On ne sait pas vraiment ce qui se passe à l’intérieur de la boutique Bongo Joe, située à Genève, mais il semble s’y passer des choses plus électriques qu’à 200 km à la ronde. Enfin bon, on dit qu’on ne sait pas, mais on a été prévenu : leur compilation du début d’année, « Contra Ola », dédiée aux synthés punk militants de l’Espagne des années 80, nous avait déjà prévenu.
Car Bongo Joe possède ce double atypisme d’être un disquaire/label, et suisse de surcroit. Trois qualificatifs qui dans l’époque actuelle semblent inconciliables. Pourtant les exilés fiscaux le savent depuis longtemps : impossible n’est pas suisse. Les discaux vont suivre. Car l’idée du fondateur de Bongo Joe, Cyril Yétérian, c’est d’imposer une vision européenne de l’étrangeté, une espèce de QG où se retrouveraient physiquement tous les esthètes du 33 tours, puis, chez eux, avec les disques de la branche label. Aidé par Vincent Bertholet du duo kraut perché d’Hyperculte, suisse également, le voici donc aux manettes d’un vaisseau qu’on commence à considérer très sérieusement.
C’est dans ce contexte que sort aujourd’hui le premier album d’Altin Gün, emmené par le bassiste de Jacco Gardner, Jasper Verhulst, traumatisé positivement par les mélodies arc en ciel de la Turquie après avoir ouvert la boite de Pandore chez un disquaire local. On est ici loin du son des prisons imposé par Erdogan ; il est davantage question de toutes ces comptines fluorescentes qui bercèrent le pays coincé entre l’Asie et l’Europe au milieu des seventies, et c’est cette poésie dorée que chante « On ». Après avoir embarqué avec lui deux des membres du groupe de Jacco et trouvé deux musiciens turcs (Merve Dasdemir et Erdinc Yildiz Ecevit) via Facebook, voici donc Altin Gün (« les jours heureux » en Français dans le texte) avec un disque qui devrait dans un monde raisonnable s’imposer dans tous les kebabs fréquentés par des fans de rééditions Finders Keepers – on peut toujours rêver.
A la manière d’Omar Souleyman réconciliant l’Européen avec la Syrie, Altin Gün est un peu à la sauce blanche ce que Santana est aux bandeaux bariolés, mais en nettement plus corsé. « On » est furieux, libre, et emprunte aux formes traditionnelles en y injectant une grosse dose de psyché exotique qui ferait presque oublier qu’un disque comme ça pourrait presque valoir à ses auteurs la taule en Turquie. Sans cynisme, cette nouvelle claque signée Bongo Joe est une preuve que l’Europe possède un avenir : si des Hollandais s’avèrent capables de réhabiliter la musique d’un état rongé par la dictature, c’est que tout n’est pas perdu. Et le « pire » dans cette histoire transcontinentale, c’est que cette libération vient d’un pays neutre, mais pas sans avis sur ce que doit être la résistance musicale. A venir chez eux en 2018 : un nouvel album de The Space Lady, l’américaine méga-perchée au casque de viking cosmique emprunté à Moondog, mais aussi un disque d’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Ces gens sont fous.
Altin Gün // On // Bongo Joe
https://lesdisquesbongojoe.bandcamp.com/album/on
7 commentaires
ils signent& font ‘tourner’ des $ou$ groupe$, bongo j & baleapop devant ta porte, c’est juste du bizz de buze.
BONGOE JOE MEILLEUR LABEL FRANCOPHONE DU MOMENT ,diversité ,qualité,pluralité ,un must
‘prendrais au sérieux quand ils ou elles sortiront un best de grup bunalim…..
Si tu aimes la musique turque « furieusement psychédélique » il faut impérativement aller voir BABA ZULA ce soir au FGO Barbara.
assez de truc muche!
my co_loc me dit azzezz d’acid arab!