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23 août 2020

La Jungle fait sa révolution sur un triple album de remixes sanguinaires

Si vous n’êtes pas un.e fidèle pensionnaire de l’hôpital psychiatrique Kaniwest (666 rue Brigitte Fontaine, Schizofrène-les-bains), il y a de fortes chances pour que le nom de La Jungle ne vous évoque pas grand chose hormis la pilosité d’une féministe mal épilée ayant trop écouté Patti Smith. Le groupe noise-mais-pas-que formé par Jim et Roxie turbine pourtant depuis 6 ans, responsable à lui seul d’une partie de la clientèle fréquentant les ORL pour acouphènes et autres bruits stridents tamponnés au fond des oreilles. On ira même jusqu’à dire qu’avec leur dernier album « Past / Middle Age / Future », les deux adeptes du 200 BPM ridiculisent une partie de la scène rock un peu post-tout (post-rock, post-apo, post-bien, post-écoutable) et s’autorisent de telles libertés artistiques que c’est un gros bordel avec gros supplément sauce samouraï comme seuls les Belges en sont capables.

la-jungle-promo-2016Ce bazar à la fois strident, techno-énergique et un peu far-west (on dirait parfois du Morricone sous speed de Charleroi), on le retrouve boosté puissance mille sur un nouvel album fictif réunissant la crème des producteurs, majoritairement électroniques pour autant d’opérations chirurgicales violentes, du genre de celles qui peuvent rendre tétraplégique compulsif. « Past // Middle Age // Future // Remixes », puisque c’est son nom, finit de dépecer le rock pour n’en garder que la moelle. Tout le reste, c’est de la sueur, une grosse odeur toxique de fin de nuit et des claquements de beats opérés par (en vrac) Techno Thriller, Choolers Division, DC Salas et Pierre du mythique club Fuse à Bruxelles ou encore Osica. En 24 titres recousus en piochant dans la discographie de la Jungle, tout ce que l’Europe compte d’insomniaques bien niqués du cortex semble s’être incrusté dans la partie et le résultat détonne tellement que oui, il y aura un avant et un après. L’avant, c’était l’idée un peu clichesque qu’on se faisait de la clique de Mons, avec leurs guitares kraut-noise passées en accéléré; l’après c’est un duo tellement prêt pour l’invasion des clubs qu’on pourrait dire, avec joie, que le rock est enfin mort le jour de la sortie de ce triple album, le 28 aout.

L’avantage d’avancer en monture légère, et sans tout un groupe de rockeurs balloches dans le coffre, c’est qu’on va plus vite. Certainement pour ça que la Jungle annonçait un peu plus tôt cette année la naissance de son propre label, H Y P E R J U N G L E Recordings, et où le monstrueux album de remixes sort ces jours-ci. Avant ça, Jim et Roxie avait déjà donné un avant-goût de son anti-conformité en publiant un split avec les Suisses d’Hyperculte pour un résultat à la hauteur des espérances. En s’alliant dans le bruit et la fureur, ces petits groupes de petits pays font bien plus de boucan que tous les branleurs subventionnés qui jouent en bas de chez toi. « Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse » disait l’autre. Chez La Jungle, celui qui tombe, c’est toi.

La Jungle // Past // Middle Age // Future // Remixes // H Y P E R J U N G L E Recordings

Bester

PDG, avocat et assistant social à Gonzaï.

10 Comments Laisser un commentaire

  1. a la maree tu encagouleras les minots des champs qui viennent pisser sur les trottoirs lisses de la capitale…..

  2. En lisant le titre, j’espérais que ça parle du retour de la jungle (le genre musical). Mais non, ça parle encore d’un groupe de hipster poseur et chiant.
    Dommage.

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