques faisait pression derrière. Je l’envoyais chier à chaque fois et, forcément, ça se passait très mal. À une époque, la plupart des critiques tenaient les labels dans le plus grand mépris, mais à partir de 75 ou 76, ils ont commencé à obéir spontanément sans qu’on leur demande, ils se sont autocensurés, ils ont commencé à aimer ce qu’ils étaient supposés aimer. Un jour, Zappa m’a appelé, furieux, parce que j’avais fait une mauvaise critique de son dernier disque. Comme il avait payé une pub dans le magazine, il se croyait à l’abri. Aujourd’hui, personne n’oserait dire du mal de Zappa, sa musique est tellement timbrée que tout le monde le prend pour un génie…

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Avec le recul, comment vois-tu l’évolution du métier de rock critic ?

C’est un métier qui n’existe plus depuis longtemps…

Il y a quand même une persistance de l’esprit gonzo…

Le gonzo n’était que du cirque. Ce mot n’a jamais rien voulu dire. C’était seulement le seul espace qu’on avait pour exister, un trou crade et malfamé où se nichaient ceux qui détestaient autant les Hippies que les Hells Angels.

On trouve pourtant encore pas mal de gens qui se réclament de ton héritage…

Ce qu’ils font n’a rien à voir avec ce que je faisais. Quand j’écrivais, j’essayais de donner ma voix à n’importe quel type de l’Amérique profonde, j’étais une sorte de ventriloque. Je croyais fermement que le rock, à l’origine en tout cas, n’était pas un hédonisme inoffensif. Pour moi, le rock exprimait la morale du plaisir vindicative et brutale de tous ceux qu’on avait empêchés d’avoir leur mot à dire. Le rock était fait par des types qui avaient le ventre vide et les couilles pleines. Si n’importe qui pouvait y trouver son compte – jeunes, noirs, prolos, pédés, etc. –, c’était justement parce que le rock n’était pas seulement une musique, c’était une éthique. J’ai essayé de montrer ça, et d’autres choses encore. Aujourd’hui, ceux qui se réclament de mon travail sont des dandys diplômés. Ils n’ont qu’un rapport abstrait et romantique avec ce qu’est la rue. Partout il n’y a que des journalistes.

Tu as aussi écrit pour des publications grand public comme Rolling Stone, Village Voice, Penthouse, etc. Tu ne t’es jamais considéré comme un journaliste ?

Non, jamais. Le journalisme est un système hyper codifié, réglementé, hiérarchique. Jusqu’à 76-77, j’avais une liberté incroyable. Je pouvais faire dans la diatribe, les insultes gratuites, le pipi-caca – j’ai même donné dans le fantasme homicide une fois, c’est dire. Forcément, je me faisais sans cesse emmerder par tout un tas de gens, mais malgré tout, j’étais libre de les envoyer chier.

Tu te considérais plutôt un artiste ?

Oui, mais un artiste d’un genre particulier. Je produisais un art spécifique qui se nourrissait d’un mode de vie alternatif, anti-bourgeois, anti-capitaliste. Il fallait critiquer l’époque, proposer autre chose, et essayer de créer une œuvre à part entière – c’était ça le plus difficile. Dans mes critiques, le disque ou l’artiste étaient seulement un point de départ. À la fin, mon article était en quelque sorte autonome, presque libéré de son objet musical. Les trucs que j’écrivais se tenaient tous seuls, ils avaient un matériau intrinsèque. En quelque sorte, je prenais le rock pour lui faire un enfant dans le dos, je l’enculais pour le faire accoucher d’un monstre dont j’étais le père.

Il y avait aussi à l’époque un rapport presque existentiel à la défonce. La drogue était adossée à des mouvements politiques et sociaux actifs, on ne considérait pas les drogués comme des victimes ou des malades, plutôt comme des révoltés ou des marginaux.

Ouais, ce genre de chose, bla bla bla… Je n’ai jamais cru à ces foutaises. Et pour tout te dire, je ne me suis jamais tellement drogué, c’est un malentendu de plus. Au tout début, en 69 je crois, je me souviens avoir dit ça à un éditeur de Rolling Stone, un type de 25 ans qui avait l’air tout droit sorti de Yale ou d’une Ivy League dans le genre. J’étais allé chercher mon chèque, on avait discuté cinq minutes autour d’un café et il m’avait dit : « T’as l’air crevé, mec, t’as trop fait la fête... ». J’avais répondu que non, pas tellement, que je n’aimais pas vraiment l’alcool ni la drogue, c’était pas trop mon truc – question de résistance. Ce crétin m’avait alors balancé avec un petit sourire connivent : « Faut pas t’inquiéter, je travaille pas pour J. Edgar, tu sais ». En voyant ma tête et ma dégaine, les gens pensaient que je prenais des tonnes de trucs. J’ai pas essayé de lutter contre cette réputation.

Pourquoi ?

J’avais pas le choix. À l’époque, j’aurais pas tenu cinq minutes dans un journal si j’avais dit que je me droguais pas. On m’aurait demandé d’écrire sur les disques de Pete Seeger ou sur des trucs folk hyper chiants…

Que penses-tu du statut d’icône que tu as acquis avec le temps ?

Je ne suis pas d’accord. Des gens sont encore convaincus qu’Elvis n’est pas mort, que Michael Jackson est congelé dans un caisson oxygéné en attendant sa résurrection, que Bowie est parti vivre sur Mars dans une cabane fabriquée par Elon Musk. Ils imaginent des trucs dingues pour ne pas accepter la mort de leur idole. Mais la mort d’un rock critic est acceptée sans réserve, personne n’en doute. Notre fonction n’est pas indispensable.

Tu as tout de même eu droit à une incarnation au cinéma par Philip Seymour Hoffman…Tu en as pensé quoi ? 

J’ai trouvé ça pathétique. Au cinéma, le passionné de rock est toujours dépeint comme un histrion insupportable, un agité façon Jack Black ou ce genre d’imbécile. Je n’avais rien à voir avec ça. J’étais méticuleux et froid, j’étais un sicaire, j’étais l’assassin d’une secte. Je me promenais avec mon poignard pour dézinguer tout ce qui contrevenait à mes lois divines et à mon culte. Mon phrasé était sec, mon intonation laissait entendre une colère sourde. Je parlais un peu comme John Lennon – moins l’accent du nord de l’Angleterre. Je n’étais pas défoncé, j’avais la rage. Il n’y a qu’une seule chose vraie dans tout ce film de merde, c’est que les musiciens ne sont pas les amis des rock critics.

J’écris encore des commentaires sur les sites Internet.

Tu relis parfois d’anciens articles ?

Non, pas tellement. J’ai essayé, mais c’est hilarant de lire une critique de rock, parce que ça n’a plus rien à voir avec la musique en elle-même. C’est pour ça que tout a disparu avec l’explosion des supports : on s’en fiche de ce que pense un critique, on veut entendre à quoi ressemble le morceau.

Qu’aurais-tu fait si tu avais continué ?

Je crois que je me serais intéressé aux aspects politiques à l’intérieur même des structures du rock. Un groupe, c’est une entité sociale à part entière. Ce serait très intéressant d’analyser ça : comment naissent les tyrans dans les groupes, qui sont les démocrates, pourquoi les guerres éclatent, quelle est la répartition des richesses, qui organise les révolutions et les putschs, les partitions de territoires, etc. Des groupes comme Fleetwood Mac ou les Eagles, malgré la vacuité abyssale de leur musique, s’apparentent à des organisations politiques en miniature, c’est hyper violent ce qui s’y passe. Et puis les groupes de rock sont aussi des familles, avec un noyau et une périphérie. La question des fratries dans le rock m’a toujours passionné : c’est quoi des frères et sœurs qui jouent dans un même groupe, comment ils appréhendent le succès, comment ils dépassent – ou pas – leur enfance en commun. La plupart du temps, ils finissent par s’entre-tuer, c’est digne des fratricides dans certaines tragédies grecques. Parfois ils arrivent malgré tout à se partager le pouvoir, mais au détriment des autres membres du groupe. Tu vois, j’aurais adoré être actif en 94-95 pour écrire sur Oasis. Ce qui me plaît par-dessus tout, c’est quand des prolos mal élevés deviennent des stars et qu’ils ne s’excusent pas de réussir, qu’ils ne ressentent pas leur succès comme une trahison de classe. Et quand c’est des frères, ça rend la chose encore plus intéressante.

Tu écris encore un peu ?

Oui, j’écris des commentaires sur les sites Internet. Je suis un troll très actif. J’adore la culture Internet, tout le monde à un avis, les gens se balancent des horreurs à la gueule, c’est plein de mauvaise foi. Depuis quelques années, je crée des profils anonymes pour insulter tous ceux qui me gonflent. J’ai l’impression de retrouver une sorte de jeunesse perdue.

Une dernière question : Eva Braun aussi est morte un 30 avril. Faut-il y voir une coïncidence ?

C’est comme tu préfères…

 

(NDR : Certains passages sont librement inspirés d’une interview donnée par Lester Bangs à Sue Mathews en 1980 pour ABC Radio Australia).

8 commentaires

  1. Super état des lieux de la Rock culture, enfin un truc qui fait sens, réfléchis et tout et tout merci Vardaman…et Lester donc 😉
    Une bouffée d’air pur trop rare, inspiré ouaip.
    Mis à part ça je vous voudrez poussez coup de gueule là. Ras le Slip de tout ces débiles qui ne savent que balancer leurs crottes de mots en commentaires.
    Idiocratie on y est, comme une odeur de merde dans la tête des gens.

    Monde de cinglés

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